En Suisse, le Conseil Fédéral vient de trancher en faveur d’une mesure d’étiquetage obligatoire sur les denrées alimentaires dès lors que leur production comprend des pratiques douloureuses pour les animaux. L’industrie de la fourrure est également visée par cette initiative.
Cette avancée juridique, qui entrera en vigueur le 1er juillet, s’inscrit dans une volonté d’accroître « la transparence vis-à-vis des consommatrices et des consommateurs, en leur permettant de faire leurs achats en toute connaissance de cause », comme l’indique le Conseil Fédéral.
L’étiquetage sur la souffrance animale
Cette obligation sera imposée à tout établissement proposant de la nourriture : restaurants, commerces de proximité, supermarchés… Ils devront mentionner explicitement, sur les emballages, les traitements infligés aux animaux lorsqu’ils comportent des actes cruels réalisés sans anesthésie.
Voici les produits qui seront soumis à cet étiquetage obligatoire :
- La viande de bœuf issue d’animaux castrés ou écornés sans anesthésie.
- La viande de porc lorsque les animaux ont été castrés, lorsque leur queue a été coupée ou leurs dents cisaillées sans anesthésie.
- Les œufs de poules et la viande de volaille lorsque le bec des animaux a été coupé sans anesthésie.
- Le lait de vache lorsque les animaux ont été écornés sans anesthésie.
- Les cuisses de grenouilles sectionnées sans que les animaux n’aient été anesthésiés.
- Le foie et la viande de canard et d’oies gavés.
Cette décision s’appuie sur le principe fondamental du droit à l’information du consommateur. Elle s’ancre également dans une tendance de fond amorcée depuis des années, qui vise à améliorer la condition animale.
En 2022, un référendum pour interdire les élevages intensifs avait été soumis au vote. Bien que rejeté, il avait rassemblé 37,1% de voix favorables – soit un peu plus d’un million de citoyens ayant voté pour –, révélant une sensibilité grandissante à la condition animale dans l’opinion publique.
Le nouveau dispositif vise à combler un vide règlementaire. Jusqu’à présent, si les labels de bien-être animal sont de plus en plus courants, aucun cadre légal ne forçait les producteurs à révéler les pratiques douloureuses dans la chaîne de production. L’information est souvent laissée à la discrétion des marques ou des initiatives militantes, reléguant la souffrance animale au rang de variable marketing.
Des exigences renforcées pour une traçabilité totale
Ce 1er juillet, c’est également l’industrie de la fourrure qui se retrouve dans le collimateur du pouvoir exécutif suisse. En effet, le Conseil fédéral interdit l’importation de fourrures issues de pratiques cruelles envers les animaux. Une décision salutaire, qui s’accompagne d’un durcissement des obligations pour les enseignes concernées.
Fini les étiquettes floues et les provenances opaques : désormais, les magasins spécialisés – marques de mode et plateformes de vente en ligne – devront rendre des comptes. Il ne suffira plus d’indiquer l’espèce animale ou le pays d’origine ; il faudra également prouver que la production respecte des critères éthiques stricts, dénué de cruauté animale.
Une exigence de transparence qui vient bousculer un secteur qui a perduré trop longtemps à cause de lois peu contraignantes et d’une opacité entretenue par ses producteurs.