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Lancement de l’Observatoire Français des atteintes à la liberté de la presse

« Un journaliste qui nous dit, “ça fait deux fois en un an que je me fais démonter mes pneus de voiture”, on va pouvoir l’aider, l’écouter, l’orienter vers des avocats »

Face à la montée des atteintes à la liberté de la presse, aux agressions physiques ou psychiques envers les journalistes, à la censure, à la concentration des médias, et à tout autre type d’entraves, des journalistes et citoyens lancent l’OFALP, l’Observatoire Français des atteintes à la presse.

La conférence de lancement de l’association se tient au Dissident Bar, dans le 9ème arrondissement parisien. Un lieu de liberté d’expression fondé par le journaliste d’investigation pakistanais Taha Siddiqui qui, après avoir échappé à une tentative d’enlèvement et d’assassinat dans son pays natal, a trouvé refuge en France en 2018. On ne pouvait pas faire mieux dans la symbolique.

L’observatoire est né du constat commun d’augmentation des atteintes à la liberté de la presse. Bien que le sentiment soit largement partagé dans le milieu journalistique, il n’en reste pas moins « diffus », avec peu de « données pour le prouver, l’objectiver » explique Lucile Berland, journaliste co-présidente de l’association.

Référencer les atteintes à la liberté journalistique

L’OFALP entend répertorier tous types d’atteintes verbales, physiques, financières, menaces, insultes, censures, ou encore procédures baillons à l’encontre des journalistes. L’objectif est d’apporter des données qualitatives et quantitatives sur ces atteintes.

Chaque année, au printemps, l’observatoire publiera un rapport qui dessinera les grandes évolutions de l’état de la liberté de la presse en France. Le premier sortira début 2025. 

Les atteintes seront référencées dans un outil en ligne consultable par tous les citoyens, avec des données anonymisées lorsque cela est nécessaire. Elles seront classées en 17 catégories : procédures judiciaires et procédure bâillon, pressions, censures ou encore atteintes à l’indépendance.

Le but principal est de déterminer s’il existe des champs d’investigation dans lesquels les journalistes sont plus impactés (environnement, santé, agro-industrie, etc). Il veut aussi déterminer si certains médias ou certaines atteintes ou auteurs d’atteintes sont plus représentés que d’autres, et « pour lesquels les évolutions d’une année sur l’autre peuvent s’avérer particulièrement inquiétantes ».

Un protocole rigoureux

Pour ce faire, l’OFALP va mettre en lien les informations sur le sujet publiées par des associations comme Anticor ou Reporters Sans Frontières. Elle développera également un outil de signalement sur son site internet pour que les journalistes victimes d’entraves puissent directement la contacter.

Un protocole rigoureux sera ensuite mis en place, avec deux groupes de travail. Le premier sera formé de journalistes et de citoyens en charge de la collecte des informations (contextes, victimes, et auteurs) et de caractériser la gravité des faits (intégrité physique, intégrité morale, respect des sources, etc). Le second groupe sera composé uniquement de journalistes et portera sur la vérification de ces informations.

« Cet observatoire sera, à moyen terme, nous l’espérons, un lieu vers lequel les journalistes, qu’ils soient pigistes isolés ou salariés de grosses rédactions, pourront se tourner en toute confidentialité » explique l’OFALP.

Ce dernier souhaite également guider les journalistes en demande vers les avocats, associations ou tout autre organisme qui pourront les aider psychologiquement ou dans leurs démarches administratives ou juridiques.

« Un journaliste qui nous dit, “ça fait deux fois en un an que je me fais démonter mes pneus de voiture”, on va pouvoir l’aider, l’écouter, l’orienter vers des avocats » insiste Olivier Scaglia, co-fondateur de l’observatoire et journaliste à Quimper.

Une entrave à la presse qui grandit en France

L’association sera accessible à tous et composée de trois collèges d’adhérents : un composé de journalistes, le second de citoyens, et le troisième de personnes morales (syndicats, associations).

L’observatoire doit être un « outil qui doit servir autant la profession que la société toute entière » indiquent ses fondateurs, « car lorsque les journalistes sont entravés, ce ne sont pas que des hommes et des femmes qui sont bâillonnés, c’est l’ensemble des citoyens qui se trouve privé d’informations d’intérêt public souvent cruciales pour le bon fonctionnement de la Démocratie. »

La création de l’OFALP est une occasion de recréer le lien de confiance entre citoyens et médias, notamment en expliquant comment travaillent les journalistes, à quelles violences et entraves ils sont confrontés.

Ces dernières années, nombre de nos confrères ont été entravés dans leur travail. Selon le Centre Européen pour la presse et la liberté des médias, 14 journalistes ont été la cible d’arrestations, de garde à vue, de convocations ou de mises sous surveillance par les autorités françaises en 2023.

Certains d’entre eux reçoivent des menaces par les secteurs sur lesquels ils investiguent, comme la journaliste bretonne Inès Léraud suite à son enquête sur l’agroindustrie et les marées d’algues vertes en Bretagne. Tout cela s’ajoute aux nombreuses violences et intimidations subies par les journalistes lors des manifestations, et ce malgré la présentation de la carte de presse aux forces de l’ordre.

C’est ce qu’a pointé le rapporteur spécial des Nations unies sur les défenseurs de l’environnement, Michel Forst, lors d’un passage sur la ZAD de la Crem’Arbre. Dans son rapport, il a demandé à ce que le travail de la presse soit facilité. Depuis un an, une grave entrave à la liberté de la presse s’opère sur le terrain, ainsi que nous l’avons dénoncé dans une tribune collective.

Plus récemment, le jeudi 29 février 2024, le journaliste Jean-Baptiste Rivoire a été condamné à verser 151 000 euros à son ancien employeur, le groupe Canal, pour avoir critiqué les méthodes de son actionnaire Vincent Bolloré dans un documentaire sorti en 2021. 

L’OFALP est un espoir pour nos confrères et nous-mêmes face aux atteintes que nous subissons. Nous soutenons et nous soutiendrons la démarche.

Florian Grenon

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