Après une semaine d’occupation pour bloquer avec succès les travaux du téléphérique sur le glacier de la Girose, les occupant.e.s ont levé le camp et reviendront au printemps, date à laquelle les travaux reprendront à la faveur d’une météo plus clémente. A rebours d’une artificialisation de la montagne, le collectif « La Grave autrement » défend une autre existence dans les cimes.
La plus haute Zad de France, établie à 3 500 mètres d’altitude, n’aura duré qu’une semaine, le temps que la neige arrive et empêche les travaux. Les activistes ont entassé des cailloux sur la minipelle pour s’assurer qu’elle ne puisse pas être utilisée le temps de l’occupation.
40 personnes ont fait l’ascension pour soutenir les montagnards, qu’il s’agisse de ravitaillements ponctuels ou de les accompagner sur plusieurs nuits, avec des profils variés : guides, naturalistes, étudiant.e.s, philosophes, techniciens des travaux de haute montagne, artistes, mécanicien.ne.s, artisan.ne.s…
« Nous sommes tous.tes liés à la montagne et à ce qu’elle nous offre d’ailleurs ; tous.tes concerné.e.s par la bétonisation des vallées et leur asservissement au tourisme. Nous plions banderoles, mais nous reviendrons car « Nous sommes les glaciers qui se défendent » ont expliqué les activistes
⛏️Ce vendredi 13 octobre, après une semaine d’occupation et de blocage des travaux du 3e tronçon du téléphérique sur le glacier de la Girose, les occupant.e.s lèvent le camp et laissent la météo continuer de bloquer les travaux. pic.twitter.com/dKsDvLik3h
— Les Soulèvements de la terre (@lessoulevements) October 13, 2023
Au rythme actuel de fonte, le glacier de la Girose n’existera plus en 2050 selon les scientifiques. Il abrite de nombreuses espèces endémiques, bergeronettes, pipits spioncelles, accenteurs alpins, niverolles, chocards et linotes, nourrit les rivières des vallées et solidifie les montagnes dont une partie risque de s’écrouler, comme tant d’autres dans les Alpes, une fois qu’il aura disparu.
« Pour les 25 ans qui lui reste à vivre, nous pensons qu’il mérite mieux que d’être survolé en téléphérique par une poignée de personnes en ayant les moyens, et d’être -c’est à prévoir- damé et raclé pour sécuriser son accès » affirment les montagnards
Une philosophie à l’opposé de celle de la SATA group, un des leaders dans le tourisme en montagne, derrière le projet de téléphérique. Depuis un an, les associations ont lancé des recours en justice contre le projet.
« Nous pensons qu’il est urgent de trouver d’autres manières de vivre en montagne. Le modèle que la SATA défend en aménageant un 3e tronçon date d’un autre temps. C’est une fuite avant, qui considère l’artificialisation des montagnes comme la seule solution pour y vivre. Pourtant partout où elle opère, la SATA touche déjà aux limites de son modèle : pompant illégalement dans les nappes pour abreuver ses canons à neige, râclant les derniers glaciers, et montant toujours plus haut pour exploiter les derniers flocons. »
A rebours de cette marchandisation de la montagne, pour un projet éphémère puisque le téléphérique ne pourrait fonctionner que 10 ans au vu des conditions climatiques, le collectif local « La Grave autrement » souhaite « cultiver d’autres possibles, forts d’une paysannerie locale et d’une vie digne entre les saisons ».
Certains habitants, eux, se sont engagés à surveiller à ce que les travaux ne reprennent pas le temps d’une météo clémente pendant l’automne. Quelques jours auparavant, la gendarmerie a présenté un arrêté municipal interdisant le bivouac sur l’intégralité du glacier, et jusqu’à la fin du printemps. Pas de quoi décourager les activistes qui ont prévu de revenir quoi qu’il arrive.
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