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Face à l’inertie des pouvoirs publics, les scientifiques lancent une rébellion mondiale

Rose Abramoff, spécialiste des sols au laboratoire national d’Oak Ridge aux Etats-Unis a expliqué : « En tant que scientifiques, nous sommes enclins à avoir une aversion pour le risque : nous ne souhaitons pas risquer notre travail, nos réputations et notre temps. Mais il n’est plus suffisant de faire nos recherches, d’attendre des autres de les lire et de comprendre la gravité de l’urgence de la crise climatique. »

A partir de cette deuxième semaine d’avril 2022, un réseau de scientifiques d’une trentaine de pays se réunissent sous la bannière Scientist Rebellion afin de prévoir et promouvoir des actions de désobéissance civile. Ils comptent embarquer avec eux au moins 1000 scientifiques dont la voix est influente, à l’échelle planétaire.

En 2020, deux doctorants en physique de l’Université de Saint Andrews, en Ecosse, fondent Scientist Rebellion, inspirés par le mouvement global Extinction Rebellion.

En 2021, le groupe lance sa première action majeure, réunissant plus de 100 scientifiques, contre le géant de la publication scientifique Springer Nature et la British Royal Society, en collant sur leurs bureaux des copies géantes de leurs articles, afin d’appeler à des changements rapides.

L’an dernier, lors de la COP26 à Glasgow, plusieurs de leurs membres avaient été arrêtés. Charlie Garner, un scientifique en conservation spécialisé dans la biodiversité tropicale a commenté pour l’AFP :

« À notre connaissance, il s’agissait là de la première arrestation massive de scientifiques dans le monde depuis que Carl Sagan s’était opposé aux essais nucléaires dans les années 1980 »

Scientifique arrêté à Londres pour avoir collé une affiche – Crédit : Scientist Rebellion

La campagne de Scientist Rebellion est lancée symboliquement le jour de la publication du nouveau rapport du GIEC, qui édifie les solutions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, afin de rappeler l’urgence de la situation climatique.

Lire aussi : GIEC : nous devons atteindre un pic des émissions au plus tard en 2025 pour espérer un futur vivable

Des actions non-violentes sont ainsi prévues dans ce but contre des universités, des centres de recherche et des revues scientifiques de premier plan. Le but est d’encourager leur personnel à rejoindre la lutte et faire valoir leur voix face à une menace que les scientifiques décrivent comme une menace existentielle contre l’humanité.

Charlie Garner a déclaré : « Les scientifiques sont des messagers particulièrement influents, et nous avons la responsabilité de jouer un rôle moteur. Nous sommes en train d’échouer à nous acquitter de cette responsabilité. Si nous énonçons une urgence, nous devons agir en conséquence. »

Sur la page Facebook de Scientist Rebellion, les scientifiques énoncent : « Il y a une peur grandissante parmi les scientifiques que les évènements extrêmes simultanés dans les régions agricoles majeures provoquent une pénurie alimentaire mondiale. »

Ils expliquent : « Par exemple, la sècheresse en Syrie de 2011 à 2015 a détruit une grande partie du système d’agriculture et d’élevage du pays, et a provoqué le départ de millions de personnes vers les villes, donnant lieu à une guerre civile dont le monde ressent encore les effets. Aujourd’hui, nous affrontons une crise possiblement cent fois plus grave. S’informer signifie s’alarmer. »

Lire aussi : « On n’arrivera pas à éradiquer la faim dans le monde si on ne prend pas la crise climatique au sérieux. »

Le groupe espère que le départ du mouvement lundi entrainera des actions fortes de désobéissance civile contre le gouvernement de la part de plus de 1000 scientifiques à travers le monde.

Les scientifiques ont également fait les gros titres en faisant fuiter une version préliminaire du rapport du GIEC, qui lance l’alerte : afin de respecter les objectifs de l’accord de Paris, et de limiter le réchauffement climatique en deçà de plus de 2 °C, et si possible de plus de 1,5 °C, les émissions mondiales de dioxyde de carbone doivent atteindre leur pic d’ici trois ans.

Rose Abramoff, spécialiste des sols au laboratoire national d’Oak Ridge aux Etats-Unis a expliqué : « En tant que scientifiques, nous sommes enclins à avoir une aversion pour le risque : nous ne souhaitons pas risquer notre travail, nos réputations et notre temps. Mais il n’est plus suffisant de faire nos recherches, d’attendre des autres de les lire et de comprendre la gravité de l’urgence de la crise climatique. »

Jordan Cruz, un ingénieur en Equateur qui étudie l’impact de l’industrie minière sur les communautés andines, ajoute : « Je ne sais pas s’il s’agit là de notre dernière chance, mais il est certain que le temps nous est compté. » Il conclut : « Je suis terrifié. Mais c’est la peur qui motive l’action. C’est une question de survie. »

Maïté Debove

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