Une enquête de Médiapart révèle comment la Société d’aménagement touristique de l’Alpe d’Huez a multiplié les travaux destructeurs en haute montagne. Aux Deux-Alpes, elle a remblayé des lacs glaciaires et creusé le glacier de Mont-de-Lans.
Les accusations sont graves : à 3 200 mètres d’altitude, la Société d’aménagement touristique de l’Alpe d’Huez et des Grandes Rousses (Sata Group) a fait de lourds travaux sur les milieux naturels et le glacier, sans autorisation, pour le téléphérique Jandri 3S.
« Oui, il y a eu des coups de pelleteuse qui ont été mis sur le glacier. Des photos ont été prises de la pelleteuse qui dégomme le glacier », admet un employé du domaine skiable des Deux-Alpes en Isère dans l’enquête publiée par Mediapart ce 2 novembre.
Le glacier, en recul sur son versant nord, a été « défoncé » sur la partie qui rejoint la piste du Signal. « Des terrassements ont été faits pour rendre la zone skiable », a confirmé l’employé de la Sata.
Jean-Louis Arthaud, maire de Saint-Christophe-en-Oisans, commune de la zone d’emprise du glacier et d’une partie de la gare du téléphérique, a indiqué à Mediapart ne pas avoir été consulté pour le remblai de 2 000 mètres carrés de lac.
« Les maires signent des autorisations sans les comprendre, les exploitants massacrent. Et tout ça pour faire quoi ? Construire des installations toujours plus haut… », a réagi Valérie Paumier, fondatrice de Résilience Montagne
Pour l’ONG Mountain Wilderness France, ces travaux ont été réalisés « sans se soucier du droit de l’environnement », ni « de l’intérêt que peuvent avoir ces espaces naturels et de la ressource en eau ».
Ce n’est pas la première fois que la SATA est impliquée dans diverses malfaçons. D’abord par des soupçons de favoritisme et d’irrégularités sur l’attribution de la DSP (Délégation de Service Public) pour la gestion du domaine des Deux-Alpes en 2020, avec un maire directement impliqué.
Puis le coût exorbitant de la nouvelle remontée mécanique, de 148 millions d’euros, avait provoqué un scandale quand les contribuables ont appris qu’ils devraient la payer en cas de défaillance de la SATA.
En 2023, la plus haute ZAD de France avait empêché la création d’un téléphérique sur le glacier de la Girose, à La Grave.
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