Au début du mois de mai, le Centre Athénas basé dans le Jura, qui recueille et soigne les animaux sauvages, a remis en liberté 4 lynx après leur réhabilitation et des soins prodigués durant plusieurs mois. Des colliers GPS permettent de suivre leur réadaptation.
Orphelins et victimes de collision
Praline, Amine, Piva et Buffy sont tous désormais libres et en bonne santé. C’est grâce à l’intervention du Centre Athénas, association jurassienne de protection et de soin de la faune sauvage, que les 4 lynx subadultes ont pu être relâchés dans le massif jurassien au début du mois de mai.
Parmi eux, l’une avait été victime d’une collision routière, quand les trois autres étaient orphelins.
« La jeune femelle avait une fracture de la tête du fémur. Elle a donc fait l’objet d’une opération qui a consisté à supprimer la tête du fémur pour laisser s’organiser une nouvelle articulation. Cela a très bien marché puisqu’elle court, saute, marche et peut se déplacer normalement. Les trois orphelins, sont arrivés amaigris et malades du typhus pour d’entre eux. Nous les avons donc traités à base d’antiviraux », explique Gilles Moyne, directeur du Centre Athénas, à La Relève et la Peste.
Vînt ensuite le temps de la réhabilitation, puis du relâcher.
« Cela a consisté en l’élevage, tout simplement, avec la mise en présence d’une femelle adulte non relâchable qui leur permettait d’avoir des échanges sociaux pendant la durée de l’élevage », ajoute le directeur du centre.
Pour rappel, le Centre Athénas possède une cellule de veille et d’intervention « Urgence lynx », et recueille, chaque année, au minimum 10 lynx qu’il réhabilite ensuite dans le but d’œuvrer à leur conservation. Au total, depuis ses débuts, l’association a déjà relâché 33 lynx.
Relâché de Piva © Centre Athénas
Un suivi GPS des lynx
Depuis leur relâché, les quatre animaux sont suivis grâce à un collier GPS, qu’ils garderont durant un an.
« Nous recevons un point de localisation par heure, par satellite. Lorsque l’on a un cluster de points, cela nous permet d’en déduire un stationnement, puis d’aller chercher sur place si on trouve des indices de consommation de proies », souligne Gilles Moyne pour La Relève et la Peste.
Pour les quatre lynx relâchés, des restes de proies, des renardeaux, ont été trouvés.
« C’est aussi la raison pour laquelle on les relâche à cette période, car elle est très favorable pour leur réadaptation, avec la présence de beaucoup de jeunes animaux », ajoute le directeur.
La phase de suivi dure un mois, afin de s’assurer qu’aucun problème n’est à signaler concernant la réadaptation au milieu naturel. Ensuite, le suivi est plus généraliste, et renseigne davantage les équipes sur l’amplitude de la dispersion, du temps que les lynx mettent pour trouver un territoire et la structure de leur régime alimentaire.
« En fonction de l’endroit où ils se trouvent, ce régime alimentaire va être différent. On a déjà eu le cas d’une femelle qui était dans une zone assez peu boisée et qui avait pour proie, à 70%, des renards. Pas de chevreuils. C’est aussi intéressant de casser ces lieux communs qui veulent que le lynx prélève 70 chevreuils par an », détaille Gills Moyne pour La Relève et la Peste.
Relâché d’Amine © Centre Athénas
Le lynx au cœur d’un Plan National d’Action
Le Centre Athénas rappelle toutefois qu’en 2024, 25 lynx ont été victimes de collision routière, et que le braconnage ne fait que renforcer les cas recensés d’orphelins.
« Ces 4 relâchers ne constituent qu’une réparation très partielle de la surmortalité qui s’exerce sur le lynx, et des renforcements de population sont nécessaires de façon urgente pour restaurer la génétique de l’espèce qui est considérablement dégradée », explique le Centre Athénas.
Aussi, le lynx fait actuellement l’objet d’un plan national d’actions sur la période 2022-2026, dans l’objectif de « rétablir le bon état de conservation de l’espèce sur l’ensemble de son aire de présence et ses zones de recolonisation spontanée ».
A ce titre, de nombreux acteurs dont la DREAL de Bourgogne-Franche-Comté, l’OFB, mais aussi les forestiers, éleveurs ou associations de protection de l’environnement s’associent afin d’agir sur les « menaces directes et les freins identifiés à la conservation et au développement des populations », mais travaillent également « à une meilleure acceptation de l’espèce, et une meilleure coexistence avec les activités humaines ». Enfin, les connaissances sur l’espèce doivent être améliorées, le suivi des populations renforcé et des campagnes de sensibilisation menées.
A ce jour, la population nationale du lynx boréal reste classée, par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), en danger.
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