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La Ligue des Droits de l’Homme étrille les “mensonges” des autorités sur la manifestation de Sainte-Soline

Selon la LDH, des grenades explosives et assourdissantes de type GM2L, ASSD, et GENL, ainsi que des tirs de LBD 40 sont effectués. Ces munitions sont toutes classées comme armes de guerre de catégorie A2. 

Des « armes de guerre », un dispositif policier qui a « provoqué » les tensions : les 18 observateurs des libertés publiques présents lors de la mobilisation à Sainte-Soline décrivent, dans un rapport publié ce lundi 10 juillet, des faits inverses de ceux dépeints par les autorités.

La Ligue des Droits de l’Homme décrit dans son rapport un usage « disproportionné » des armes par les forces de l’ordre qui engage la « responsabilité des pouvoirs publics et notamment de l’Etat ». Au total, 5 015 grandes lacrymogènes ont été lancées par les gendarmes en deux heures, soit quasiment une et demi par seconde.

Les informations fournies par la LDH « remettent largement en cause la version officielle présentée aux autorités » et les accusent de s’être « livrées de manière alarmante à une réécriture des événements. »

Le rapport des observateurs des libertés publiques est formel, dès le début de la manifestation, des binômes de gendarmes sur une vingtaine de quads sont venus au contact des manifestants.

« L’engagement de la force a bien été décidé à l’encontre des cortèges, en l’absence d’acte d’hostilité de leur part, et ce sans sommation » expliquent-ils.

Des tensions « provoquées » par les forces de l’ordre s’en suivent. Des tirs de feu d’artifice partent du cortège vers les gendarmes, qui gazent les manifestants de manière « indiscriminée » en retour.

« Le comportement de la gendarmerie lors de cette première rencontre avec les manifestants ne peut en aucun cas être assimilé à une tentative de désescalade » assène la LDH.

Des « armes de guerre » utilisées  

A l’arrivée aux abords des méga-bassines, où le gros du dispositif policier était déployé pour empêcher tout accès aux sites, les affrontements se sont durcis. Les gendarmes ont tiré des grenades lacrymogènes et explosives « en continu », de manière « massive », et « indiscriminée » vers les manifestants.

Des déclarations loin de celle de Gérald Darmanin qui avait expliqué, devant l’Assemblée nationale, que seulement deux grenades lacrymogènes avaient été tirées, et que les gendarmes mis en cause seraient sanctionnés.

Dans un reportage de Complément d’enquête, on voit un colonel de la gendarmerie s’énerver en voyant que ses hommes envoient des grenades vers le cortège familial. L’indiscrimination des personnes visées est confirmée par la nature des blessés : des observateurs, des élus et des journalistes se sont retrouvés à terre.

Selon la LDH, des grenades explosives et assourdissantes de type GM2L, ASSD, et GENL, ainsi que des tirs de LBD 40 sont effectués. Ces munitions sont toutes classées comme armes de guerre de catégorie A2.

Des informations qui viennent contredire les propos de Gérald Darmanin qui avait déclaré que « des armes de guerre ont été utilisées oui, mais par les casseurs » […] « seules des armes intermédiaires ont été utilisées » par la gendarmerie.

Les grenades explosives GM2L ont provoqué de nombreux traumatismes notamment auditifs. Certains manifestants se sont retrouvés les oreilles en sang après le tir de ce type de munitions à proximité. Utilisées depuis 2018, ces grenades se sont rendues coupables de doigts et de mains arrachés lors de manifestations précédentes.

Une « entrave aux secours » ?

Des tirs « non réglementaires » ont également été observés. Révélée par une enquête du Monde, une grenade lacrymogène MP7 qui a touché un manifestant en pleine tête a été tirée à une distance comprise entre 50 et 130 mètres au lieu des 200 minimums prévus. Cet intervalle permet à la grenade d’avoir le temps de s’ouvrir en l’air et de déverser les palets qui la composent.

Les journalistes s’interrogent sur la possibilité que Serge Duteuil-Graziani, le manifestant grièvement blessé à Sainte-Soline, ait pu pâtir de la même irrégularité. Concernant ce dernier, la LDH réaffirme qu’il y a eu « entraves aux secours pour les blessés les plus graves par les autorités publiques ».

Les observateurs confirment un « défaut d’autorisation par le commandement qui invoquait des heurts dans la zone où se trouvait le blessé. » Or, la zone dans laquelle se trouvait Serge Duteuil-Graziani ne faisait plus l’objet de violences au moment de la demande des secours de pouvoir intervenir.

La préfète des Deux-Sèvres Emmanuelle Dubée a une nouvelle fois réfuté ces accusations après la parution du rapport de la LDH le 10 juillet. La zone était certes « calme » mais n’apportait pas la garantie « d’un calme pérenne » étant donné que les forces de l’ordre faisaient face à « des groupes armés aux déplacements très rapides ».

Cependant, certaines déclarations des observateurs des libertés publiques n’ont pas été démenties. A plusieurs reprises, des élus ont formé « une chaîne humaine pour évacuer les blessés, pour les protéger » mais ont été visés par des tirs de grenades lacrymogènes les obligeant à déplacer les blessés.

A ces moments précis, « en contradiction avec ce que prétend la préfète des Deux-Sèvres », rien ne justifiait l’utilisation de la force à l’encontre de ces personnes.

A la suite des évènements de Sainte-Soline et des déclarations de la LDH mettant en cause les forces de l’ordre, Gérald Darmanin avait déclaré que « la subvention donnée par l’État » à la LDH « méritait d’être regardée dans le cadre des actions qui ont pu être menées ».

Des « déclarations extrêmement graves » selon les signataires d’une tribune dans le Journal du Dimanche, dont Claire Thoury, présidente du Mouvement associatif, Laurent Berger ou encore Patrick Baudouin, président de la Ligue des droits de l’Homme, qui dénonçaient une « remise en cause de la liberté des associations ». 

Gérald Darmanin n’a, pour le moment, pas réagi à la publication du rapport de la LDH.

Florian Grenon

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