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« Une garde à vue c’est rien dans une vie par rapport à des années de souffrance, de sécheresses, de guerres »

« J’ai compris il n’y a pas longtemps à quel point c’était grave. Je me suis dit que je ne voulais pas, dans 10 ou 20 ans, devoir expliquer à mon enfant que je savais, qu’on m’avait tout donné comme info pour que je puisse me rendre compte de la chose, mais que je n'avais rien fait. »

Des dizaines de citoyens agissant avec Dernière Rénovation ont bloqué des axes routiers majeurs à Paris, Lyon et Toulouse ce vendredi 18 novembre entre 8h00 et 9h30. Les blocages ont duré entre 15 et 40 minutes. Nous avons suivi les militants de Toulouse pour comprendre ce qui pousse ces personnes à faire barrage autoroutier de leur corps.

Début de l’action

Il est 7H30, vendredi matin. Une dizaine de journalistes et photographes se retrouvent au Sud de Toulouse. Ils ont été prévenus la veille du point de rendez-vous et ne savent toujours pas ce qu’a prévu Dernière Rénovation. Tous montent en voiture pour rejoindre le métro Rangueil, où se trouve un petit groupe de militants. Après un récapitulatif de la marche à suivre, direction le périphérique.

Par un chemin en terre puis un escalier, le groupe descend sur la bande d’arrêt d’urgence. Peu à peu, les militants bloquent les 3 voies et 12 d’entre eux s’assoient sur le bitume, tenant contre eux leur banderole rouge et jaune.

Certains sont très jeunes, à peine la vingtaine. Pas une injure ne fuse parmi les voitures. Des membres du collectif passent parmi les véhicules pour expliquer aux automobilistes la raison du blocage.

Blocage du 18 novembre à Toulouse – Crédit photo : Marine Wolf

La rénovation thermique des bâtiments

Assise sur le sol, Marine, militante, détaille la revendication première du mouvement :

« On veut imposer à l’État un plan de rénovation thermique des bâtiments efficace d’ici 2040. La rénovation thermique des bâtiments a été discutée pendant la Convention Citoyenne pour le Climat, et Emmanuel Macron s’était engagé à la passer sans filtre.

Lire aussi : « La rénovation énergétique des logements est indispensable pour la santé, le pouvoir de vivre et l’environnement »

Selon le Ministère de la Transition Écologique, il y a plus de 2200 personnes qui meurent chaque année dans leur logement à cause de maladies dues aux passoires thermiques. Dans un pays comme le nôtre, c’est insupportable d’apprendre ça. On est là pour que plus personne n’ait jamais à choisir entre manger et se chauffer ».

Blocage du 18 novembre à Toulouse – Crédit photo : Marine Wolf

La jeune femme rappelle ensuite l’importance de la pollution engendrée par le parc immobilier en France, dont les émissions s’élèvent à 20% des émissions totales de gaz à effet de serre.

« On en entend beaucoup parler, mais en fait on minimise énormément la situation. Il faut que les gens connaissent la vérité, qu’ils aient le droit de choisir leur avenir. Et ça passe par là, par la sensibilisation, par nous qui bloquons des routes ».

Blocage du 18 novembre à Toulouse – Crédit photo : Marine Wolf

Interpeller la population

L’événement se trouve en lien direct avec le blocage de la M7 à Lyon le même jour, et celui du périphérique à Paris. Depuis quelques mois, Dernière Rénovation multiplie les actions de désobéissance civile pour alerter sur l’urgence climatique. De nombreux blocages routiers, mais également l’interruption du tournoi de Roland Garros ou l’investissement de monuments phares comme le Panthéon.

Toutes ces actions ont 2 points communs : être strictement pacifiques et offrir une grande visibilité.

« C’est une série d’actions, de perturbations menées pour interpeller d’abord la population française, mais surtout le gouvernement qui a toutes les clés en main pour prendre des mesures pour préparer notre avenir et décide sciemment de ne pas le faire », précise Alice, 32 ans, elle aussi assise sur le bitume.

« On a choisi le périph parce qu’ici on est visibles. On a essayé tout ce qu’on pouvait avant en termes de marches pour le climat, de pétitions, de blocages de lieux politiques ou symboliques… On n’a jamais été entendus sur ce sujet. On perturbe les gens et on est absolument désolés que ça tombe sur eux, mais c’est notre dernier recours pour alerter ».

Blocage du 18 novembre à Toulouse – Crédit photo : Marine Wolf

Une union de citoyens

Le collectif fait partie du réseau A22, représenté notamment en Angleterre par Just Stop Oil ou en Allemagne par Letzte Generation. Celui-ci vise à coordonner les efforts des citoyens de 11 pays pour mettre en œuvre une transition efficace des sociétés. 

« C’est n’importe qui en fait, des citoyens hyper inquiets pour leur avenir, qui ont très peur de ce qui nous arrive dessus », répond Alice lorsque je lui demande qui sont ces militants.

« Personnellement je me sens en solidarité avec les personnes qui vivent déjà dans des passoires énergétiques. Elles souffrent énormément de cette situation d’abandon du pourvoir politique, qui vraiment a tout ce qu’il faut pour rendre la vie de ces personnes-là plus vivable et ne le fait pas. Et je me sens solidaire de toutes les personnes qui vont souffrir et qui souffrent déjà de la crise climatique. On ne s’en rend peut-être pas compte mais bientôt c’est dans notre pays que ça va se passer ».

Blocage du 18 novembre à Toulouse – Crédit photo : Marine Wolf

Lire aussi : La France est le pays d’Europe le plus menacé par la crise climatique

« J’ai compris il n’y a pas longtemps à quel point c’était grave », raconte de son côté Marine. « Je me suis dit que je ne voulais pas, dans 10 ou 20 ans, devoir expliquer à mon enfant que je savais, qu’on m’avait tout donné comme info pour que je puisse me rendre compte de la chose, mais que je n’avais rien fait. C’est pour ça aujourd’hui que j’ai trouvé le courage de venir et d’essayer de sensibiliser les gens ».

Blocage du 18 novembre à Toulouse – Crédit photo : Marine Wolf

Continuer à résister

Les militants ont en tête que bloquer une route est légalement répréhensible.

« Une garde à vue c’est rien dans une vie par rapport à des années de souffrance, de sécheresses, de guerres. C’est rien à coté », déclare Marine.

Au bout d’un quart d’heure, les forces de police arrivent avec 5 voitures, 1 camionnette et 4 motos. Les 12 militants assis au sol sont embarqués sans violence.

« Je comprends la colère des automobilistes, je sais que c’est pas cool d’être bloqué en allant au travail », termine Marine juste avant de se faire empoigner. « Mais j’espère qu’ils finiront par comprendre et sauront rediriger cette colère vers les vrais hors-la-loi de cette affaire, c’est-à-dire le gouvernement qui a été plusieurs fois condamné pour inaction climatique ».

Alice, quant à elle, a prévenu qu’elle allait « continuer à résister jusqu’à ce que les personnes qui ont le pouvoir politique assument leurs responsabilités et s’occupent de notre avenir à toutes et tous ».

Marine Wolf

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"Le plus souvent, les gens renoncent à leur pouvoir car ils pensent qu'il n'en ont pas"

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