Selon un nouveau rapport d’Oxfam France, les rémunérations des PDG des entreprises du CAC 40 ont encore battu des records en 2022. Ces derniers ont gagné en moyenne 130 fois plus que leurs salariés. Les écarts de rémunération ne cessent de progresser depuis 2019.
CAC40, des salaires vertigineux
En cette semaine célébrant la journée internationale des travailleurs le 1er mai, il est des chiffres qui ne semblent pas honorer la juste répartition des rémunérations entre salariés et dirigeants du CAC 40.
Certains donnent même le vertige : si, en moyenne, le salaire perçu par les patrons du CAC 40 est 130 fois supérieur à celui de leur salarié, les records sont détenus par les entreprises Téléperformance, Carrefour et Stellantis. En 2022, leurs dirigeants ont touché respectivement 1453 fois, 426 fois et 341 fois plus que le salaire moyen de leur société.
Par ailleurs, pour cette même année, l’ensemble des PDG ont gagné en moyenne 6 659 169 euros, soit 27 % de plus qu’en 2019, tandis que les salaires moyens des employés ont eux augmenté de seulement 9 %.
Des inégalités hommes-femmes marquées
Mais le rapport révèle aussi une inégalité de revenus hommes-femmes très nettement marquée. En effet, dans les entreprises du CAC 40, les hommes dirigeants ont touché 2,4 fois plus que les femmes dirigeantes en 2022, d’ailleurs représentée par seulement 2 PDG.
« La gouvernance des entreprises du CAC 40 a beaucoup de chemin à faire pour atteindre l’égalité femmes-hommes. En 2022, un PDG du CAC 40 avait deux fois plus de chance de s’appeler Jean que d’être une femme, une situation ubuesque, loin de refléter la société française », commente Léa Guérin, chargée de plaidoyer sur les questions de régulation des multinationales chez Oxfam France.
Des objectifs climatiques bafoués
Comme le pointe le rapport, les fortes injustices salariales sont aussi le fait des actionnaires des entreprises en question, qui perçoivent d’importants dividendes et « votent pour la rémunération des PDG ».
Un mécanisme qui ne sert pas les objectifs climatiques dont devraient pourtant se réclamer les grandes entreprises au vu de l’urgence écologique.
À ce titre, « la rémunération totale des patrons du CAC 40 en 2022 était indexée à 19 % sur la satisfaction des actionnaires, contre seuls 5 % sur les objectifs climatiques ».
Au total, les entreprises du CAC 40 ont versé en moyenne 76 % de leurs bénéfices à leurs actionnaires en 2022.
« Tant que les PDG seront incités à choisir la satisfaction des actionnaires plutôt que les salarié.e.s ou l’environnement, on ne pourra enclencher une réelle transformation sociale et écologique. Il est temps que l’entreprise soit bénéfique pour tout.te.s et non plus bénéficiaire pour quelques un.e.s. », ajoute Léa Guerin.
Aujourd’hui, Oxfam France demande à ce que soit imposé un salaire plafond qui « respecte un écart de rémunération maximum de 1 à 20 entre le dirigeant et le salaire médian de l’entreprise », mais aussi la garantie d’un salaire décent, ou encore l’encadrement des rémunérations des dirigeants dans l’objectif de « réduire l’impact de l’intérêt actionnarial sur leurs prises de décisions ».
Source : « CASH 40 : Trop de millions pour quelques hommes », Oxfam France, Avril 2024