A Limoges, si réhabilité, un aqueduc datant de l’ère romaine pourrait transporter 2500 m³ d’eau par jour. Emile Roger Lombertie, le maire, souhaite lui redonner une utilité et l’utiliser pour arroser les plantes de la ville, afin d’économiser au maximum l’eau alors que la Ville connait d’importants problèmes à cause de la sècheresse.
A l’origine, l’aqueduc faisait 7 kilomètres. Jean-Pierre Loustaud, docteur en archéologie, spécialiste de Limoges, estime que les romains ont retiré 11 000 m³ de roches pour construire l’ouvrage. Aujourd’hui encore, 2500 m³ d’eau transiterait par cet ouvrage, si l’eau n’était pas coupée.
L’aqueduc capte plusieurs sources dans un vallon qui se trouve près de l’actuelle rue Galliéni, face à l’université Laborie. Il a été coupé lors de la construction du parking de la place d’Aine. L’eau qui s’y écoulait a été dérivée dans les égouts.
C’est cette eau que Jean-Pierre Loustaud propose à l’actuel maire de Limoges d’utiliser pour arroser les plantations municipales et ainsi économiser l’eau du réseau d’eau potable. Selon l’archéologue, redonner une utilité à un ouvrage de 2000 ans est une première en France.
Construits à partir de l’an 30 de notre ère sur demande de l’équivalent du maire de l’époque, Postumus, les aqueducs gallo-romains de Limoges servaient à alimenter en eau de source la ville Augustoritum et ses quelque 15 000 habitants. Au total, le réseau souterrain des aqueducs antiques de Limoges est composé de dix kilomètres de drains et de galeries souterraines.
En 2022, la municipalité s’était déjà illustrée sur le gaspillage de l’eau, en récupérant l’eau de vidange de deux bassins de natation pour arroser les espaces verts. 1 million de litres avaient ainsi été récupérés.
Pour le maire, qui s’est exprimé auprès de France Bleu, l’objectif est de réduire de 10% d’ici 2030 la consommation de Limoges, qui s’élève aujourd’hui à plus de 250 millions de litres par an.
D’après lui : « Il est important qu’on ait une vision qui associe toute la population. L’enjeu est de lutter contre le réchauffement climatique et contre la sécheresse. »
Il développe : « Il s’agit de coordonner l’ensemble du cycle de l’eau avec la métropole et pour la ville de Limoges. Le citoyen doit apprendre à économiser l’eau et à l’utiliser dans les meilleures conditions. Nous [la municipalité] devons faire en sorte de préconiser ce qui peut permettre la récupération de l’eau et de diminuer la consommation.
Nous allons faire appel à la technologie, récupérer l’eau des piscines, permettre à nos concitoyens d’avoir une aide à l’achat de récupérateurs d’eau et déboucher progressivement avec le conseil municipal des enfants sur la réflexion autour de l’eau. »
« Nous avons trois aqueducs sous la ville, il est important que cette eau ne soit pas abandonnée. (…) Nous sommes en situation de danger pour la structure de nos maisons. Avec la rétraction liée à la sécheresse, les maisons se fragilisent. Il est important de tenir nos sols arrosés pour rafraîchir la ville, et permettre une meilleure vie des citoyens. »
Le 16 juin 2023, Emile Roger Lombertie annonce à propos de l’aqueduc, lors d’une conférence de presse , qu’il faut : « le nettoyer et mettre en place les outils pour utiliser cette eau qui circule dans la ville et se déverse dans les égouts et la Vienne. » Reste à conduire les études qui permettront de redonner une utilité à ce très ancien ouvrage.
Outre l’aqueduc et les piscines, la récupération de l’eau de vidange devrait être mise en place pour les bassins de l’aquarium. La municipalité veut également végétaliser les espaces urbains, notamment les cours d’école, trop bétonnées.