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TotalEnergies veut artificialiser 19ha d’un parc naturel pour faire une centrale photovoltaïque dans le Lot

“Il faudrait abattre pas moins de 7000 arbres. On n'est pas contre le fait de construire du solaire, mais ça ne peut pas se faire à n'importe quel prix !”

Situé au coeur du Parc naturel régional (PNR) des Causses du Quercy, le projet de centrale photovoltaïque de Total détruirait 19 hectares de pelouse sèche et de forêts, sans compter les atteintes à la biodiversité. Une aberration pour ses opposants, parmi lesquels l'Association environnementale Lot Célé (AELC) qui a décidé de lancer un recours contre le géant pétrolier.

C’est une lutte de longue haleine, mais le jeu en vaut la chandelle pour les membres de l’Association environnementale Lot Célé (AELC). Fondée en décembre dernier, l’association bataille de longue date contre le projet du géant TotalEnergies, qui veut installer un parc photovoltaïque de 19 hectares, soit l’équivalent d’environ 27 terrains de football, en plein coeur du Parc naturel régional (PNR) des Causses du Quercy, sur la commune de Tour-de-Faure, au pied du village de Saint-Cirq-Lapopie, classé parmi les plus beaux villages de France.

Soutenu par la municipalité de Tour-de-Faure, le projet, situé sur les terrains de cinq propriétaires fonciers, qui ont donné leur accord au géant pétrolier, prévoit l’installation de 44 300 panneaux photovoltaïques.

Raccordé au réseau électrique national, à Cajarc, par 18 kilomètres de lignes enfouies dans le sol, le parc devrait ensuite permettre de fournir l’équivalent de la consommation électrique annuelle d’environ 7 000 foyers, ce dont se félicite Patrick Teyssédre, maire de Tour-de-Faure et fervent défenseur du projet.

C’est une manière de contribuer au développement des énergies renouvelables et de diminuer un peu l’empreinte en carbone”, soutenait-il au micro de TF1 fin 2022.

Une manière, également, de soutenir les éleveurs du territoire, avancent les promoteurs du projet, à l’image de Martin Vignals, à qui TotalEnergies a proposé de verser un loyer en contrepartie de la location de ses parcelles inclues dans le projet.

Près de 20 hectares menacés

Des arguments qui ne passent pas pour les membres de l’AELC. D’une même voix, tous dénoncent ce projet qui, pour produire de l’énergie “verte”, impliquerait de défricher 11,2 hectares de pelouse sèche et 8 hectares de forêts.

Il faudrait abattre pas moins de 7 000 arbres, tempête Jean-Luc Gaffard, secrétaire de l’AELC et habitant de la commune voisine de Saint-Martin-Labouval. On n’est pas contre le fait de construire du solaire, mais ça ne peut pas se faire à n’importe quel prix !

Un projet d’autant plus aberrant pour ses opposants, que le PNR des Causses du Quercy a été labellisé Geoparc de l’Unesco, un label attribué à des territoires présentant un patrimoine géologique remarquable.

Beaucoup de visiteurs viennent pour du tourisme vert ou culturel, mais avec ce projet, on peut facilement imaginer qu’ils seront moins nombreux”, regrette Jean-Luc Gaffard.

Sans compter que la construction du parc photovoltaïque menace également la biodiversité du site, alors que sur place sont recensées, entre autres, neuf espèces d’orchidées remarquables, vingt-deux espèces d’oiseaux, dont seize protégées, et trois espèces de reptiles protégées.

Manifestation contre le projet

Deux recours devant le Tribunal administratif

Décidée à empêcher le projet de voir le jour, l’AELC a contribué à lancer deux recours devant la Tribunal administratif de Toulouse, suite à la signature du permis de construire par la préfecture du Lot en janvier 2023.

Le premier recours vise directement le permis de construire, détaille Jean-Luc Gaffard. Il est porté par l’association Canopée, venue à notre soutien. Il a été retoqué, mais on a refait appel”, poursuit-il.

Le second recours, porté par l’AELC, porte sur le permis de défrichement. Une lutte juridique qui s’inscrit dans une bataille menée depuis plusieurs années par les opposants au projet.

En 2019, déjà, la direction du PNR avait émis un avis défavorable au projet de Total, contraire, selon elle, à la Charte du Parc. Un rapport de la Mission régionale d’autorité environnementale (MRAE) avait par la suite émis de fortes réserves quant au “choix final d’implantation” du projet, “qui ne correspond pas à l’échelle du site et à la solution du moindre impact environnemental”.

Plus récemment encore, le conseil départemental du Lot a, lui, adopté une motion concernant le projet de Total, soulignant qu’il ne s’inscrivait pas dans la charte départementale pour le développement des énergies renouvelables.

“On est prêts à bloquer les machines”

Alors que le tribunal administratif de Toulouse devrait rendre sa décision dans les prochains mois, Jean-Luc Gaffard se dit confiant au vue des initiatives qui se multiplient à l’encontre du projet : une réunion publique et une rencontre avec la préfecture en mai, un pique-nique festif sur le Causse en juillet, une grande marche organisée en août le long de la dorsale de raccordement électrique prévue entre le site et la commune de Cajarc et qui a réuni près de 300 personnes…

Il y a une vraie mobilisation, on sent que la contestation grandit”, détaille le militant, qui ne cache pas sa joie de voir l’AELC comptabiliser aujourd’hui environ 500 adhérents, alors qu’elle n’en comptait qu’une poignée à sa création.

Et de renchérir : “Si le tribunal ne nous donne pas raison, qu’ils soient préparés, on est prêt à bloquer les machines. Au moindre engin qui débarque, il y a 150 personnes qui répondent présentes dans les deux heures !” poursuit le retraité, saluant les actions de désobéissance civile menées contre la destruction du vivant, à l’image de celles des “écureuils” dans le cadre de la lutte contre l’A69 entre Toulouse et Castres.

Déterminée à se mobiliser sur tous les fronts, l’AELC devrait également rencontrer la préfecture prochainement pour faire un point sur la situation, annonce Jean-Luc Gaffard.

Mais on avance, assure-t-il, et on reste confiants. Quand on voit la contestation qui se développe contre ce projet, on se dit que même si on perd les recours, ils vont vraiment avoir du mal à démarrer le chantier.

Selon les décisions du Tribunal administratif de Toulouse, le géant pétrolier espère, lui, pouvoir démarrer les travaux au plus vite pour une mise en service estimée à 2025.

 

Cecile Massin

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