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« On ne peut pas s’adapter à une France à +4°C »

Une France à +4 degrés en 2100 correspond à des sécheresses en série, des températures pouvant atteindre 50 degrés, 10 fois plus de jours de vagues de chaleur, un risque de feu de forêt généralisé à l'ensemble du territoire.

Christophe Cassou, directeur de recherche au CNRS, est climatologue depuis plus de 20 ans. Sa spécialité porte sur les fluctuations climatiques, qu'elles soient d'origine spontanée, la variabilité naturelle du climat, ou d'origine anthropique. Co-auteur du sixième rapport d'évaluation du GIEC, il revient pour La Relève et La Peste sur les conséquences du dérèglement climatique.

LR&LP : 2024 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée. Et avant elle 2023, année où le phénomène météorologique El Niño était actif. Est-ce qu’on va vers toujours de plus en plus de réchauffement ?

Christophe Cassou : Nous sommes sur une tendance chronique au réchauffement. Depuis les années 70, de l’ordre de 0,3 degré par décennie.

Cette tendance est modulée par les situations spontanées du climat, la variabilité interne. El Niño est le mode de variabilité interne le plus impactant, tellement fort qu’il peut moduler la température globale de la planète. El Niño est un phénomène pacifique tropical qui modifie les échanges de chaleur entre l’océan et l’atmosphère. Pendant El Niño, l’océan est plus chaud, en particulier sur l’est du bassin, et capture moins de chaleur ce qui augmente la température globale de la planète.

2023 était une année d’El Niño modérée à fort qui a un peu amplifié la tendance au réchauffement global. Le dernier record de température globale était en 2016, année où El Niño était le troisième plus puissant enregistré depuis 1850.

2024 a battu le record de chaleur de 2023 puisque généralement, l’influence d’El Niño se fait sur 2 ans avec un impact un peu plus fort l’année suivant le maximum d’El Niño.

LR&LP : Quel autre facteur a joué sur les records de température ?

L’océan Atlantique a été très chaud en 2023. En partie à cause de la variabilité naturelle du climat car il y a eu une baisse des vents. L’océan Austral avait un minimum de couverture de glace, la banquise. Ce dernier point nous inquiète car on ne sait pas encore si nous sommes entrés dans un nouveau climat dans l’océan Austral qui se caractériserait par beaucoup moins de glace. On aurait peut-être franchi un seuil vers 2017-2018.

Depuis ces années-là, les extensions de banquise sont faibles, et ne retrouvent pas les niveaux d’avant. Est-ce que le saut est spontané, naturel, interne ? Ou est-ce que c’est une marche de l’escalier vers un climat où il y aurait moins de glace lié aux activités humaines ? Les observations satellites ont commencé seulement en 1979 et restent donc un peu trop récentes pour affirmer que ce sont les activités humaines qui font fondre la banquise australe.

Ce qui nous fait pencher cette hypothèse, c’est qu’on a enregistré la même chose dans l’océan Arctique, au Nord, grâce à des mesures scientifiques plus étendues dans le temps. On a donc une connaissance de l’Arctique bien meilleure que celle de l’Arctique.

Et on a vu, après 2012, un nouvel état apparaître dans l’Arctique : un point de bascule.

LR&LP : Et quelles ont été les conséquences de ce point de bascule, avec 12 ans de recul, sur l’océan Arctique ? On a pu déjà un peu le mesurer ou pas, dans les variabilités naturelles du climat ?

Christophe Cassou : Oui. Il n’y a pas beaucoup de processus dans le système climatique qui génèrent des points de bascule. Il y en a quelques-uns, et généralement ils sont associés à la cryosphère, c’est-à-dire à la glace où il y a un point de bascule physique, c’est le zéro degré. Avant zéro degré, c’est glacé, et après zéro degré, cela ne l’est plus. Et donc quand on dépasse ce zéro degré, on passe dans un nouvel état.

Avant 2012, les bordures de l’océan Arctique, qui touchent au continent (la Sibérie et le Canada) ne fondaient pas entièrement. Désormais, elles fondent entièrement. Cela veut dire que chaque année, ces zones (qui étaient stables) restaient glacées. Ce n’est plus le cas. Or, la glace joue le rôle d’isolant. Quand elle n’est plus là, comme il fait 24 heures de jour en été dans ces zones, le soleil va chauffer encore plus l’océan, il n’y a plus d’effet d’albédo.

Cela crée des boucles de rétroaction positive. Si l’été, l’eau a stocké plus de chaleur à cause de la fonte des glaces, il faut ensuite beaucoup plus de temps à l’océan pour reperdre la chaleur quand l’hiver arrive. L’englacement est beaucoup plus tardif, une saison s’élargit, notamment l’automne.

Et cela a des conséquences importantes sur tous les écosystèmes. De nouvelles espèces rentrent dans l’océan Arctique alors qu’elles étaient jusqu’alors cantonnées dans l’Atlantique. En anglais, on dit « l’atlantisation » de l’océan Arctique.

Cela a aussi une conséquence paradoxale dans le contexte d’un climat qui se réchauffe. C’est que cela accentue la quantité de neige qui tombe sur les continents autour de l’Arctique. Quand l’hiver arrive, les zones libres de glace se caractérisent par une grande évaporation. Vu qu’il n’y a plus de soleil, l’air commence à rafraîchir de manière rapide. On peut avoir un air à -10°C et une eau qui n’est pas gelée. L’eau perd de la chaleur par évaporation qui va retomber sur les continents du Nord sous forme de neige.

Cela contredit le discours climato-sceptique classique qui pointe le fait qu’il y a une augmentation de la neige durant l’automne dans ces zones-là. Il y a plus de neige, justement à cause du réchauffement climatique.

LR&LP : Quels sont les points de bascule que nous risquons de franchir d’ici la fin du siècle ?

Christophe Cassou : Dans le dernier rapport du GIEC, on a créé « les événements de probabilité inconnue, mais à risque fort » pour qu’ils soient notés dans le résumé à l’intention des décideurs politiques. Les connaissances de processus ont encore besoin d’être améliorées. Mais on sait, par plein d’indicateurs et de preuves, que ces points de bascule peuvent arriver.

Cela veut dire qu’il faut les considérer pour déterminer des politiques d’adaptation et d’atténuation à ces risques. Le message qu’on porte, c’est que ce n’est pas la peine de savoir quelle est la probabilité que l’événement arrive pour se prévenir contre cet événement-là. C’est une approche en risque comme pour un accident de voiture. Nous n’avons aucune connaissance de la probabilité d’avoir un accident de voiture, mais on s’assure d’avoir sa ceinture de sécurité pour se protéger.

C’est super important, et c’est la première fois qu’il y a eu, dans le 6ème rapport du GIEC, des figures avec ces potentiels points de bascule : le dépérissement de la forêt amazonienne, l’effondrement des calottes glaciaires (Groenland et Antarctique), la hausse du niveau de la mer, en fin de ce siècle, un ralentissement fort et rapide de la circulation atlantique (l’AMOC).

Si les calottes polaires s’effondrent, on aura une hausse du niveau de la mer à la fin du siècle autour de 1,3, à 1,4 mètres. Il faut le prendre en compte pour la gestion des risques et des infrastructures critiques. Or, la France veut construire des centrales nucléaires le long de ses côtes. Ces centrales nucléaires ont une durée de vie de plus de 100 ans. A la fin du siècle, elles seront toujours là. Il faut tenir compte du fait qu’il peut y avoir ce scénario, et qu’on ne joue pas avec le risque nucléaire.

Un autre point de bascule, c’est le niveau de réchauffement atteint quand on double la concentration de CO2 dans l’atmosphère. Cet indicateur a été étudié depuis 60 ans, voire même avant les études des papiers d’Arenus en 1905. Il avait cette hypothèse : si la concentration de CO2 dans l’atmosphère double par rapport au niveau pré-industriel où nous avions 280ppm, alors la température globale sera tendue.

La valeur la plus probable, c’est d’atteindre +3°C de réchauffement moyen, mais c’est compris entre 2 et 4,5 °C. C’est un exercice prospectif, pas un exercice de projection. C’est un exercice de compréhension du système climatique. On a atteint 424 ppm en 2024. Ce saut très fort, un des plus forts jamais enregistrés, pourrait entre autres avoir été favorisé par El Niño.

Surtout, un des scénarii de probabilité inconnue et de fort risque, c’est qu’on ait une sensibilité climatique plus forte qu’envisagée. C’est-à-dire qu’il y a des mécanismes et des processus qui ont été sous-estimés et renforcent le réchauffement climatique.

On fait rentrer dedans, par exemple, l’efficacité des puits de carbone à capturer le CO2 émis par les activités humaines. Si on surestime cette capacité des puits de carbone à stocker le carbone, dans ce cas, il fera beaucoup plus chaud, puisque le puits de carbone ne sera pas là pour atténuer le réchauffement. Par exemple, il y a de plus en plus de feux de forêt massifs en Sibérie et au Canada, qui émettent alors du carbone au lieu d’en stocker.

Il y a des signes qui, je n’utilise pas souvent ce mot, des signes qui m’inquiètent.

Dans tous les pays d’Europe, il y a une baisse de l’efficacité des puits de carbone. En France, cela s’est traduit par 50% de baisse de capture du CO2 en une dizaine d’années dans nos forêts essentielles. En Norvège, c’est le même ordre de grandeur à cause de la fragilité et vulnérabilité des forêts aux parasites, due au réchauffement.

Un pays a même basculé. Les puits de carbone sont devenus une source de carbone en République Tchèque, malgré son un capital forestier important. Il y a eu à peu près 10 millions de tonnes de CO2 capturées par la forêt. Et elles émettent maintenant 5 millions de tonnes de CO2. Les forêts deviennent émettrices de CO2 et de méthane à cause de leur dépérissement. Ce phénomène a eu lieu très rapidement, en seulement 5 ans. Là, on peut appeler cela un point de bascule.

Il est dû à trois choses : les pics de température extrême qui font qu’à partir de certaines valeurs de température maximale, les stomates (« pores » des plantes, ndlr) se ferment. Il n’y a plus d’échanges. Il faut alors attendre la saison suivante pour retrouver cette capacité des feuilles à capturer du carbone. Pour certains végétaux, ces seuils sont autour de 37°C à 40°C.

L’écosystème ne meurt pas, mais il ne séquestre plus le carbone et avorte ses feuilles. Cela fragilise énormément les arbres. Si l’année suivante, il y a un nouveau coup de chaleur, cela arrête le stockage du carbone et la croissance de l’arbre. Chaque nouveau coup de chaleur fragilise de plus en plus la forêt, qui devient de plus en plus vulnérable. Ces pics de température ont été très forts en Europe de l’Ouest, en Europe de l’Est, en Europe centrale. Comme partout, en fait.

Ensuite, il y a la sécheresse chronique avec un effet hydrique. Et enfin, un effet parasite, essentiellement les scolytes notamment sur les épicéas. Pendant une année donnée, on peut avoir plusieurs générations de scolytes présentes en même temps. Du jamais-vu. On a un multiplicateur d’attaques beaucoup plus grand.

LR&LP : Toute cette masse de données scientifiques sur la viabilité des conditions de vie sur Terre est censée servir les politiques pour élaborer des programmes d’anticipation de ces risques. Les politiques ont-ils déjà écouté les scientifiques ?

Christophe Cassou : Oui, ils ont déjà écouté. On l’a vécu avec le protocole de Montréal, et la diminution du trou dans la couche d’ozone. À l’échelle internationale, c’est un succès.

Dernièrement, on commence à évoquer ce qu’on appelle les émissions évitées. C’est-à-dire les émissions qu’on pensait générer et qui ont été évitées par des actions incrémentales comme la rénovation des bâtiments.

A l’échelle mondiale, même si on continue d’augmenter, on a décroché des scénarii qu’on appelle les plus émetteurs de gaz à effet de serre. On est dans une forme de stabilisation des émissions. Aujourd’hui, on émet, à l’échelle globale, 40 milliards de tonnes de CO2. On estime qu’on en a évité à peu près entre 6 et 8 milliards de tonnes, c’est pas mal.

S’il n’y avait pas eu l’Accord de Paris, cette dynamique qui avait été préparée avant par Copenhague, on serait vers des scénarios beaucoup plus émetteurs.

Les politiques écoutent donc un peu les scientifiques mais ils n’engagent pas de politiques transformatives.

Pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, il faut les éviter. Pas seulement améliorer nos outils de production et consommation actuels. Il faut revoir nos modes de vie : la mobilité, l’alimentation, le chauffage, le logement, etc. Et tout ça, dans un souci de « justice climatique ».

En France, on a adopté des stratégies basées sur l’efficacité. Le secteur dont les émissions diminuent le plus est celui du bâtiment, mais cela reste insuffisant. Les postes qui ne diminuent pas, ce sont le transport et l’agriculture.

LR&LP : Comment expliquer le mouvement de scientifiques qui sortent des laboratoires, comme Scientifiques en Rébellion ? Vous intervenez vous-même beaucoup dans les luttes des projets d’aménagement du territoire pour donner votre point de vue scientifique, notamment dans la lutte autour de l’A69.

Christophe Cassou : Il y a une temporalité un peu spéciale en ce moment : on est passé du temps des objectifs, post-accord de Paris en 2015, au temps de l’action. En 2015, c’était vraiment des intentions, sans feuille de route particulière. On avait 5 ans, 2015-2020, pour établir une feuille de route et puis prévoir ou en tout cas enclencher cette transformation pour s’aligner sur les accords de Paris.

Au début des années 2020, on est entrés dans le temps de l’action. Le temps de l’action, c’est le temps du choix. Qu’est-ce qu’on promeut, qu’est-ce qu’on abandonne, qu’est-ce qui est compatible, qu’est-ce qui n’est pas compatible, etc. ?

Après la parenthèse Covid, la communauté scientifique, après avoir sonné l’alarme, a participé à définir des objectifs pour s’aligner avec les intentions. En Europe, on est rentrés depuis le milieu des années 2010 dans une époque où le changement climatique on le voit, on le perçoit et on le vit alors qu’avant c’était un horizon lointain. Là on le vit, on l’expérimente, par la taille de la sécheresse, la chaleur, et la dégradation des écosystèmes.

2022 a été un accélérateur de prise de conscience dans le sens où on a vu, perçu et vécu la souffrance de nos forêts avec l’immense incendie, de nos champs, de nos jardins.

On a une temporalité, un ensemble de facteurs qui explique ce changement d’attitude des scientifiques. Est-ce que l’on reste dans son laboratoire ou est-ce qu’on choisit de porter ce risque dans l’espace public ? De dénoncer les choix politiques qui vont aggraver ces risques ? Il y a la prise de conscience, ou l’acceptation, par la communauté scientifique que la science n’est pas neutre. La neutralité est une illusion. Et la science peut nourrir certaines entreprises délétères pour l’environnement et la biodiversité.

Un reportage sur les abattoirs industriels m’a particulièrement choqué : on voit toute l’ingéniosité mise en place pour optimiser l’abattage des animaux. Ce sont des machines au service d’une forme d’inhumanité. C’est la science qui a permis l’innovation technologique, cet élevage intensif, cette déconnexion avec le vivant.

Tout ce qui en découle n’est pas neutre du tout : ni éthiquement, ni moralement. La neutralité n’existe pas. C’est un constat bien plus largement adopté par la nouvelle génération de scientifiques, que ceux de ma génération. Leur mobilisation est assumée parce que les risques sont connus.

Et malheureusement, la réalité confirme les risques qui étaient envisagés avant. Voire la réalité surpasse les risques qui avaient été envisagés avant.

LR&LP : Quels sont les risques reconnus par la communauté scientifique ?

Christophe Cassou : Le risque d’effondrement du vivant et des écosystèmes. Les risques liés aux événements extrêmes : chaleur, inondation. Parce que l’évolution de ces aléas, canicules et pluies diluviennes, correspond exactement à ce que l’on avait prévu.

La notion de risque est intéressante parce qu’elle fait sortir le climat d’une vision purement géophysique. Quand on aborde la question de la problématique climat et biodiversité sous l’angle du risque, en fait, cela inclut les dimensions sociales.

Parce que le risque, c’est la combinaison de l’exposition et de la vulnérabilité. L’exposition à une pluie diluvienne ou une canicule aura un impact différent en fonction de la vulnérabilité du territoire qu’elle frappe, par exemple dans une ville trop bétonnée.

Les communautés socialement les plus défavorisées sont les plus vulnérables et les plus exposées. C’est un angle intéressant qui est moins déconnecté de la réalité des conséquences du dérèglement climatique. Parler d’une France à +2 degrés ou +3 degrés, c’est une communication déconnectée.

Par contre, l’approche initiée par le sénateur écologiste Ronan Dantec, pour évaluer quels sont les risques pour une France qui se dirige vers +4 degrés, est intéressante. Elle pourrait déterminer une trajectoire de référence pour tous les secteurs de manière systémique. Afin que tous les secteurs puissent avoir les mêmes bases d’évaluation et d’action.

LR&LP : La France pourrait-elle s’adapter à un scénario de réchauffement à +4 degrés ?

Christophe Cassou : Ce +4 degrés provient d’études qu’on a réalisées à MétéoFrance. La communication a été très mauvaise sur ce +4 degrés. En France, la tendance est de dire que si on envisage l’adaptation, on acte l’échec de l’atténuation. Mais ce n’est pas vrai. Il y a 10 ou 20 ans, ce postulat était compréhensible. Aujourd’hui, on voit bien qu’il faut mener ensemble les deux axes, l’atténuation et l’adaptation.

Si on n’a pas une trajectoire commune avec une stratégie pour l’adaptation, on rate quelque chose. Si on ne s’adapte pas, les systèmes impactés auront du mal à s’atténuer. Sur une trajectoire à +3 degrés, l’adaptation doit être transformative et pas incrémentale.

LR&LP : L’idée est donc de rehausser l’ambition de la transformation de la société, c’est ça ? D’où le +4 degrés ?

Christophe Cassou : Une France à +4 degrés en 2100 correspond à des sécheresses en série, des températures pouvant atteindre 50 degrés, 10 fois plus de jours de vagues de chaleur, un risque de feu de forêt généralisé à l’ensemble du territoire.

Avec cette évaluation des pertes et des impacts à +4 degrés, on voit très bien que l’agriculture actuelle ne peut pas s’adapter. Cela veut dire qu’il faut mettre en place une adaptation transformative, déjà aujourd’hui puisqu’elle est en tension.

Il faut que l’agriculture s’adapte déjà au climat d’aujourd’hui, et que cette adaptation soit compatible avec une transformation de notre trajectoire climatique.

Cela montre qu’on ne peut pas s’adapter à une France à +4°, il faut des transformations avant. Une France à +4 degrés, c’est invivable.

Mais d’avoir déterminé quels étaient les risques de cette France à +4 degrés, pour les éviter, c’est intéressant. Malheureusement, pour l’heure, les risques sont mal compris par la majeure partie de la population. La faute au discours techno-solutionniste dans certains médias, qui prétend que la climatisation suffira pour lutter contre les vagues de chaleur. Alors que la climatisation rend le système vulnérable, en aggravant la chaleur extérieure et accentuant la demande d’énergie. C’est le même danger pour la gestion de l’eau avec les méga-bassines en agriculture.

LR&LP : Qu’est-ce qui vous fait tenir le coup face à la gravité des faits et l’ampleur de la situation ? Comment ne pas tomber dans une espèce de pétrification et continuer ?

Sur l’A69, un collectif de chercheurs de différents domaines, l’Atécopol, ont proposé une critique systémique, de ce projet anachronique et incompatible avec la transformation de nos sociétés. Cette nouvelle approche interdisciplinaire, qui repose sur le décloisonnement des disciplines, est très encourageante et émancipatrice.

C’est un peu ce que l’écologie demande : arrêter de fonctionner par silos, pour fonctionner par systèmes. Aborder une problématique par différents angles peut parler à un public plus grand.

Puis, je reste dans une forme de déni positif et engageant. Je me raccroche à des mouvements de jeunesse très inspirants, à des collectifs de chercheurs pour se soutenir mutuellement.

Enfin, je veux contribuer à partager de nouveaux narratifs dans les médias autour des enjeux climat/biodiversité. Même si des vents contraires essaient de saper notre portée, massifier les discours sur les enjeux est très nourrissant et très porteur.

Laurie Debove

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