MétéoFrance et de nombreux climatologues lancent l’alerte : une vague de chaleur, pouvant entraîner des températures record, va s’abattre sur la France dès mercredi et ce jusqu’au weekend. En débutant si tôt avant l’été, ce serait la vague de chaleur la plus précoce jamais observée. Rappel lugubre que les conséquences du changement climatique nous affectent déjà : les systèmes électriques, les cultures ainsi que les personnes fragiles et précaires sont particulièrement menacés.
Alors qu’il fait déjà très chaud dans le Sud de l’Hexagone, où les 35°C ont été dépassés dans l’arrière-pays méditerranéen, la chaleur devrait s’intensifier à partir de mercredi, en remontant peu à peu vers le nord. Résultat : les maximales devraient atteindre ou dépasser en milieu de semaine les 35 à 38 degrés Celsius, voire 40°C à certains endroits, et les minimales ne descendront pas en dessous des 20 degrés Celsius.
A l’origine de ces chaleurs, deux phénomènes à l’œuvre. D’abord, une dépression localisée entre les Açores et Madère et favorisant les remontées d’air chaud sur l’Europe occidentale, ainsi que l’explique MétéoFrance. Mais aussi un vent d’ouest anormalement chaud qui risque de se combiner à cette vague de chaleur.
Très dynamique, ce phénomène n’est donc pas un dôme de chaleur, phénomène statique par définition, mais plutôt une « plume de chaleur » ainsi que le nomme le directeur de recherche et climatologue au CNRS, Christophe Cassou, également auteur principal du 6ème rapport du GIEC.
Lire aussi : Dôme de chaleur en Amérique du Nord : les prémisses d’événements météo extrêmes dus au réchauffement climatique
Les prévisions actuelles ne permettent pas d’affirmer avec certitude que cet épisode correspondra à une canicule, répondant à des critères précis (période de chaleur intense et durable, de jour comme de nuit, sur une période prolongée supérieure à trois jours en général). Pour autant, ce joli nom ne doit pas inciter les populations à le prendre à la légère : les seuils de canicule pourraient être atteints voire dépassés dans certains départements.
Surtout, il n’est pas exclu que cette « plume de chaleur » finisse par se transformer en dôme de chaleur à la fin de la semaine. Les climatologues invitent donc les populations à faire très attention et se préparer. Ainsi que le précise MétéoFrance, « la précocité remarquable de cet épisode est un facteur aggravant ».
Ce nouveau phénomène nous rappelle brutalement que les conséquences du changement climatique n’affectent pas seulement les pays du Sud, comme l’ont dramatiquement subi l’Inde et le Pakistan au mois de mars. En France, les précédents records, datant de 2005 et 2017, avaient été enregistrés à partir du 18 juin. 23 épisodes de canicules ont été enregistrés sur les 21 dernières années (2000-2021), contre seulement 17 en 53 ans sur 1947-1999.
Aujourd’hui, la température mondiale a augmenté d’environ 1,1° par rapport à l’ère préindustrielle à cause des activités humaines. La multiplication et l’intensification des vagues de chaleur et canicules en sont les manifestations les plus évidentes.
L’Organisation météorologique mondiale rappelle que les vagues de chaleur sont de loin les événements météorologiques extrêmes les plus meurtriers dans la plupart des régions du monde. La crise climatique multiplie par 600 le risque de voir de telles vagues de chaleur se reproduire !
L’intensité et la fréquence des événements extrêmes vont continuer d’augmenter tout au long du 21ème siècle dans le monde entier, éprouvant dangereusement les populations humaines, animales et végétales, mais aussi la plupart des infrastructures modernes qui ne sont pas adaptées à ces variations extrêmes de températures.
Lire aussi : Argentine : une vague de chaleur hors-norme a privé d’électricité plus de 700 000 habitants
En France, cette nouvelle vague de chaleur intervient suite à un hiver sans pluie couplé à un printemps particulièrement chaud et sec, ayant engendré une sécheresse des sols qui représente un danger déjà grand pour les récoltes. De nombreux départements sont déjà sous le joug de restrictions d’eau.
« Nous vivons un avant-goût de notre futur climatique. Pour que l’exceptionnel ne devienne pas la norme, il faut réduire nos émissions de gaz a effet de serre de manière immédiate, soutenue dans le temps et dans tous les secteurs. Pas dans 3 ans, maintenant ! » conclut le climatologue Christophe Cassou
Lire aussi : GIEC : nous devons atteindre un pic des émissions au plus tard en 2025 pour espérer un futur vivable
Pour certains, l’histoire se répète déjà. Les 27 et 28 juin 2019, une canicule historique (précoce) avait conduit à décaler les dates du brevet des collègues. La même génération d’élèves verra-t-elle cette fois-ci le bac de philosophie, prévu ce mercredi 15 juin, annulé ? interroge la paléoclimatologue Valérie Masson-Delmotte.
Alors que le deuxième tour des élections législatives se tiendra dimanche 19 juin, potentiellement toujours sous l’effet de cette vague de chaleur, reste à savoir si les températures extrêmes que nous vivrons auront un effet sur les votes des électeurs, dont l’abstention a battu de nouveaux records cette année.
Pour aller plus loin : Canicule, eau et électricité : seule la sobriété pourra nous sauver
Crédit photo couv : la chaîne Météo