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Aux Pays-Bas et en Belgique, on arrache les pavés pour renaturer les villes

Si nous foulons de nos pieds un sol bien dur, sachons qu’en dessous se cache un sol fertile rempli de vie et qui ne demande qu’à s’émanciper. Nous pouvons par des petits actes lui rendre la vie plus facile.

En voilà une initiative qui détonne plutôt qui bétonne. Aux Pays-Bas, depuis 4 ans, est menée une opération d’arrachage de pavés (forts présents aux Pays-Bas) et de dalles de bétons. Elle est, depuis cette année, suivie par la Belgique. On dresse un premier bilan.

Acte de naissance

Elle est née d’une rivalité citoyenne opposant Rotterdam à la capitale, Amsterdam. Les élus respectifs des deux villes ont ensuite encouragé leurs concitoyens via les réseaux à gagner cette bataille plutôt atypique. Lors de la première édition, près de 100 000 pavés ont été arrachés pour être remplacés par des plantes, arbres ou arbustes.

L’ONG Urgenda, connue pour ses actions juridiques en faveur du climat, prit ensuite le relais afin d’encadrer et de cristalliser cet événement qui dure maintenant depuis 4 ans.

Impact environnemental minime, prise de conscience majeure

Urgenda estime que si 3 % de la surface bétonnée est dédiée aux plantes ou aux arbres cela représenterait seulement 0,1 mégatonne de Co2 sur les 17 mégatonnes que se sont fixés les Pays-Bas, sous l’impulsion d’Urgenda d’ailleurs, à ne plus émettre d’ici 2020, c’est-à-dire 25% de leurs émissions.

Mais l’enjeu est ailleurs. Car la prise de conscience est bien réelle. Par des petits gestes menés collectivement les citoyens ont réussi à insuffler l’envie d’agir à des dizaines de milliers de personnes. Au point, comme évoqué ci-dessus, de faire agir leurs politiciens. Et d’avoir leur aval. Ce qui aurait pu être considéré comme un acte de sabotage digne d’une résistance a fini par être encouragé. C’est aussi ce que souligne Ann Heylens, membre de l’organisation de l’événement en Flandre, région nord de la Belgique,

“Ce que nous souhaitons c’est est un changement de mentalité. Cette campagne vise à sensibiliser les gens et à les faire réfléchir. En Flandre, on a encore tendance à imperméabiliser trop facilement : les jardins deviennent des allées, etc.”

Une inspiration pour la ville de demain

Autre problématique soulevée par ces citoyens : la question des espaces verts en ville. Avec les canicules, les sécheresses, les chaleurs, les inondations, les premiers endroits touchés seront là où le béton est roi. Or, les villes débordent d’infrastructures de ce type. La route, les bâtiments, les places, les parkings, sont majoritairement faits de béton. 

Une prise conscience massive et faite de manière ludique permet de faire évoluer la ville et sa structure. L’eau est, en effet, actuellement rejetée vers les égouts hors de la Ville, or elle pourrait devenir un atout si elle était traitée différemment. D’où l’importance de la présence d’espaces verts ainsi qu’une meilleure récupération et gestion de l’eau de pluie.

Quid en Belgique ?

C’est en Flandre que l’initiative d’arrachage de pavés prend écho. Depuis ce 21 mars 2023 jusqu’au 31 octobre, la première édition du “Vlaams Kampioenschap Tegelwippen” bat son plein dans les communes de Flandres ayant répondu à l’appel, soit 123 communes. Parmi elles, Bruges, Gand, Anvers ou encore Louvain. Du beau monde prêt à défier leurs petits secteurs pavés privés ou publiques (à condition d’avoir la permission des autorités) et à rendre leurs communes plus vertes et plus vivables. 

Cette initiative est nécessaire pour Ann Heylens, La Flandre est une région densément peuplée et urbanisée. Seize pour cent de notre territoire est imperméabilisé, soit le double de la moyenne européenne. L’action est donc nécessaire.” 

Sur le site de l’événement, on peut suivre en direct le nombre de pavés retirés. A l’instant où je vous écris, près d’un million de pavés ont été officiellement arrachés, dont 1 par les habitants, ou l’habitant, de la commune d’Oudsbergen, logique lanterne rouge du classement disponible sur le site Vlaams Kampioenschap Tegelwippen (vk-tegelwippen.be). Plantes, arbres, arbustes les remplacent à présent et non de la pelouse, remplacer le béton par une pelouse bien entretenue n’a pas de sens. Une pelouse courte n’apporte que peu de valeur ajoutée à la biodiversité.”, souligne Ann Heylens.

Mais la Belgique n’est pas que la Flandre, la Wallonie n’a pas encore lancé de projets de cette sorte.

Il m’est difficile de me prononcer sur la Wallonie, mais je suppose que le fait que la Wallonie soit moins urbanisée et dispose de plus d’espaces ouverts peut jouer un rôle. », avance Ann Heylens. Une raison peut-être, mais la conscientisation ne connaît pas les frontières…

Si nous foulons de nos pieds un sol bien dur, sachons qu’en dessous se cache un sol fertile rempli de vie et qui ne demande qu’à s’émanciper. Nous pouvons par des petits actes lui rendre la vie plus facile. 

Mathieu Paulus

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