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Dissolution des Soulèvements de la Terre : l’affrontement ne fait que commencer entre les militants écologistes et l’État répressif

La qualification d’écoterroristes n’est que l’aboutissement d’un long cheminement de criminalisation des mouvements écologistes : fichage S, mises sur écoute, mouchards sur les véhicules des activistes.

Après des mois d’attente, le couperet est tombé : le gouvernement a prononcé la dissolution du mouvement des Soulèvements de la Terre (SLT) en Conseil des ministres, ce mercredi 21 juin. Partout déjà, leurs soutiens s’organisent afin que les actions prévues puissent continuer au cours des prochains mois avec un mot d’ordre “ce qui repousse partout ne peut être dissous”. Parce que, pour toute une génération, le pragmatisme et le réel, ce sont eux.

Comme l’avait prédit Karl Marx en son temps, le capitalisme deviendra extrémisme par son absence de régulation. Qui d’autre apporte des régulations environnementales si ce ne sont les associations qui luttent par la désobéissance civile ? Qui tente de réguler et qui est extrême ? Qui a été condamné pour inaction climatique et qui agit ? Qui est le véritable terroriste ? Est-ce l’État complice ou les Soulèvements de la Terre qui agissent ?

Cette revendication du pragmatisme est légitimée par une multitude de scientifiques. Leur nombre exponentiel à rejoindre le mouvement des Scientifiques en Rébellion dans leurs actions de désobéissance civile est révélateur. Après l’annonce du lancement de la procédure de dissolution fin mars, 100 000 personnes avaient revendiqué leur adhésion au mouvement dans la tribune « Nous sommes les Soulèvements de la Terre ». Quelque 170 comités locaux ont poussé partout en France.

Devant les caméras de France Télévisions le co-auteur du Giec, François Gemmene, qui était présent au blocage de l’AG de Total sans en valider entièrement le modus operandi, déclarait lundi : « le problème aujourd’hui, c’est que personne ne joue vraiment le jeu qu’il faudrait jouer » en parlant de la totalité des États mondiaux.

Face à cette révolte, le système libéral se défend. Comme l’expliquent les Soulèvement de la Terre dans leur communiqué, la dissolution a été prononcée « à la demande expresse de la FNSEA » qui avait fait pression par la voix de son président Arnaud Rousseau dans une interview au Point. La qualification d’écoterroristes n’est que l’aboutissement d’un long cheminement de criminalisation des mouvements écologistes : fichage S, mises sur écoute, mouchards sur les véhicules des activistes.

Ce mardi 20 juin, 18 militants ont été arrêtés et mis en garde à vue pour suspicion de participation à l’action contre l’usine Lafarge à Bouc-bel-air en décembre et à la manifestation de Sainte-Soline. L’un des porte-paroles des Soulèvements de la Terre a été arrêté alors que celui-ci était invité au même moment dans plusieurs médias. « Une tentative inacceptable de museler la liberté d’expression » selon le mouvement. Le 5 juin déjà, une quinzaine d’arrestations et de perquisitions de domicile avait été orchestrée par les gendarmes de la Sous-Direction Anti-terroriste. La répression s’intensifie.

D’ailleurs, le Conseil des ministres peut dissoudre un mouvement depuis la loi Séparatisme de juillet 2021, très décriée pour sa « dérive autoritaire » selon les mots du politologue Mathieu Slama. Cette loi prévoit une dissolution de l’organe politique et non juridique si l’organisation en question appelle « à des manifestations armées ou à des agissements violents à l’encontre des personnes ou des biens ».

Laura Monnier, chargée de campagne juridique pour Greenpeace France, souligne : « la manipulation du droit par l’exécutif devient de plus en plus inquiétante. La “provocation à des dégradations de biens”, motif de dissolution des associations, doit être réservée aux cas les plus graves. Elle ne doit pas être utilisée dans un contexte de désobéissance civile où la liberté d’expression et d’associations prime ». 

La dissolution, qui pourra être retoquée par le Conseil d’État saisi par Les Soulèvements de la Terre, bouleversera les plans des militants. Interdiction d’utiliser le logo, d’organiser et de participer à des actions similaires à celles des Soulèvements de la Terre. Les peines encourus pour reconstitution d’une organisation dissoute vont jusqu’à 3 ans de prison et 45 000 euros d’amendes.

Mais le mouvement a d’ores et déjà annoncé l’organisation de 110 rassemblements de soutien partout en France suite à sa dissolution. Les Soulèvements de la Terre appellent également, dans les prochaines semaines, à des « convergences devant des bétonneurs et responsables locaux de l’empoisonnement des terres, des soirées de présentation du livre On ne dissout pas un soulèvement ».

Cet été, des manifestations à Sainte-Soline et de multiples actions contre l’accaparement de l’eau et l’agro-industrie polluante sont prévues.

« Le mouvement renaîtra sous d’autres formes » promet-il.

Entre les militants écologistes et l’État répressif, « L’Affrontement qui vient », du nom du livre de Sébastien Leurquin et d’Anthony Cortes, ne fait que commencer. 

Florian Grenon

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