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Greenpeace et des chefs autochtones bloquent un méga-cargo de soja à Amsterdam

Par cette action, activistes et chefs autochtones veulent rappeler que la monoculture du soja entraîne une déforestation majeure en Amazonie, et menace de nombreuses populations sur place.

Accompagnés de chefs autochtones, 60 activistes venus de toute l’Europe bloquent depuis ce matin un méga-cargo transportant 60 millions de kilos de soja et provenant du Brésil. Alors que la déforestation n’a jamais autant menacée de transformer l’Amazonie en savane, ils exigent une loi européenne ambitieuse pour la stopper. Elle doit être étudiée ce 28 juin par les ministres de l’environnement des 27 pays de l’UE.

Le soja brésilien, responsable de la déforestation

C’est une surprise à laquelle ne s’attendait pas l’équipage du Crimson Ace, un méga-cargo transportant 60 millions de kilos de soja en provenance du Brésil. Tôt ce matin, 60 activistes se sont introduits dans le port d’Amsterdam pour bloquer les grilles par lesquelles ce cargo de 225 mètres de long était censé passer pour décharger son contenu.

En effet, les Pays-Bas sont la principale sont la principale porte d’entrée des marchandises en Europe, et notamment du soja qui est massivement importé d’Amérique du Sud pour nourrir les animaux d’élevage. Par cette action, activistes et chefs autochtones veulent rappeler que la monoculture du soja entraîne une déforestation majeure en Amazonie, et menace de nombreuses populations sur place.

« Ce cargo transportant à son bord des dizaines de milliers de tonnes de soja brésilien est une illustration criante de l’aberration du modèle européen de consommation et de production agricole, déclare Clara Jamart, responsable de la campagne Agriculture à Greenpeace France. Chaque année, des centaines de cargos arrivent dans nos ports chargés de soja pour nourrir nos animaux, sans garantie que la culture de ce soja n’a pas contribué à la déforestation. En continuant à importer des matières premières en fermant les yeux sur l’impact de leur production, l’Europe partage la responsabilité des incendies au Brésil. Il est temps que cette complicité cesse ! »                       

Malgré les incessantes alertes du monde scientifique, la déforestation en Amazonie a battu un triste record ce mois d’avril, avec plus de 1.000 km2 déboisés ce qui représente environ 1.400 terrains de football.

Et le temps presse. La forêt amazonienne se rapproche de plus en plus d’un point de bascule mortifère, après lequel elle risque de se transformer en savane, à force de déforestation, feux de forêt mais aussi des sécheresses qui limitent le phénomène d’évapotranspiration, indispensable à sa survie.

Au rythme actuel des choses, ce point de bascule pourrait être atteint très rapidement : entre trente et quarante ans.

Or, les solutions sont connues : de nombreux chercheurs rappellent qu’une alimentation plus végétalisée est indispensable pour enrayer la crise climatique, mais aussi préserver les terres agricoles et la biodiversité.

Le chef Alberto França Dias (Alberto Terena) s’est joint à l’action – Crédit : Joris van Gennip – Greenpeace

Peuples autochtones en danger

Et la forêt n’est pas la seule à mourir à petit feu à cause du soja, les êtres vivants qui y vivent sont tout autant menacés, ainsi qu’en témoigne la présence des chefs autochtones à bord du Beluga II, le voilier de 33 mètres de long de Greenpeace, durant cette action.

Ces menaces se sont aggravées depuis l’arrivée au pouvoir de Jair Bolsonaro, voilà déjà trois ans. Au moins sept chefs autochtones ont été assassinés depuis le début du mandat de Bolsonaro, comme les leaders Firmino Prexede Guajajara et Raimundo Benício Guajajara qui ont été tués lors d’une fusillade en voiture le 7 décembre 2019.

« Nous avons été chassés de nos terres et nos rivières ont été empoisonnées, tout cela pour l’expansion de l’agrobusiness, dénonce Alberto Terena, chef du peuple Terena dans l’État du Mato Grosso do Sul. L’Europe partage la responsabilité de la destruction de nos foyers. Mais la législation peut aider à stopper ces destructions. Nous appelons les ministres à saisir cette opportunité, non seulement pour garantir les droits des peuples autochtones mais aussi pour l’avenir de la planète. La production de nourriture pour vos élevages industriels et le bœuf importé ne doivent plus engendrer de la souffrance pour nos peuples. »

Les deux chefs à bord du Beluga II – Crédit : Joris van Gennip – Greenpeace

Lire aussi : Brésil : Les Chefs autochtones Raoni et Almir portent plainte contre Bolsonaro pour crimes contre l’humanité

C’est pourquoi, devant la porte maritime d’Ijmuiden, des banderoles ont été déployées avec l’inscription « EU: Stop nature destruction now ». Les ministres de l’environnement des 27 pays de l’Union européenne doivent se réunir le 28 juin pour discuter d’un projet de loi contre la déforestation de l’Amazonie.

Le voilier Beluga II de l’ONG, présent lors de l’action – Crédit : Marten Van Djil – Greenpeace

L’ONG Greenpeace exige que cette loi soit assez solide pour garantir la traçabilité des marchandises susceptibles d’être liées à la destruction d’écosystèmes et à des violations des droits humains.

« Cette loi doit protéger les forêts mais aussi les autres écosystèmes naturels, comme la savane du Cerrado, au Brésil, qui disparaît à cause de l’expansion de la production de soja. Elle doit également s’appliquer à tous les produits qui mettent en danger l’environnement et garantir le respect des droits humains reconnus au niveau international, et notamment la protection des terres des peuples autochtones. » précise l’ONG dans un communiqué

Au moment où nous écrivions ces lignes en fin d’après-midi, l’action avait encore cours à dans le port d’Amsterdam. « Seule la police pourra nous déloger » ont précisé les militants sur place. L’urgence vissée au cœur, activistes et autochtones sont bien décidés à tout faire pour préserver ce qui peut encore l’être.

Avec cette action spectaculaire, ils rappellent à tous cette vérité : le sort de l’Amazonie concerne le monde entier.

Crédit photo couv : Marten Van Djil – Greenpeace

Lire aussi : Après 30 ans de combat, les peuples autochtones d’Amazonie lancent un cri d’alerte avant qu’il ne soit trop tard

Laurie Debove

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