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Depuis plus de 50 ans, ExxonMobil entretient le climatoscepticisme en toute connaissance de cause

Depuis plus de 50 ans, le géant américain du pétrole ExxonMobil était au courant des dangers de l’activité humaine sur la planète, alors même qu’il publiait des articles niant ces effets. Ainsi, la firme a entretenu un « double discours », alimentant le doute quant à la réalité d’un changement climatique et de ses causes anthropiques. Les […]

Depuis plus de 50 ans, le géant américain du pétrole ExxonMobil était au courant des dangers de l’activité humaine sur la planète, alors même qu’il publiait des articles niant ces effets. Ainsi, la firme a entretenu un « double discours », alimentant le doute quant à la réalité d’un changement climatique et de ses causes anthropiques. Les « marchands du doute » méritent bien leur nom de même que leur responsabilité dans ce crime intergénérationnel contre l’humanité

Deux chercheurs de l’université d’Harvard, Geoffrey Supran et Naomi Oreskes, ont récemment publié leurs résultats dans la revue Environmental research letters après un an d’enquête, passé à éplucher les documents privés et publics d’ExxonMobil. Leurs conclusions, telles qu’elles ont été rapportées au journal Libération, sont claires :

« Nous avons trouvé des divergences systématiques entre ce que disent, en privé et dans les cercles académiques, les scientifiques d’ExxonMobil à leurs dirigeants, et ce que l’entreprise présente au public sur le changement climatique. ExxonMobil a mis en place, au moins entre 1977 et 2014, des tactiques pour induire en erreur le public sur la réalité des connaissances scientifiques sur le sujet. »

Les deux chercheurs en histoire des sciences ont analysé 187 documents regroupant 32 documents en interne, 53 publications scientifiques vérifiées par des pairs, 48 non vérifiées, 18 documents publics et 36 tribunes payantes publiées dans le New York Times. Cette étude avait pour but de répondre aux déclarations de l’entreprise qui affirmait avoir toujours « discuté des risques liés au changement climatique », alors même qu’ExxonMobil faisait l’objet de plusieurs enquêtes judiciaires liées à la fiabilité des informations diffusées par les équipes scientifiques de l’entreprise.

Rex Tillerson, ancien PDG d’ExxonMobil et actuellement secrétaire d’Etat

Les résultats obtenus par Geoffrey Supran et Naomi Oreskes montrent que 83% des publications scientifiques et 80% des documents internes font état d’un changement climatique réel et causé par l’activité pétrolière. A l’inverse, l’étude montre également que « 81% des tribunes parues dans le New York Times expriment un doute » quant à ces mêmes conclusions. En d’autres mots : quand les publications s’adressaient à un public large, ExxonMobil entretenait le climatoscepticisme, tandis que les publications en interne et les publication scientifiques (qui ont beaucoup moins de lecteurs) étaient sans ambiguïtés.

« La victoire sera obtenue quand la reconnaissance des incertitudes sur le changement climatique deviendra partie intégrante de la croyance populaire. »

Pire encore, dès 1982 l’entreprise évoquait en interne « une hausse moyenne probable des températures mondiales de 2,5°C pour 2038 » entraînant « des effets mondialement catastrophiques ». Toutes les informations dont disposaient ExxonMobil ont été sciemment dissimulées aux actionnaires et aux consommateurs et ont été falsifiées pour entretenir un climatoscepticisme ambiant dont nous faisons encore les frais aujourd’hui. Après tout, que représente l’avenir de la planète face à la bonne tenue des actifs financiers de ce mastodonte qui pèse près de 416 milliards de dollars ?

Si les révélations des chercheurs d’Harvard ne constituent pas (encore) une preuve juridique pouvant accabler ExxonMobil, Geoffrey Supran s’est dit prêt à témoigner contre la compagnie au tribunal de New York qui a ouvert une enquête sur de possibles pratiques « frauduleuses » en 2015. La publication des documents internes d’ExxonMobil était d’ailleurs une conséquence de cette même enquête et a permis de lever le voile – si nous avions encore nous-aussi des doutes – sur la bonne foi du géant pétrolier. Pourtant, comme le souligne Carroll Muffett, président du Centre pour le droit environnemental international, pour Libération :

« Rex Tillerson, alors PDG d’ExxonMobil et aujourd’hui secrétaire d’Etat possédait une boîte mail secrète, depuis neuf ans, au nom de Wayne Tracker, dont les échanges ont été dissimulés à la justice. »

Il resterait sans doute bien des choses à découvrir sur les pratiques de ces entreprises – la Royal Dutch Shell Company est d’ailleurs également visée par une enquête judiciaire – mais peut-être arrivons nous trop tard et que la partie émergée de l’iceberg a déjà fondu…

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Alexandre Ferreira Wiatrowski

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