Aux Etats-Unis, l'État de Californie attaque ExxonMobil en justice pour avoir menti aux consommateurs sur le recyclage du plastique. Le géant pétrolier risque des milliards de dollars d’amende.
Les pollueurs doivent désormais payer, considère la Californie qui poursuit ExxonMobil pour son rôle dans la pollution plastique du territoire. L’Etat américain reproche à l’industriel d’avoir mené pendant des décennies des campagnes mensongères sur le recyclage du plastique, qui est loin d’être généralisé.
« Seulement 5 % des déchets plastiques sont recyclés aux Etats-Unis et ce taux n’a jamais dépassé les 9 % », a indiqué le procureur général dans un communiqué.
Par cette action en justice, Rob Bonta, le procureur général de cet Etat de l’ouest des Etats-Unis, veut que la major pétrolière verse ainsi « des milliards de dollars » pour traiter la pollution des eaux et des sols par les plastiques rejetés dans l’environnement, mais aussi pour « rééduquer » la population.
« Notre côte, nos océans, nos rivières et nos baies sont pleins de plastiques, une pollution qui coûte plus d’un milliard de dollars chaque année aux autorités et aux contribuables […] Pendant ce temps, l’année dernière seulement, ExxonMobil a dégagé 36 milliards de profits », a-t-il rappelé.
En plus d’augmenter les émissions de gaz à effet de serre, le plastique à base de pétrole ne se décompose jamais totalement, mais s’effrite et se décompose en micro ou nanoplastique. On retrouve cette pollution du fond des océans aux sommets des montagnes, et jusque dans le sang humain générant des dommages irréversibles sur les écosystèmes et notre santé.
« Les dirigeants de Californie savent depuis des décennies que leur système de recyclage est inefficace. Ils ont échoué à agir et cherchent maintenant à rejeter la faute sur d’autres », a réagi ExxonMobil auprès de l’AFP.
Cette procédure judiciaire fait suite à deux ans d’enquête sur la responsabilité de l’industrie pétrochimique dans la pollution plastique aux Etats-Unis, premier consommateur mondial de plastique par habitant qui génère environ un cinquième des déchets plastique mondiaux.
« Cette action en justice est la plus importante à ce jour contre l’industrie du plastique et ses mensonges persistants et continus sur le recyclage », s’est félicitée Judith Enck, présidente de l’ONG Beyond Plastics. Elle espère que cela créera « un précédent » et que « d’autres suivront ».
ExxonMobil avait déjà été épinglé par des chercheurs pour avoir entretenu le climatoscepticisme en toute connaissance de cause pendant plus de 50 ans. Début 2024, le géant pétrolier a même porté plainte contre deux de ses actionnaires, l’organisation Follow This et le fonds Arjuna capital, qui avaient déposé une résolution demandant d’accélérer la réduction de ses émissions de gaz à effet de serre.
Les procès contre les grandes entreprises se multiplient ces dernières années pour leur demander des comptes sur leur greenwashing et leur pollution. En France, TotalEnergies et Danone font ainsi l’objet d’une procédure judiciaire. Cette fois-ci, c’est au tour d’ExxonMobil de passer au tribunal.
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