La faible pluviométrie de cet hiver a provoqué une sécheresse qui affecte d’ores et déjà l’ensemble du territoire. Au-delà des problèmes sur l’eau, elle contracte le sol argileux sur lequel repose de nombreuses maisons et dégrade leurs fondations. Des fissures apparaissent dans les murs, à l’intérieur et à l’extérieur, et s’élargissent avec le temps, rendant certaines pièces et parfois des maisons entières inhabitables. Plus de dix millions de maisons sont concernées.
Hélène Niktas, membre de l’association Les Oubliés de la Canicule 01, explique pour France 3 Régions : « Quand il pleut, l’argile va se gorger d’eau et va gonfler. En période de sécheresse, lorsque l’eau s’évapore, l’argile se rétracte, à l’instar d’une éponge. Donc la maison s’affaisse car elle n’est plus portée par le terrain. »
Dans la Sarthe, du fait du sol devenu mouvant avec les récentes sécheresses, la bâtisse d’Eric Chardon s’est affaissée de 6 centimètres en 4 ans. Certaines fenêtres ne sont plus ouvrables. Une pièce a dû être condamnée pour son manque d’étanchéité, la rendant inhabitable pendant le froid d’hiver.
Des millions de maisons sont ainsi menacées dans différentes parties du territoire. Comme à de nombreux autres endroits, dans l’Ain, un couple ne peut pas déménager, car la maison n’est pas vendable du fait des fissures. Des travaux sont possibles, mais ils s’élèvent à 150 000 euros. Sans prise en charge par leur assurance, les sinistrés ne peuvent souvent pas agir sur les dégâts de la sécheresse.
Florence Lustman, présidente de France Assureurs, la fédération des sociétés d’assurance, estime auprès de Novethic : « Dans nos prévisions, les coûts des dégâts causés par les événements climatiques seront multipliés par deux à horizon 2050, et le risque qui progresse le plus selon nos projections, c’est la sécheresse. »
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D’ici 2050, le coût de ces dégâts atteindra 143 milliards d’euros en cumulés. Ces projections inquiètent les assureurs et les propriétaires : les sécheresses peuvent être couvertes par le système d’assurance des catastrophes naturelles, géré par le réassureur public CCR, si la commune où se trouve la maison est placée en état de catastrophe naturelle.
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Cette condition pour faire demande a causé à de nombreux propriétaires des difficultés pour obtenir une indemnisation. Depuis le 29 décembre 2021, la loi CatNat simplifie finalement le régime, fluidifie les versements d’indemnisation et facilite les déclarations d’état de catastrophe naturelle pour les communes.
Malgré les déclarations d’années de sécheresse par les experts, les décalages entre l’événement climatique et les dégâts causés posent des difficultés d’indemnisation car il faut prouver le lien entre sécheresse et dégradations. Une autre loi, dite 3DS, a ainsi été mise en place en février 2022 et prévoit d’allonger le délai pour la demande d’indemnisation, qui passe de deux à cinq ans.
Le gouvernement prévoit également de proposer dans l’année un nouveau dispositif d’indemnisation spécifique, qui pourrait survenir en dehors des catastrophes naturelles.
Certains services de l’Etat, tels que l’IFSTTAR, ont des préconisations aux particuliers qui envisagent de faire construire : consulter le plan de prévention des risques et notamment celui des risques sécheresses. Ces derniers sont en effet multiples. Outre les fissures, la sécheresse entraîne parfois une distorsion des portes et fenêtres, une dislocation des dallages et cloisons, ou encore des perrons qui peuvent se détacher.
Crédit photo couv : maison touchée par la sécheresse dans le Jura – BRUNO FERRANDEZ / AFP