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Tribune : les surfparks, un héritage désastreux laissé par la Fédération Française de Surf aux générations futures

Le bétonnage excessif de zones naturelles, l’imperméabilisation de sols sur plusieurs hectares, les coupes rases de forêts, la destruction de terres agricoles, les pompages des ressources hydriques pour alimenter ces bassins artificiels bétonnés, qui plus est avec le réseau d’eau potable et publique, les grandes consommations d'énergies, ne sont pas acceptables.

Dans une lettre adressée au Président de la Fédération Française de Surf, Jean-Luc Arassus, des associations environnementales unissent leurs voix pour lui demander de prendre position contre les projets écocidaires de Surfpark prévus sur le territoire français comme à Sevran dans le 93, Castets dans les Landes, Saint-Père en Retz près de Nantes, et plus encore.

Le sport avant l’écologie

Monsieur le Président,

Nous avons pris contact avec la Fédération Française de Surf en août et octobre 2019 afin d’obtenir des éclairages sur votre politique. A chaque fois nous avons rencontré votre secrétaire général, Mr Charles Bride. Il nous a expliqué la vision politique de la Fédération qui n’intègre en aucune manière une dimension environnementale et les enjeux majeurs pour l’avenir de l’humanité et de la biodiversité.

En fait, la F.F.S est restée figée dans le siècle dernier. Elle promeut un modèle de développement devenu obsolète, qui fait passer le sport et les médailles avant l’écologie.

Vu l’urgence climatique, ce n’est plus concevable aujourd’hui. Nous découvrons une fédération déconnectée de la réalité, un fossé transgénérationnel. Mais aussi un total décalage avec la position politique de Paris 2024 et de son Président Tony Estanguet qui veulent montrer l’exemple en s’alignant sur les objectifs de l’Accord de Paris et contribuer à accélérer la transition écologique dans le sport, les territoires et les grands évènements.

Mr Charles Bride nous explique que la Fédération Française de Surf n’a pas les mêmes priorités. « Vous c’est l’environnement, nous c’est le sport, à chacun son métier«  nous explique-t-il. Quand nous évoquons avec lui le programme Eco-Surf de la FFS pour la protection de l’environnement, il nous donne pour seule réponse : « Le programme Eco-Surf a ses limites ». En fait la communication de la FFS s’apparente à du « green washing » pour verdir votre image.

Nous sourions quand la FFS indique sur son site Internet se préoccuper de la planète en sensibilisant la population au respect de l’environnement.  Extrait page Eco Surf site web F.F.S, Ou encore : « L’humanité a besoin de l’eau et il est plus que jamais temps de la protéger pour nous tous ».

La Loire asséchée – Septembre 2019

Les « piscines à vague » : projets écocidaires

Mais cette fédération qui nous incite à être des bons éco-citoyens, à faire attention à l’eau, ferme les yeux sur les zones d’ombres des « PISCINES A SURF ». Pire, elle fait la promotion sur son site internet de la technologie basco-espagnole, Wavegarden. Nous nous insurgeons contre de telles méthodes. Quels sont les vrais intérêts pour qu’un organe politique tel que la FFS fasse la promotion d’une et  unique technologie, celle de Wavegarden ?

L’étude environnementale déposée par la société Wavelandes Atlantique qui souhaite créer en partenariat avec Linkcity une piscine à surf Wavegarden à Castets dans les Landes nous livre beaucoup d’informations. Cette piscine va consommer un minimum de 230 millions de litres d’eau potable par an. C’est l’équivalent de la consommation en eau potable de 1900 familles, soit plus de 3 fois le nombre d’habitants de la commune de Castets. Nous sommes bien loin des 8% de la population annoncés.

La société Wavelandes puisera son eau à 60 m de profondeur dans les nappes plio-quaternaires. Or fin septembre 2019, les niveaux mesurés sur le département des Landes étaient inférieurs à la moyenne, conséquence d’une recharge insuffisante des eaux souterraines entre 2018 et 2019. Mais la FFS qui soutient activement ce projet se soucie peu des impacts destructeurs d’une telle piscine à surf alors même qu’elle nous demande de devenir de bons éco-citoyens. Voulez-vous prendre pour exemple ce qui se passe en Australie où des piscines à surf géantes poussent comme des champignons, (Wavegarden 3ha, Surf Ranch 7ha, Surf Lakes 12ha) pendant que le pays se consume sous les flammes par manque d’eau.

Nous vous rappelons enfin que les communes de Lacanau et Bruges en Gironde ont enterré leurs projets de piscines à vagues en 2019, les élus ayant reconnu « l’hérésie écologique et économique » de tels projets.

Collusion entre sport et intérêt privé

La FFS doit prendre conscience que sans écologie dans les projets qu’elle cautionne, il n’y aura plus de futur. Que les trophées posés sur les cheminées et qui gonflent surtout les égo de ceux qui les détiennent paraîtront dérisoires aux jeunes générations dans un futur proche. A l’heure de l’urgence climatique, de la préservation des ressources et de la biodiversité qui sont au centre des préoccupations internationales, notre futur dépend des décisions prises aujourd’hui. Tous les projets doivent être entrepris avec une vision des conséquences à moyen et long terme de nos actes.

La F.F.S rêve de disposer d’une piscine d’entraînement pour ses athlètes, mais sans prendre en compte la réalité économique. Car ces gigantesques piscines sont fortement déficitaires sans subventions publiques de plusieurs millions d’euros et un important programme immobilier adossé.

Nous avons le profond sentiment que la F.F.S est en pleine dérive. Un organe fédéral se doit également d’être exemplaire dans sa politique de sponsoring, sans chercher à servir de manière détournée des intérêts privés. En effet, la société Linkcity, filiale du groupe Bouygues, était un des sponsors officiels des derniers Championnats du Monde de Longboard en 2019 à Biarritz. En retour la FFS fait la promotion des projets du groupe avec ses piscines à surf à Sevran et à Castets.

Car le groupe Bouygues a tout intérêt financièrement à construire ces piscines si coûteuses à réaliser et subventionnées par la collectivité. Et d’autant plus s’il y a un ambitieux programme immobilier tout autour. Cela ne nous parait pas normal. Il y a là Monsieur Arassus un mélange des genres qui n’est pas acceptable. Cf post de la FFS sur le projet Wavelandes et sa technologie Wavegarden.

Ainsi la FFS est à la fois « Juge » avec l’autorité qui lui est conférée par le Ministère des Sports et « Partie » en percevant de l’argent de Bouygues-Linkcity. Comment voulez-vous que votre fédération ne soit pas suspectée d’intérêts particuliers le jour où elle devra donner un avis sur la pertinence de ces piscines à surf à des élus qui ont besoin d’être conseillés de manière impartiale.

Monsieur Arassus, nous suspectons fortement votre vision sur les enjeux environnementaux d’être biaisée face à la puissance financière de groupes immobiliers tels que Bouygues-Linkcity et Crescendo, d’autant plus quand les finances de votre fédération sont déficitaires comme il est indiqué dans votre post F.F.S actualité du 18 octobre 2018 .

Des projets de piscines à vagues en béton tels que ceux de Sevran dans le 93, Castets dans les Landes (40), la Bergerie Surf Camp à Saint-Père en Retz (44), Magic swell à Nantes (44) ou un Waves in City qui rêve d’en créer près de Paris et à Givors près de Lyon en se donnant une étiquette éco-responsable ne sont que tromperie. De tels projets ne respectent en rien l’environnement contrairement à ce qu’ils affirment.

Le bétonnage excessif de zones naturelles, l’imperméabilisation de sols sur plusieurs hectares, les coupes rases de forêts, la destruction de terres agricoles, les pompages des ressources hydriques pour alimenter ces bassins artificiels bétonnés, qui plus est avec le réseau d’eau potable et publique, les grandes consommations d’énergies, ne sont pas acceptables.

Nous, associations et collectifs signataires de cette lettre, sommes tous opposés aux concepts des « piscines à surf en béton » qui détruisent ad vitam aeternam des sites sans possibilité de pouvoir revenir en arrière. Or en parcourant la presse, nous découvrons qu’il est possible de concevoir des vagues artificielles de surf d’une manière différente, démontables, sans béton, sans imperméabilisation des sols, en préservant les terres agricoles, forestières, l’eau potable des nappes. Pourquoi la FFS cautionne-t-elle des technologies déjà obsolètes ? Pourquoi fait-elle preuve d’un tel manque de clairvoyance ?

Quant au choix du site de Castets pour accueillir une activité touristique accolée à 3 sites SEVESO classés à HAUT SEUIL DE RISQUES, cela nous parait hallucinant et encore plus après l’accident récent du site SEVESO Lubrizol de Rouen. Il faut être inconscient pour soutenir un parc de loisirs qui annonce 180.000 visiteurs par an et 3.000 entrées maxi par jour, dans une zone boisée de pins et à 500 mètres de la zone des trois sites industriels SEVESO de Castets.

Vue aérienne de l’emplacement du surfpark prévu à Castets, avec les trois usines Seveso

Comment la FFS peut-elle soutenir un parc de loisirs avec une piscine à surf et son programme immobilier dans une zone aussi sensible et si loin des valeurs du surf ? Comprenez nos questionnements.

En voyant les images de Lubrizol, le Maire a tout de suite pensé à ce qui pourrait se passer à Castets : « On est serein, mais nous ne sommes pas naïfs. Nous savons que ce risque existe, il est là, aux portes de notre village. Mais ce qui a bien été conçu par mes prédécesseurs c’est l’emplacement. Ces sites ont été construits de l’autre côté de l’autoroute, avec très peu de riverains autour, il n’y a pas d’urbanisation, ils sont vraiment au milieu des pins. Et en plus ils sont au sud et les vents dominants sont d’ouest. »

Monsieur Arassus, nous souhaitons engager avec vous un dialogue pour convaincre la F.F.S d’abandonner son soutien à des projets de piscines à vagues en béton qui sont non compatibles avec la préservation de la planète et imaginer ensemble des alternatives plus respectueuses de l’environnement.

Aussi, les associations et collectifs écologistes de France se tiennent à votre disposition pour renouer ce dialogue indispensable pour la crédibilité de la FFS face aux enjeux environnementaux de demain, pour l’éthique du surf et  l’héritage laissé aux générations futures.

Nous vous prions de recevoir, Monsieur le Président, nos respectueuses salutations.

Collectifs et associations signataires: Synapse Crew Europe, Amis de la Terre 40, nousTous, Collectif des Surfers Landais, Collectif des Surfers du Born, Collectif Landes Urgence Climat et Environnement, Born Interactif, Sepanso Aquitaine.

Soutiens à la démarche : FNE Pays de la Loire, Bretagne Vivante, LPO 44, Natur Action 44, Eau et Rivières de Bretagne.

Laurie Debove

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