Il n’y a plus de neige ? Vive le plastique ! La Région Nouvelle-Aquitaine et l’Etat vont financer une piste de ski en plastique dans la station d’Artouste. Le but est de pallier le manque de neige en évitant l'utilisation de canons. Les élus écologistes craignent une contamination des nappes phréatiques par le plastique.
Face au manque d’enneigement, la commune de Laruns, où se trouve la station de ski d’Artouste, porte un projet polémique : une piste de ski artificielle en plastique de 200 mètres de long, 15 de large, et praticable toute l’année dans la vallée d’Ossau, à la place d’une piste existante.
L’idée : accompagner la transformation économique de la station, dans laquelle le ski représenterait 15 à 20% de l’activité économique globale. En gestation depuis des années, la Région Nouvelle-Aquitaine vient de voter une subvention de 75 950 euros pour le projet. L’État français complète le financement avec 220 150 euros.
Cette décision a provoqué la colère des élus écologistes qui dénoncent une aberration « à proximité d’un site classé et dans une zone Natura 2000 » qui fait partie des endroits les plus impactés par le réchauffement climatique selon un rapport de la Cour des comptes consacré aux stations de ski françaises. Cette année, les skieurs ont dû attendre la fin du mois de février pour se lancer sur les pistes en raison de chutes de neige tardives.
« On est des victimes du changement climatique et on est conscients qu’il faut économiser de l’eau et de l’électricité, justifie Jean-Christophe Lalanne, le directeur général de la station, auprès de France3. On a souhaité ne pas développer de la neige de culture artificielle. »
Si cette piste est si importante pour la station, c’est qu’elle permet l’accès au domaine skiable situé sur le versant nord et le petit train d’Artouste, véritable attraction touristique de la région. Fabriquée par l’Italien Neveplast, la piste serait composée de plaques de plastique recyclé recouvertes de picots et posées au sol. Perforé, le revêtement laisserait même pousser l’herbe à travers.
Des arguments qui n’ont pas convaincus les élus écologistes qui aimeraient connaître la composition exacte de la future piste de ski. Ils dénoncent une opération de greenwashing qui élude complètement le risque de contamination des sols et des nappes phréatiques par la dégradation de microplastiques dans l’environnement. Une inquiétude partagée par les scientifiques.
Les élus ont demandé une étude d’impact environnemental qui leur a été refusée par les services de l’État. Surtout, ils craignent que cette subvention crée un précédent pour d’autres stations pyrénéennes, alors que des pistes de ski artificielles existent déjà dans le Pas-de-Calais et ailleurs en France.
Au final, c’est bien l’avenir des stations de ski de moyenne montagne qui se joue autour de ce débat. Pour l’élu Stéphane Trifiletti, cette course en avant artificielle est vaine. « La station a toujours été déficitaire, même avec de la neige », accuse-t-il. « Si nous ne sommes pas arrivés à fidéliser une clientèle quand il y avait de la neige, pense-t-on vraiment pourvoir le faire avec une piste en plastique ? »
Sources : « Une montagne Disneyland » : polémique autour d’une piste artificielle, permettant de skier sans neige, prévue dans une zone Natura 2000, France3 Régions, 15/05/2024 / Dans les Pyrénées, une piste de ski en plastique échauffe les esprits, TF1, 22/05/2024