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Selon 3 organisations, le programme de Jean-Luc Mélenchon se rapproche le plus des objectifs climatiques

Avec ses mesures ambitieuses comme la « planification écologique », l’ISF climatique, la dépollution des flux financiers, la sortie complète des pesticides et de l’élevage industriel ou le retour en force de la consigne, celui qui se présente comme une « tortue sagace » fait preuve de « clairvoyance » et possède un « profil écologique […] sérieux », indique Greenpeace.

Tous les candidats à la présidentielle ont un programme écologique, mais aucun ne sera en mesure de respecter les accords de Paris. C’est la conclusion unanime à laquelle sont arrivées trois organisations – Greenpeace, le Réseau Action Climat et The Shift Project – ayant passé au crible les mesures environnementales des douze prétendants à l’Élysée. Pourtant, un candidat perce la mêlée, à quasi-égalité avec un autre. Décryptage.

Selon le dernier rapport du GIEC paru lundi, si l’on veut garantir un « avenir vivable » à l’humanité, les émissions de gaz à effet de serre doivent atteindre leur pic au plus tard en 2025 pour ne faire que décroître. Les experts sur le climat ont listé toutes les solutions les plus ambitieuses pour faire face à la crise avec un dernier message d’espoir : il faut agir sans plus tarder avant que notre dernière opportunité se referme à jamais.

Le prochain quinquennat est donc crucial pour le climat. Pourtant, ce dernier n’a pas représenté plus de 5% de temps de parole dans la campagne présidentielle.

Même hier soir, au lendemain de la sortie du rapport du GIEC, sur six heures d’émission, le dernier “Elysée 2022” a consacré en tout et pour tout seulement 11 minutes au climat ! Et ce, malgré les inquiétudes légitimes des français au regard de la crise écologique : ils placent désormais l’écologie comme l’une de leurs trois préoccupations majeures pour l’avenir.

Pour cause, depuis 2017, la France affronte de plus en plus d’événements extrêmes : canicules, variations brutales des températures tout au long de l’année et leurs conséquences délétères sur l’agriculture, pollution dans les grandes villes, effondrement de la biodiversité, conséquences sur la santé…

Lire aussi : GIEC : nous devons atteindre un pic des émissions au plus tard en 2025 pour espérer un futur vivable

Rappelant haut et fort leur neutralité, les trois organisations se sont servies d’instruments d’évaluation différents. Greenpeace se fonde à la fois sur le programme du candidat, les votes effectués par sa famille politique à l’Assemblée nationale et ses prises de position relatives à l’écologie.

Plus autonome, le Réseau Action Climat, qui fédère trente-cinq associations, fait reposer sa notation sur son propre « plan d’action en sept axes pour le climat », publié en janvier dernier.

Les bénévoles du Shift Project, un groupe de réflexion présidé par le consultant Jean-Marc Jancovici, membre du Haut Conseil pour le Climat, ont pour leur part demandé aux candidats de décrire en quelques pages leurs principales propositions écologiques, qu’ils ont ensuite comparées aux orientations de la Stratégie nationale bas carbone (SNBC), la feuille de route française visant à atteindre la neutralité carbone en 2050. Sur les douze concurrents, seuls Emmanuel Macron et Jean Lassalle ne leur ont pas répondu.

Hormis Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France), tous les candidats se retrouvent dans l’idée qu’il faut sortir un jour ou l’autre des énergies fossiles, remarque The Shift Project. C’est un progrès notable depuis 2017.

Cependant, aucun d’entre eux ne propose d’« approche systémique » pour résoudre une transition « éminemment complexe » au regard de ses enjeux techniques.

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Deux candidats en tête des évaluations

Contre toute attente, ce n’est pas le programme de Yannick Jadot (Europe Écologie – Les Verts), mais celui de Jean-Luc Mélenchon (France insoumise) qui se rapproche le plus des objectifs climatiques de la France, selon les trois organisations.

Avec ses mesures ambitieuses comme la « planification écologique », l’ISF climatique, la dépollution des flux financiers, la sortie complète des pesticides et de l’élevage industriel ou le retour en force de la consigne, celui qui se présente comme une « tortue sagace » fait preuve de « clairvoyance » et possède un « profil écologique […] sérieux », indique Greenpeace.

Lire aussi : Un « ISF climatique » pourrait rapporter 4,3 milliards d’euros par an à la France

The Shift Project se réjouit que le programme de Jean-Luc Mélenchon « couvre la totalité des secteurs » et promette « d’intégrer la dimension climatique au plus haut niveau en inscrivant “la règle verte” au sein de la Constitution ».

Le Réseau Action Climat ajoute que son programme ambitionne, chiffres à l’appui, « de sortir du nucléaire et d’atteindre le 100 % énergies renouvelables en 2050 », tout en misant sur « la sobriété et l’efficacité énergétique ».

Au coude à coude avec Jean-Luc Mélenchon, le candidat d’Europe Écologie – Les Verts accorde lui aussi « une place centrale et transversale » aux thèmes environnementaux, et « porte une vision ambitieuse de l’écologie » sans « mesures toxiques », pour Greenpeace.

Son programme, l’un des plus détaillés et réalistes, a le mérite d’échelonner la transition, de prendre en compte la pollution importée et de tirer tous les enseignements des rapports scientifiques, comme ceux du GIEC.

Malgré tout, le groupe de réflexion de Jancovici lui reproche de ne pas mentionner « l’abandon du chauffage au fioul ou au gaz fossile », d’oublier « l’encadrement de l’usage du bois » et de rester muet sur « les secteurs industriels de la chimie et de la construction », « particulièrement émetteurs » de gaz carbonique.

Source : M. Mondialisation

Le ventre mou de la présidentielle

Les dix autres candidats sont diversement classés par les ONG environnementales. S’il est difficile de s’y retrouver, on peut tout de même les répartir en trois catégories : ceux qui ne proposent pas grand-chose, faute de programme cohérent, ceux qui se situent dans un « ventre mou » de l’écologie et ceux qui semblent indifférents, voire résolument contraires à la transition.

Figurant dans la première, Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière) n’est pas évaluable, dans la mesure où elle n’avance « pas tant un programme de gouvernement défini qu’une dénonciation […] du système capitaliste », explique The Shift Project.

Même constat pour Jean Lassalle. Le candidat de Résistons ! « passe à côté de la nécessité de transformer notre système économique et notre modèle de société », écrit Greenpeace, qui le juge « à côté de la plaque ».

La seconde catégorie est très disparate. On y retrouve Fabien Roussel (PCF), Anne Hidalgo (PS), Emmanuel Macron (LREM) et Philippe Poutou (Nouveau Parti anticapitaliste), sur lequel les avis divergent légèrement. Dans l’ensemble, ces candidats présentent un programme écologique musclé, mais insuffisant.

Le président sortant en est le meilleur exemple : selon The Shift Project, les propositions d’Emmanuel Macron sont « généralement cohérentes avec la SNBC », ses objectifs « précis », mais les moyens d’y parvenir rarement détaillés, ce qui en fait un candidat « éloigné » des ambitions climatiques de la France.

Greenpeace souligne qu’il doit également « composer avec un bilan dramatique sur l’écologie », un argument de taille si l’on pense que son nouveau programme reste « extrêmement faible ». Le Réseau Action Climat donne l’une de ses pires notes à son programme, « parcellaire », « sans le moindre rapport avec les enjeux […] agroécologique[s] » et « réduit » à quelques propositions. Du pur Macron.

Lire aussi : « Si vous êtes malheureux, c’est parce que nos politiciens sont mauvais ! »

Plongée en enfer climatique

Dans la dernière catégorie, les programmes de Valérie Pécresse (LR), Éric Zemmour (Reconquête !), Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) et Marine Le Pen (RN) sont considérés comme les plus éloignés des objectifs de lutte contre le réchauffement climatique.

Fidèle à la droite libérale, Valérie Pécresse a « de bonnes intentions » dans certains secteurs, estime le Réseau Action Climat, mais « reste dans une vision productiviste de la transition ». Son programme ne comporte presque aucune mesure pour verdir le budget de l’État, ni de politique climatique internationale, ni même de véritables solutions pour sortir l’agriculture du modèle intensif. L’environnement y est saupoudré afin de satisfaire aux réquisits de son temps.

Le président de Reconquête !, Eric Zemmour,  « n’a tout simplement pas de vision de l’écologie, tranche Greenpeace. Il passe complètement à côté des grands enjeux environnementaux. » Un diagnostic que partagent les deux autres organisations, quoique plus nuancées.

Assimilables, Nicolas Dupont-Aignan et Marine Le Pen ont une position « éloignée, voire contraire » à la transition, note The Shift Project. Le premier « déroge en de nombreux points à la Stratégie nationale bas carbone ». La seconde ne l’aborde que « de façon partielle », des secteurs entiers étant « peu ou pas traités, comme la gestion des déchets, des sols ou la baisse des émissions de l’industrie ».

Dénonçant l’écologie punitive, renchérit Greenpeace, Marine Le Pen « défend la relance de la filière nucléaire », « passe sous silence beaucoup d’enjeux clés » tels que le transport ou la finance et « propose des mesures carrément contre-productives », sans aborder pour autant la sortie des pesticides, l’industrie de la viande, la déforestation, la protection des océans… Bref, c’est une candidate « dangereuse pour le climat ».

Et les animaux ?

Pour les amoureux des animaux, l’association L214 a également noté les prétendants au trône autour de six axes d’engagement comme l’élevage intensif, la pêche industrielle, l’alimentation végétale ou la condition animale. Sans surprise, les deux partis en tête sont ceux de Yannick Jadot et de Jean-Luc Mélenchon, qui devancent de très loin Philippe Poutou.

Pour retrouver les notations détaillées, cliquez sur les liens suivants :

Réseau Action Climat
Greenpeace
The Shift Project
L214

Crédit photo couv : Emmanuel DUNAND / AFP

Augustin Langlade

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