Après l’intervention du 19 janvier où la Cour de Justice de l’Union Européenne interdisait aux États membres d’acter des dérogations pour des pesticides considérés comme toxiques par l’UE, le gouvernement français a dû capituler. En 2023, il n’accordera finalement pas de nouvelle dérogation aux semences de betteraves enrobées de néonicotinoïdes. Une victoire majeure pour toutes les associations et particuliers qui s’étaient mobilisés pour protéger la biodiversité.
Le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, a déclaré, lundi 23 janvier, que le gouvernement renonçait à demander une mesure dérogatoire autorisant l’usage des insecticides néonicotinoïdes.
« C’est terminé, a affirmé Marc Fesneau. La décision de la Cour de justice est suffisamment puissante pour ne pas instabiliser encore plus le système. »
Aussi connus sous le nom de « tueurs d’abeilles », les néonicotinoïdes sont interdites dans l’UE depuis 2018, mais une dizaine de pays dont la France prenaient régulièrement des dérogations pour continuer leur utilisation afin d’exterminer un puceron vecteur de la jaunisse de la betterave.
Seulement, les néonicotinoïdes en s’attaquant au système nerveux des insectes sont grandement responsables du déclin massif des colonies d’abeilles et de l’ensemble des arthropodes en général.
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Pire, les oiseaux sont également dévastés par ces pesticides lorsqu’ils mangent les graines enrobées par ces produits. Cette interdiction est donc un soulagement immense pour les associations de protection de l’environnement qui étaient mobilisées sur le sujet.
« Nous saluons cette décision et cette victoire que nous emportons après de rudes batailles, a réagi François Veillerette, porte-parole de l’association Générations futures. Cela fait des années que nous alertons le gouvernement sur cette impasse que sont ces dérogations accordées à des produits dangereux et qui plus est interdits ! Nous rappelons à ce sujet que les dérogations accordées en 2021 et 2022 étaient donc probablement illégales. »
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La France étant le premier producteur européen de sucre, le gouvernement compte faire activer des clauses de sauvegarde au niveau européen pour qu’il n’y ait pas de distorsion de concurrence. Le ministre de l’Agriculture a également précisé que le gouvernement « mettrait en place un dispositif qui permettrait de couvrir le risque de pertes qui serait liée à la jaunisse le temps qu’on trouve les alternatives dont on a besoin ».
Jean-Marc Bonmatin, chimiste et toxicologue, chercheur au CNRS, a rappelé sur Franceinfo que 22 alternatives existent déjà, « dont quatre solutions sont applicables immédiatement ».
Les associations de protection de l’environnement militent désormais pour que la future Loi d’Orientation Agricole permette « de repenser notre modèle agricole en favorisant des systèmes de production qui ne soient plus dépendants des intrants chimiques et en premier lieu des pesticides de synthèse. »
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