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Sevran : la municipalité dit « non » au projet de surfpark hors-norme

Selon le président de l’association Francis Redon, l’équivalent de la consommation en eau de 243 piscines olympiques aurait été utilisé chaque année. Cela correspond à 608 millions de litres d’eau par an.

Véritable retournement de situation à Sevran ! Alors que la municipalité de cette ville de Seine-Saint-Denis soutenait le projet d’une piscine à vagues gigantesque, elle a finalement décidé de l’abandonner à cause de son « empreinte écologique désastreuse ». Cette décision fait suite à des études menées par l’association Environnement 93, démontrant l’impact d’un tel projet sur les nappes phréatiques de la commune et ses espaces naturels, mais aussi à une importante mobilisation citoyenne lors d’un processus de consultation. Une jolie avancée écologique et démocratique.

Situé en Seine-Saint-Denis, ce projet immobilier hors-norme devait détruire plus de 30 hectares de terres agricoles de la Plaine Montceleux. Malgré cela, la Ville de Sevran soutenait le projet dans l’espoir d’accueillir l’épreuve olympique de surf pour les JO de Paris 2024.

A l’époque, l’ancien président de la Fédération s’était opposé à cette candidature, mettant l’emphase sur l’importance de l’océan dans la discipline, tout en apportant son soutien à la construction de cette piscine à vagues gigantesque, considérant que le complexe serait l’opportunité pour les surfeurs d’améliorer leurs performances.

Cependant, la nouvelle gouvernance de la Fédération Française s’est officiellement déclarée « particulièrement sensible à la protection de l’environnement » et a promis qu’elle « portera une attention particulière aux enjeux environnementaux avant d’accorder son soutien à un projet de vagues artificielles. »

Forte de ce nouveau positionnement, la Fédération Française de Surf a donc fini par s’opposer elle aussi au projet de vague artificielle de Sevran, ainsi qu’elle le détaille dans un courrier :

Le Syndicat des Professionnels de Surf (SPS) s’est également fortement positionné contre le projet en mettant également les risques sanitaires pour les pratiquants en avant, études à l’appui.

 » Le SPS s’est engagé depuis plus d’un an contre ces concepts en bassins artificiels, la bétonisation qu’ils entrainent, tout comme l’extraction mortifère des réserves hydriques, la promotion immobilière privée avec défiscalisation à la clé au profit non pas du citoyen mais bien d’entités privées… Les piscines à vagues en bassin artificiel font l’objet d’un basculement culturel et mercantile de notre pratique et de fait, du métier du transmetteur qu’est le moniteur de surf. » explique Michel Queyraud, le Président du SPS

LinkCity France, filiale du groupe Bouygues, est à l’origine du projet de parc privatif. La piscine était mise en avant comme un agrément au paysage pour les habitants, qui espéraient qu’elle améliorerait la réputation de Seine-Saint-Denis. Mais la vague géante et ces différents impacts étaient à l’origine très peu connus du grand public.

En effet, LinkCity n’était pas en mesure de présenter le bilan carbone du cycle de vie complet du projet, malgré son ampleur évidente : terrassement, construction, exploitation de la vague, déconstruction, recyclage, puis remise en état du site. Pourtant, LinkCity a mis en avant la soi-disant réversibilité du projet, sans preuves à l’appui.

L’aménageur ayant des appuis financiers et cherchant à montrer des avantages écologiques factices, l’association Environnement 93 est donc montée au créneau pour en démontrer les véritables impacts à travers la production de plusieurs études.

La piscine devait être alimentée par le ruissellement des eaux de pluie, des nappes souterraines et la rivière de la Marne, Environnement 93 s’est donc penchée sur sa consommation et sa provenance. Le résultat est clair, le projet serait catastrophique en termes de consommation d’eau.

Selon le président de l’association Francis Redon, l’équivalent de la consommation en eau de 243 piscines olympiques aurait été utilisé chaque année. Cela correspond à 608 millions de litres d’eau par an pour l’ensemble de l’hydrosystème Terre d’Eaux (année initiale).

Les études ont démontré que malgré les dires de LinkCity, la réutilisation d’eau pluviale ne suffirait pas et qu’il aurait fallu pomper dans les profondeurs de la nappe phréatique. De nombreux écosystèmes terrestres en étant dépendants, ils en auraient été gravement impactés.

Il est pourtant impossible de ne pas prendre en compte le changement climatique et les nouvelles difficultés qui seront présentes d’ici 20 ans, l’eau étant la première des ressources concernées par les grands dérèglements :

« Comment Linkcity va assurer le remplissage de ses bassins avec la crise de l’eau, si le volume de pluviométrie annuelle est concentré sur une période hivernale de 2 mois ? », demandait l’association environnementale Synapse Crew Europe dans son dossier sur la piscine à vagues de Sevran.

Lire Aussi : « les surfparks, un héritage désastreux laissé par la Fédération Française de Surf aux générations futures »

En outre, le projet aurait artificialisé 8,56 hectares, présentait une menace pour la biodiversité, notamment pour deux sites Natura 2000 tout proches, et la consommation d’énergie aurait été immense pour assurer la production de 700 vagues à l’heure.

Face à tous ces arguments, et suite à une importante concertation citoyenne, la municipalité a finalement décidé d’abandonner le projet pour des raisons environnementales.

La municipalité a ainsi déclaré que le projet laisserait une « empreinte écologique désastreuse ». Il va donc être retravaillé et devrait faire place à un centre aquatique plus modeste, un pôle de remise en forme et de loisirs.

Pour Francis Redon, président de l’association Environnement 93, cette décision est une belle victoire mais surtout la démonstration que les concertations citoyennes peuvent être un outil utile pour lutter contre les projets écocidaires, en redonnant du pouvoir aux habitants.

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