Avec le réchauffement climatique, près de la moitié des espèces étudiées ont commencé à migrer à mesure que leurs habitats historiques deviennent inhospitaliers. Une étude révèle que la migration des arbres, déjà très lente, pourrait bien signer leur trépas en les menant vers des sols qui n’ont pas le réseau fongique souterrain dont ils ont besoin pour vivre.
La plupart des plantes forment des partenariats souterrains avec des champignons mycorhiziens, des champignons microscopiques filamenteux qui poussent dans le sol et se connectent aux racines des plantes pour fournir aux plantes des nutriments essentiels en échange de carbone. Les chercheurs estiment que 60 % des arbres de la planète vivent en symbiose avec un certain type d’entre eux, les ectomycorhiziens.
Une équipe de chercheurs s’est donc intéressée à l’impact du dérèglement climatique sur la symbiose entre les deux organismes. Publiés ce 27 mai dans la revue de l’Académie des sciences des États-Unis (PNAS), leurs résultats lancent l’alerte.
« En examinant l’avenir de ces relations symbiotiques, nous avons constaté que 35 % des partenariats entre les arbres et les champignons qui interagissent avec les racines des arbres seraient affectés négativement par le changement climatique », explique l’auteur principal Michael Van Nuland, écologiste fongique à la Société pour la Protection des Réseaux Souterrains (SPUN).
Les arbres les plus menacés par ce déséquilibre climatique en Amérique du Nord sont ceux de la famille des pins, constatent les auteurs. Les zones particulièrement préoccupantes sont les limites des aires de répartition des espèces, où les arbres sont souvent confrontés aux conditions les plus difficiles.
Les auteurs y ont découvert que les arbres ayant un taux de survie plus élevé dans ces endroits ont des relations avec des champignons mycorhiziens plus diversifiés, signe que ces symbioses peuvent être essentielles pour aider les arbres à résister aux effets du changement climatique.
« Les champignons ectomycorhiziens ont une relation avec le climat différente de celle des arbres ectomycorhiziens », explique la co-auteure Clara Qin, scientifique des données au SPUN. « Nous avons découvert que les arbres seront les perdants si leur symbiose est brisée. »
L’étude met en lumière la manière dont le changement climatique pourrait affecter les symbioses.
« Bien que nous nous attendions à ce que les migrations liées au climat soient limitées par des facteurs abiotiques tels que la disponibilité d’espace à des latitudes et des altitudes plus élevées, nous ne tenons généralement pas compte des limitations biotiques telles que la disponibilité de partenaires symbiotiques », explique Qin.
« Il est absolument vital que nous continuions à travailler pour comprendre comment le changement climatique affecte les symbioses mycorhiziennes », déclare l’auteur principal de cette étude, l’écologue Van Nuland. « Ces relations sont à la base de toute vie sur Terre – il est essentiel que nous les comprenions et les protégions. »