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Face au dérèglement climatique, la station de ski Métabief opère sa transformation

« Le défi, c'est d'essayer de trouver un modèle alternatif à l'économie du ski, qui représenterait environ la moitié de cette économie. Mais les solutions ne viendront pas sur le périmètre de la station. Elles émergeront sur le territoire tout entier », détaille Olivier Erard, directeur du SMMO et responsable du pôle d'ingénierie de la transition.

Hiver après hiver, les stations de ski sont plus que jamais menacées par le changement climatique. Pour y faire face, beaucoup d’entre elles misent sur la neige de culture ou l’artificialisation de leurs terres. À rebours de ces choix dévastateurs pour l’environnement, la station de Métabief, elle, a pris pleine conscience de son avenir, condamné, et mène aujourd’hui une transition climatique et touristique de son territoire avec l’ensemble des acteurs du Haut-Doubs.

Des activités de pleine nature à surveiller

Il y a 3 ans, La Relève et la Peste vous racontait comment Métabief, une station de ski de moyenne montagne située sur le Mont d’Or culminant à 1430 mètres, acceptait, non sans tristesse, la fin programmée de ses activités à l’horizon 2040.

Un choc pour le personnel de la station, faisant suite à une étude climatique pessimiste sur le devenir du lieu à court terme. Avec une fréquence de mauvais hivers élevée, où la neige artificielle ne permettrait pas au domaine de réaliser suffisamment de recettes pour s’équilibrer économiquement, il était nécessaire de réagir.

Par ailleurs, selon une étude de la revue scientifique Nature Climate Change, 53% des stations de ski européennes risquent de manquer de neige de façon « très élevée » dans un monde où le réchauffement global atteindrait les 2°C.

De ce constat, dur et sans appel, le Syndicat Mixte du Mont d’Or (SMMO) a choisi d’en faire une force et présentait, dès 2021, un projet de transition climatique, qu’il s’applique à développer aujourd’hui.

« Le défi, c’est d’essayer de trouver un modèle alternatif à l’économie du ski, qui représenterait environ la moitié de cette économie. Mais les solutions ne viendront pas sur le périmètre de la station. Elles émergeront sur le territoire tout entier », détaille Olivier Erard, directeur du SMMO et responsable du pôle d’ingénierie de la transition, pour La Relève et la Peste.

Dans un premier temps, l’idée était de se tourner progressivement vers les activités comme la luge 4 saisons – déjà mise en place – mais aussi vers le trail ou le VTT, des sports prisés par les touristes et habitants de la région. Mais durant l’hiver du Covid, où les remontées mécaniques ne pouvaient être mises en service, le SMMO a pris conscience de la fragilité de cet environnement.

« La fréquentation de cette nature nous a alertés sur les zones de quiétude nécessaires à la faune, qui a besoin de se reposer en hiver. Le fait de développer ce genre d’activités peut avoir des effets négatifs, continue Olivier Erard. Et puis, même si ces sports remplaçaient le ski, économiquement, ce ne serait pas tenable.»

Crédit : SMMO

En amont, un travail de cohabitation

Un travail de thèse a ainsi été engagé avec l’Université de Nîmes, en partenariat avec la Fédération départementale des chasseurs du Haut-Doubs, axé sur la cohabitation avec les acteurs de la montagne et leur représentation de cette dernière : forestiers, agriculteurs, entrepreneurs… Autant de regards croisés permettent de dresser un premier constat des enjeux et usages du territoire.

« Ce travail a déjà donné pas mal d’infos sur la manière dont les gens voient leur montagne. En termes d’imaginaire, de valeur… un vrai travail de fond a été fait avec toutes les parties prenantes qui vivent ici », détaille Olivier Erard pour La Relève et La Peste.

Grâce à cette initiative, le SMMO a pu faire émerger du commun, malgré les différends. 

« Nous sommes allés chercher des gens que l’on a habituellement du mal à capter, explique Olivier Erard. On a réussi à leur faire sortir les tripes et le cœur. Il y a énormément de belles choses qui en sont sorties ».

Des ateliers ont été également organisés pour échanger, avec des élus, des citoyens, ou encore des professionnels du tourisme, autour d’un avenir désirable et soutenable pour tous.

Par ailleurs, le SMMO a mis en place des formations internes pour les équipes de la station, afin de diversifier les expertises et ainsi d’être en mesure d’aborder plus sereinement la transition.

« Réduire fortement la voilure »

Ce qui était en 2021 interne à la station est donc aujourd’hui partagé à l’échelle du Haut-Doubs. 

« Nous ne sommes pas là pour convaincre, mais pour faire un état des lieux sur ce qui est et ce qui pourra être. Car la question du ski alpin, elle, est maintenant réglée », continue l’ingénieur glaciologue de formation à La Relève et la Peste.

En effet, avec le Covid, la crise énergétique et ces derniers hivers « catastrophiques », la nécessité de « réduire fortement la voilure » de l’activité risque de s’imposer, et peut-être plus tôt que prévu.

« Le contexte a évolué, notre vulnérabilité est beaucoup plus forte aujourd’hui. La première année, on a eu plus d’un million d’euros d’augmentation sur l’électricité. Cette année, nous sommes à plus de 400 000 euros. Même si l’on a accepté de regarder les choses en face, cela reste toujours difficile à vivre », ajoute Olivier Erard pour La Relève et la Peste.

Crédit : SMMO

Proposer des « conditions dégradées »

Alors, toujours dans cette volonté d’intégrer pleinement les acteurs du territoire à prendre en main la transition climatique, le SMMO a défini un référentiel de valeurs inspiré de l’économie symbiotique de l’ingénieure agronome Isabelle Delannoy. L’objectif : faire vivre en harmonie les êtres humains et les écosystèmes.

Un concept que le syndicat souhaite transposer à des structures touristiques, de loisirs, de logement ou de mobilité.

Pour les années à venir, avant l’arrêt définitif du ski, la station doit cependant accepter de proposer aux clients des « conditions dégradées », avec pour objectif de « profiter des années d’enneigement restantes avec un matériel de qualité, mais sans investissement lourd »

« Chez nous, c’est une révolution, parce que nous sommes une terre de champions olympiques du ski de fond. Donc, ça, c’est déjà une étape. Il faut mettre notre énergie sur d’autres hypothèses, plutôt que de s’enfermer dans une injonction qui n’est pas viable », poursuit Olivier Erard pour La Relève et la Peste.

Des signes de maturité, pour le formateur, qui selon lui, permettent une plus grande adhésion à la démarche.

« Aujourd’hui, la mécanique est en place à l’échelle du territoire. Je ne m’attendais pas trois ans après à ce que ce soit autant le cas. Il y a un véritable phénomène d’accélération de cette transition », conclut Olivier Erard pour La Relève et la Peste.

Source : « Accompagner la transition touristique du Haut-Doubs », O-Doubs.com

 

Juliette Boffy

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