L’ONU a révélé que la couche d’ozone est en « bonne voie » d’être totalement reconstituée d’ici quatre décennies, grâce à l’élimination par les pays du monde entier des produits chimiques responsables de sa dégradation. Une alerte cependant : certaines techniques de géo-ingénierie sont à proscrire pour ne pas saper ce beau rétablissement.
Quand on veut, on peut. Suite à la découverte d’un « trou » aussi grand que le continent polaire dans la couche d’ozone dans les années 1980, une mobilisation planétaire avait eu lieu. L’objectif : bannir les gaz responsables, notamment les halons et les chlorofluorocarbures (CFC) utilisés dans la fabrication de réfrigérateurs, de climatiseurs ou d’aérosols.
En 1987, la signature du Protocole de Montréal (Canada), ratifié par 195 pays, a permis l’interdiction de près de 99 % des substances dangereuses – depuis 1996 pour les pays développés et depuis 2010 pour ceux en développement. Malgré leur longue durée de vie dans la stratosphère (entre 100 et 150 ans), les efforts de cette coalition planétaire ont porté leurs fruits : le trou devrait se reboucher d’ici 40 ans.
« Si les politiques actuelles restent en place, la couche d’ozone devrait retrouver les valeurs de 1980 (avant l’apparition du trou) d’ici environ 2066 au-dessus de l’Antarctique, 2045 au-dessus de l’Arctique et 2040 dans le reste du monde », indique l’ONU dans son rapport d’évaluation quadriennal.
Les variations de la taille du trou dans la couche d’ozone de l’Antarctique, en particulier entre 2019 et 2021, ont été largement influencées par les conditions météorologiques. La récupération notable de la couche d’ozone dans la stratosphère supérieure s’accompagne d’une diminution de l’exposition humaine aux rayons ultraviolets (UV) nocifs du soleil, un bienfait pour la santé humaine.
Pour Meg Seki, Secrétaire exécutive du Secrétariat de l’ozone du Programme des Nations Unies pour l’environnement, cette formidable nouvelle prouve qu’une coopération planétaire peut faire des merveilles sur la sauvegarde de notre environnement.
« L’action contre l’ozone crée un précédent pour l’action climatique. Notre succès dans l’élimination progressive des produits chimiques destructeurs d’ozone nous montre ce qui peut et doit être fait – de toute urgence – pour s’éloigner des combustibles fossiles, réduire les gaz à effet de serre et ainsi limiter l’augmentation de la température », a renchéri le Secrétaire général de l’OMM, le professeur Petteri Taalas
Un accord supplémentaire de 2016, connu sous le nom d’Amendement de Kigali au Protocole de Montréal, exige la réduction progressive de la production et de la consommation de certains hydrofluorocarbures (HFC). Les HFC n’appauvrissent pas directement la couche d’ozone, mais sont de puissants gaz à effet de serre. Le groupe d’évaluation scientifique a déclaré que cet amendement devrait éviter un réchauffement de 0,3 à 0,5 °C d’ici 2100.
Seule ombre au tableau : les Nations unies alertent sur les effets sur la couche d’ozone de projets de géo-ingénierie destinés à réduire le réchauffement climatique. Il s’agit des injections d’aérosols stratosphériques, qui visent à renvoyer une partie des rayons du soleil en imitant l’effet d’une éruption volcanique. Or, cette solution techniciste pourrait bien empirer la situation, et détruire le rétablissement de la couche d’ozone. Gare aux apprentis sorciers.
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Crédit photo couv : Walt Feimer, NASA