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COP27 : les pays du Sud réclament les 100 milliards de dollars annuels promis par ceux du Nord

Pour financer ces aides, certains gouvernements proposer de créer un Fonds spécifique, d’autres d’établir une réforme du système financier, tandis que le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, souhaite piocher directement à la source : en taxant les superprofits des industries des énergies fossiles.

La COP27 vient de s’ouvrir en Egypte. En première ligne face aux cataclysmes climatiques, les pays du Sud réclament aux pays du Nord les 100 milliards de dollars annuels promis pour réparer les dégâts irréversibles que leur incessante consommation d’énergies fossiles provoque chaque année.

Les dégâts irréversibles dans les pays du Sud

Les effets du changement climatique se font ressentir de plus en plus intensément, et les pays pauvres en subissent les pires impacts. De nouvelles études révèlent que l’économie mondiale a subi des milliards de dollars de dommages économiques entre 1992 et 2013, notamment à cause des vagues de chaleur de plus en plus intenses et fréquentes avec le changement climatique.

Cruauté du sort : ce sont les pays ayant émis le moins de gaz à effet de serre qui en subissent les pires conséquences, notamment dans les région tropicales pauvres. En plus de subir des « pertes et dommages » irréversibles, ces pays se retrouvent dramatiquement endettés.

« Ces catastrophes contraignent de nombreux pays à s’endetter davantage, relève le New Scientist.On estime par exemple à au moins 10 milliards de dollars le montant des dégâts causés au Pakistan par les récentes inondations. »

C’est pour cette raison qu’en 2009, les pays développés – en particulier ceux du G20 qui sont responsables de 80% des émissions mondiales de gaz à effet de serre – se sont engagés à verser chaque année 100 milliards de dollars, et ce dès 2020, pour rembourser leur dette climatique aux pays qui en souffrent le plus.

Deux ans plus tard, le compte n’y est pas : seuls 83,3 milliards de dollars ont été versés en 2020 selon l’OCDE. Pire, 70% de cette somme correspondrait en fait à des prêts, aggravant la dette de pays déjà plongés dans la détresse économique à cause du changement climatique.

Une étude publiée en juin par le groupe des Vulnérables 20, qui comprend les 58 pays les plus exposés au réchauffement climatique, signalait ainsi que les pays en développement ont perdu 525 milliards de dollars, soit l’équivalent de 22 % de leur PIB de 2019, au cours des vingt dernières années à cause des changements des températures et des précipitations provoqués par les activités humaines.

La COP27 devrait donc être le lieu d’âpres négociations pour que les pays obtiennent non seulement le versement de l’aide promise, mais également des financements supplémentaires pour compenser les « pertes et préjudices » qu’ils subissent chaque année.

Lire aussi : Les scientifiques lancent l’alerte depuis 1990 sur l’augmentation des précipitations extrêmes et des sécheresses à cause du réchauffement climatique

Le record de production d’énergies fossiles

Face à cette demande légitime, les réactions des pays émetteurs divergent. Lors de la COP26, l’Ecosse et la Wallonie s’étaient engagées à verser un million d’euros aux pays les plus vulnérables, tandis que le Danemark s’est engagé à fournir une enveloppe de 13,4 millions d’euros d’aide climatique. Alors qu’ils s’étaient toujours opposés à des réparations financières, l’Union Européenne et les Etats-Unis se sont récemment déclarés ouverts à la discussion, sans rien promettre de concret.

Pour financer ces aides, certains gouvernements proposer de créer un Fonds spécifique, d’autres d’établir une réforme du système financier, tandis que le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, souhaite piocher directement à la source :  en taxant les superprofits des industries des énergies fossiles.

Car c’est bien là l’un des grands angles morts des COP depuis leur création, il y a 30 ans, si des engagements ont bien été pris (sans aucune mesure contraignante) pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, il n’a jamais été question de tout simplement limiter à la source la production d’énergies fossiles.

« Il a fallu attendre le texte de la décision de la COP26 à Glasgow pour que les énergies fossiles soient mentionnées dans un texte de décision de COP, dans une version totalement édulcorée et vidée de sa substance. Décider d’un moratoire ou interdire l’exploitation de nouveaux gisements d’énergies fossiles est pourtant requis tant par le dernier rapport du GIEC que par l’Agence internationale de l’énergie. Mais pour l’instant, les majors pétro-gazières occidentales et les pétro-monarchies n’ont pas grand chose à craindre des COP sur le climat » analyse l’économiste Maxime Combes dans un billet sur Mediapart

Cette année, la COP27 part mal : sponsorisée par Coca-Cola, elle est boycotté par la militante emblématique Greta Thunberg qui l’a qualifiée de « machine à greenwashing », et hébergée par l’Égypte qui continue d’emprisonner de nombreux défenseurs des droits humains tout en mettant le paquet sur sa production de gaz en espérant tirer profit de la guerre en Ukraine. Le pays s’est également lancé dans un chantier pharaonique en construisant sa future capitale en plein désert, à 50km du Caire, sans rien prévoir sur de possibles énergies renouvelables pour alimenter ce mastodonte.

Les Etats-Unis, responsables de 25% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, viennent même de se féliciter d’avoir atteint un pic de production historique de pétrole et de gaz, plongeant les experts du climat dans le désarroi le plus total. Histoire d’enfoncer le clou, les scientifiques de 47 pays ont publié une lettre ouverte fin octobre dans laquelle ils expliquent qu’ « il n’y a plus de trajectoire crédible pour limiter le réchauffement planétaire en dessous de 1,5 °C ».

Malgré ces signes funestes, le bras de fer entre les pays du Sud et pays émetteurs ne fait que commencer. La COP restant l’une des dernières arènes géopolitiques internationales où les pays pauvres peuvent faire valoir leurs intérêts et réclamer justice.

Crédit photo couv : AHMAD GHARABLI / AFP

Laurie Debove

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