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Les oiseaux marins mangent tellement de plastique que cela a créé une nouvelle maladie : la plasticosis

« Ces oiseaux peuvent semblent en bonne santé de l’extérieur, et pourtant, ils ne se portent pas bien à l’intérieur »

Jusqu’où iront les polluants éternels ? Pour la première fois dans l’histoire de la science, des chercheurs britanniques et australiens ont découvert, chez des oiseaux marins, une maladie spécifiquement causée par l’ingestion de petits morceaux de plastique.

Baptisée « plasticosis » ou « plasticose », cette pathologie qu’on pourrait dire « émergente » a été identifiée dans une trentaine de puffins à pieds pâles juvéniles de l’île de Lord Howe, en Australie. Cette espèce d’oiseaux marins a été choisie parce qu’elle ne dépend pas de milieux anthropisés pour se nourrir.

L’équipe conduite par le Muséum d’histoire naturelle de Londres a publié ses résultats dans le Journal of Hazardous Materials, début mars. On y apprend qu’en ingurgitant des fragments de plastique mêlés à leur nourriture, les oisillons développent des « lésions » dans leur appareil digestif.

Avec le temps, ces lésions repérées dans le proventricule des oiseaux (leur seconde poche digestive, en amont du gésier) forment des « tissus cicatriciels étendus », notent les chercheurs, et conduisent « à des modifications importantes, voire à la perte de la structure tissulaire de la muqueuse et de la sous-muqueuse » de l’organe.

Ces cicatrices rendent les puffins à pieds pâles vulnérables aux maladies et aux parasites, et affectent leur digestion, ainsi que leur capacité à assimiler nutriments et vitamines.

« Ces oiseaux peuvent semblent en bonne santé de l’extérieur, et pourtant, ils ne se portent pas bien à l’intérieur », résume Alexandre L. Bond, ornithologue au Muséum national d’histoire naturelle de Londres et co-auteur de l’étude, pour le Guardian.

Outre que tous les spécimens présentaient des lésions, les chercheurs ont remarqué que les oiseaux qui avaient ingéré le plus de plastique possédaient des cicatrices au proventricule plus profondes, et en plus grand nombre.

« De plus, ajoutent les quatre auteurs de l’étude, bien que des éléments non comestibles naturels, tels que la pierre ponce, se retrouvent également dans l’appareil digestif, ils n’ont pas provoqué de cicatrices similaires. Cela révèle les propriétés pathologiques uniques des plastiques et soulève des inquiétudes pour les autres espèces touchées par son ingestion. »

Lire aussi : « Du plastique a été trouvé dans du sang humain pour la première fois »

À l’échelle mondiale, les océans seraient pollués par 75 à 199 millions de tonnes de plastique, dont 24 400 milliards de microparticules flottant à leur surface. Les plus exposées d’entre les animaux marins, les baleines bleues en ingèrent des centaines de milliers de morceaux quotidiens, et porteraient en elle, en permanence, une cinquantaine de kilos de ce matériau réputé non dégradable.

L’homme n’échappe pas à ce fléau environnemental : récemment, des chercheurs ont retrouvé des microparticules de plastique dans les urines et le sang humains, et jusque dans les poumons de patients qui contenaient pas moins de 39 types de plastiques différents.

En dépit des alertes lancées depuis des décennies, la production mondiale de ce matériau continue d’augmenter.

C’est pourquoi « il est probable que l’exposition de tous les organismes au plastique soit inévitable », concluent les chercheurs britanniques et australiens, qui préviennent que « nous commençons à peine à en documenter et à en comprendre pleinement les conséquences ».

Crédit photo couv : John Klavitter/USFWS – U.S. Fish & Wildlife Service

Augustin Langlade

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