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Aline Larvet, un parcours hors du commun d’élève-officier de gendarmerie à jardinière-paysagiste

Aux passionnés qui, comme elle, souhaiteraient se lancer, Aline Larvet n'a qu'un conseil à donner : avoir “un feu à l'intérieur de soi”, rit la jardinière-paysagiste. Surtout, très bien connaître son territoire, avoir de solides compétences en gestion, ainsi qu'un réseau développé.

Désireuse de se reconnecter à la terre, Aline Larvet a décidé de quitter son treillis et de changer radicalement de vie. Il y a un an, elle a fondé son entreprise Gouttes de vert, spécialisée dans la création de jardins urbains en permaculture dans le Maine-et-Loire.

Dans la voix d’Aline Larvet, l’enthousiasme est perceptible d’emblée. Quelques minutes seulement suffisent pour déceler son amour pour la terre, son désir d’apprendre autant que de transmettre. Difficile de croire, donc, que celle qui exerce désormais comme jardinière-paysagiste se trouvait il y a quelques années à peine parmi les rangs des élèves-officiers.

C’est vrai que j’ai un parcours atypique, sourit-elle, mais je ne regrette rien. Mon histoire, c’est ce qui fait ma force.

Son histoire, c’est d’abord celle d’une petite fille qui grandit aux alentour d’Angers, affairée à lire des livres autant qu’à construire des cabanes.

J’aimais beaucoup jouer dehors, rembobine-t-elle, même si on ne peut pas dire qu’à ce moment-là, j’avais un rapport particulier à la terre. Mon grand-père maternel était agriculteur, avec des valeurs très fortes, mais ce n’est pas vraiment quelque chose que mes parents m’ont transmis.”

Une pression forte

Adolescente, Aline Larvet dit surtout ressentir “une grande pression sociétale sur les épaules, une injonction à trouver sa place” qui la pousse à s’engager dans des études de droit, avant d’intégrer l’École des officiers de la gendarmerie nationale.

Là, “ça a été l’enfer pendant trois ans, lâche-t-elle. Je n’étais pas du tout à ma place. Je suivais un objectif qui n’était pas le mien.” Et de renchérir : “En fait, je m’étais complètement fermée à ma sensibilité, je m’étais aveuglée.

Très affaiblie, elle finit néanmoins sa formation. “Je ne regrette absolument pas, assure-t-elle avec poigne. Je suis allée au bout de mes limites et j’ai failli me brûler les ailes, mais le fait de m’en être sortie m’a donné beaucoup de force. Ça m’a aussi permis de me réaligner avec ce que je voulais vraiment”.

Se rapprocher de la nature, donc, et trouver un métier qui ait enfin du sens.

“J’étais là où je devais être”

Après une première formation en permaculture, Aline Larvet passe un an à naviguer de ferme en ferme où elle travaille bénévolement. Une expérience qui lui permet de “sortir de sa zone de confort”, dit-elle, et de se confronter à la réalité du monde agricole, à ses joies autant qu’à ses difficultés.

Ça m’a rendue très triste de voir que ceux qui nous nourrissent ne sont pas rétribués à la hauteur de leur travail, mais en même temps, j’étais là où je devais être, à nouveau connectée aux valeurs transmises par mon grand-père.

Décidée à lancer son activité, la jeune femme passe également le Brevet professionnel Responsable d’entreprise agricole (BP REA), mais elle se retrouve rapidement confrontée à d’importantes difficultés, parmi lesquelles trouver un terrain.

Le monde agricole peut être très réticent à ce que les jeunes prennent la relève, regrette-t-elle, surtout si c’est avec des schémas différents…

Privilégier le partage et la transmission

Contrainte de revoir ses plans, Aline Larvet se recentre autour de son envie première, celle de partager son amour pour la terre autant que ses connaissances auprès du plus grand nombre.

Ce qui m’a toujours intéressée, ce n’est pas forcément de vendre un produit, soutient-elle, mais un service qui permette aux gens de se rapprocher eux-mêmes de la nature.”

Une tâche à laquelle elle s’attèle désormais au quotidien depuis la création de son entreprise  Gouttes de vert en mai 2022, à Segré, dans le Maine-et-Loire. Spécialisée dans le diagnostic, la conception, l’installation, l’entretien et l’animation de jardins urbains en permaculture, l’entreprise propose aux particuliers comme aux entreprises de les accompagner tout au long de la transformation de leurs espaces verts en jardins nourriciers. Une façon de lutter contre la bétonisation croissante des villes comme de promouvoir l’autonomie alimentaire.

Et pour ça, même quand on dispose de très petites surfaces, on peut déjà faire de très belles choses !

Développer des projets en commun

En un an, Aline Larvet a installé deux jardins nourriciers chez des particuliers, et espère continuer sur sa lancée. Spécificité notable, “aucun des deux jardins n’a été livré clé en main, insiste-t-elle. Toute la philosophie de l’entreprise, c’est d’avoir des échanges réguliers avec les personnes pour qu’elles prennent elles-mêmes leur jardin en main.”

Guidée par ce même désir de transmission, la professionnelle donne également des cours au Centre national de promotion horticole (CNPH) – Piverdière (Maine-et-Loire) et publie des posts à visée pédagogique sur LinkedIn, où elle est suivie par une très large audience.

C’est important d’avoir plusieurs casquettes et puis ça me permet de tester ma capacité à transmettre mon savoir, sourit-elle. Pour le moment, j’en suis à mes débuts, mais cette entreprise, je le sais, c’est le parcours d’une vie.

Aux passionnés qui, comme elle, souhaiteraient se lancer, Aline Larvet n’a qu’un conseil à donner : avoir “un feu à l’intérieur de soi”, rit la jardinière-paysagiste. Surtout, très bien connaître son territoire, avoir de solides compétences en gestion, ainsi qu’un réseau développé.

“Une fois que tous ces éléments sont réunis, il n’y a plus qu’à. Et plus il y aura d’initiatives individuelles pour répondre à l’urgence climatique, mieux ce sera ! Mais si l’on veut vraiment changer les choses, il est impératif qu’à terme, on arrive à unir nos forces. Les limites de l’individualisme, on les voit tous les jours.”

Cecile Massin

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