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Quinquennat Macron : « nous sommes gouvernés par une association de malfaiteurs »

Depuis l’élection d’Emmanuel Macron, une quinzaine de ses ministres et membres de cabinet ont été entendus ou directement visés dans des affaires ou enquêtes judiciaires.

Au tout début de son quinquennat, Emmanuel Macron l’avait affirmé : « La moralisation de notre vie publique sera dès le premier jour le socle de mon action ». Cet engagement a été un échec retentissant, voire une promesse mensongère. Des plus illustres aux moins connus, voici le florilège des déboires judiciaires et scandales politiques qui jalonnent le quinquennat Macron. Loin de remettre en cause ou de punir les fautifs, ces derniers ont été le plus souvent ardemment soutenus par le gouvernement, quand ils n’ont pas carrément été récompensés. Un bilan essentiel à l’aube des prochaines élections présidentielles.

La situation est pour le moins ironique, si ce n’est dramatique. Porté au pouvoir par, entres autres, la perte de puissance de la droite traditionnelle causée par l’affaire Fillon, Emmanuel Macron se voulait prétendument le chantre de la moralisation de la vie publique à travers un premier projet de loi.

Si ce texte de loi sur la confiance dans la vie publique a permis quelques maigres avancées, les affaires mettant en cause des ministres ou des proches d’Emmanuel Macron ont régulièrement défrayé la chronique au cours de ces cinq années de mandat présidentiel. A tel point que nous pouvons les classer par catégories, selon les chefs d’accusation.

Prise illégale et conflits d’intérêts

Eric Dupond-Moretti : ministre de la justice, toujours en poste

À moins d’un an des présidentielles, cette nouvelle affaire qui a entaché la majorité est aussi l’une des plus marquantes. Vendredi 16 juillet 2021, le ministre de la justice, Éric Dupond-Moretti, a été mis en examen pour des soupçons de « prise illégale d’intérêts », par la Cour de justice de la République (CJR), seule juridiction habilitée à poursuivre et juger des membres du gouvernement pour des infractions commises dans le cadre de leurs fonctions.

A l’origine de l’affaire, les plaintes déposées par trois syndicats de magistrats et de l’association Anticor qui reprochent au garde des Sceaux d’avoir abusé de son rôle de ministre de la Justice pour ouvrir, en septembre 2020 (deux mois seulement après sa prise de fonction), une enquête administrative à caractère disciplinaire contre trois magistrats du Parquet national financier (PNF) — Patrice Amar, Éliane Houlette et Ulrika Delaunay-Weiss — pour une affaire qui l’a directement concerné quand il était avocat. 

Après une première audience le 16 juillet, il sera de nouveau convoqué devant la Cour de justice de la République (CJR) le 28 février. C’est la première fois, en France, qu’un garde des Sceaux en exercice est l’objet d’une telle procédure.

Malgré la colère des syndicats de magistrature, qui ne le considèrent plus comme un interlocuteur légitime, Eric Dupond-Moretti a déclaré vouloir rester en poste jusqu’au bout. Le Premier ministre, Jean Castex, lui a renouvelé « toute sa confiance ».

Richard Ferrand : Président de l’Assemblée Nationale, toujours en poste

Il devait être ministre de la Cohésion des territoires, il est devenu Président de l’Assemblée Nationale. A peine nommé à son ancien poste de ministre, Richard Ferrand a été contraint de démissionner suite aux révélations du Canard enchaîné.

En 2011, Richard Ferrand a attribué un marché public à l’entreprise de sa compagne pour la mise à disposition d’un local commercial, alors qu’il dirigeait les Mutuelles de Bretagne. En mars 2021, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Douai a donné raison à Richard Ferrand en estimant que les faits étaient prescrits depuis 2012.

Face à cette décision, l’association anti-corruption Anticor, à l’origine de la plainte, a annoncé le vendredi 12 avril qu’elle formait un pourvoi en cassation. La disgrâce politique n’aura pas été longue. Après avoir démissionnée du gouvernement le 19 juin 2017, Richard Ferrand a succédé à François de Rugy à la présidence de l’Assemblée nationale en septembre 2018. Malgré ce pourvoi en cassation, il a refusé de quitter son poste de Président.

Richard Ferrand – Assemblée nationale – Crédit : Jacques Paquier

Lire aussi : Anticor, l’association anticorruption qui dérange les dirigeants politiques français

Alexis Kohler : secrétaire général de l’Elysée, toujours en poste

Pour Alexis Kohler, le secrétaire général de l’Elysée, les déboires judiciaires ont également démarré grâce à une plainte d’Anticor pour « prise illégale d’intérêts » et « trafic d’influence ». Après avoir échappé une première fois à des poursuites judiciaires dans le cadre de l’affaire Benalla en juin 2019, il a de nouveau été mis hors de cause en août 2019 dans une affaire de conflits d’intérêts.

Pendant des années, le bras droit d’Emmanuel Macron a dissimulé ses liens familiaux avec l’armateur italo-suisse MSC, fondé et dirigé par des cousins de sa mère, alors qu’il était membre du conseil de surveillance du Grand port maritime du Havre (GPMH).

Durant cette mission, il a octroyé de l’argent public à MSC en approuvant des contrats en faveur de la filiale française du groupe, un fait attesté par des procès-verbaux. De surcroît, Alexis Kohler est devenu directeur financier de MSC Croisières en 2016.

Face à de nouvelles révélations en juin 2020, le parquet national financier (PNF) a finalement décidé de reprendre les investigations pour « prise illégale d’intérêt », « trafic d’influence » et « défaut de déclaration à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique ».

Ce qui a remis le feu aux poudres : une lettre manuscrite d’Emmanuel Macron datée du 1er juillet 2019, quelques jours avant qu’Alexis Kohler ne soit auditionné par les policiers. Le Président de la République a rédigé la missive pour prendre la défense de son proche collaborateur. Il y jure qu’Alexis Kohler n’est jamais intervenu, au moment où il était son directeur de cabinet à Bercy, dans des dossiers liés à MSC.

« D’évidence, ce courrier a été écrit pour influencer une enquête préliminaire dont les conclusions avaient déjà été rendues », estime Elise Van Beneden, présidente d’Anticor.

Le ministre français de l’Economie, Emmanuel Macron, suivi de son chef de cabinet Alexis Kohler, quittent l’hôtel Matignon après avoir assisté à une réunion des ministres et des ministres subalternes avec le Premier ministre le 4 juin 2015 à Paris. – Crédit : Jacques DEMARTHON / AFP)

Olivier Dussopt : ministre chargé des Comptes publics, toujours en poste

A côté de ses homologues, le cas d’Olivier Dussopt pourrait presque faire pâle figure. Actuel ministre de l’Action et des Comptes publics, cet ancien député est visé par une enquête du parquet national financier (PNF) pour « corruption » et « prise illégale d’intérêts » suite à des révélations de Mediapart.

En 2016, alors député-maire d’Annonay (Ardèche), Olivier Dussopt avait signé un contrat avantageux pour la société de traitement de l’eau Saur et sa commune. Six mois après, l’entreprise lui a offert en cadeau deux lithographies du peintre Gérard Garouste estimées à environ 2 000 euros.

Face aux questions de Mediapart, Olivier Dussopt s’était d’abord justifié en évoquant un présent offert par un « ami » avant d’admettre par écrit, le lendemain, qu’il s’agissait bien d’un « cadeau de l’entreprise » et a déclaré avoir restituer les œuvres.

Le domicile de Dussopt a été perquisitionné en août 2020 par l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales pour vérifier ses propos. Depuis, la procédure stagne et le ministre est toujours en poste.

Olivier Dussopt Député de la 2ᵉ circonscription de l’Ardèche – Crédit : Pierre Antoine

Sébastien Lecornu : ministre des Outre-Mer, toujours en poste

Depuis mars 2019, le PNF enquête aussi sur Sébastien Lecornu, ministre chargé des Outre-mer. Il est soupçonné de « prise illégale d’intérêts » concernant ses activités passées à la tête du département de l’Eure et « omission de déclaration à la HATVP » pour celles au conseil d’administration de la Société des autoroutes Paris Normandie (SAPN).

Dans sa déclaration à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), M. Lecornu a affirmé avoir reçu entre juillet 2016 et juin 2017 un total de 7.874 euros bruts de « jetons de présence » comme administrateur de la SAPN. Or, au même moment, Sébastien Lecornu était également président du département de l’Eure, et a « à ce titre, approuvé plusieurs délibérations » de la collectivité ayant trait à la SAPN : au moins quatre selon Le Canard, et cinq selon Libération.   

Le 15 avril, Sébastien Lecornu a été interrogé à Nanterre par les policiers de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF) lors d’une audition libre. Il a vivement contesté les faits qui lui sont reprochés en expliquant qu’il n’y a rien d’inhabituel à ce que les présidents de conseil départemental siègent au conseil d’administration des sociétés chargées d’aménager le territoire.

Pour l’heure, l’enquête est toujours en cours et le ministre, toujours en poste, espère bien occuper une place stratégique, comme le rapporte Les Echos, dans la très-probable campagne de réélection d’Emmanuel Macron après un automne à temporiser les multiples situations de crise dans les DOM-Tom, en faveur de l’Etat français.

Sébastien Lecornu en 2020 – Crédit : Gautier Gadriot

Détournement de fonds publics et abus de confiance

François Bayrou : président du Modem, toujours en poste

Le 9 juin 2017, le parquet de Paris a ouvert une enquête visant le MoDem, présidé par François Bayrou, sur des soupçons de détournement de fonds publics pour des emplois fictifs d’assistants parlementaires. Des collaborateurs d’eurodéputés MoDem, notamment Marielle de Sarnez, Robert Rochefort et Sylvie Goulard, auraient été rémunérés par des fonds du Parlement européen alors qu’ils ne travaillent pas sur ce dossier pour le parti centriste.

Au total, quinze personnes, dont l’actuel président du Modem, François Bayrou, l’ancien garde des Sceaux Michel Mercier, Sylvie Goulard, et l’ancien député européen Jean-Luc Bennahmias sont poursuivis depuis 2017 par des juges d’instruction du pôle financier du tribunal judiciaire de Paris.

Dans cette affaire, trois ministres choisis par Emmanuel Macron ont été obligés de quitter le gouvernement dès le début de son mandat. Sylvie Goulard, ministre des Armées, François Bayrou, ministre de la Justice, et Marielle de Sarnez (décédée en janvier 2021), alors ministre des Affaires européennes, ont dû démissionner un mois seulement après leur entrée au gouvernement, en juin 2017.

Un véritable retournement de situation pour François Bayrou, qui aurait dû construire le projet de loi sur la moralisation de la vie politique française, en sa qualité de ministre de la Justice au début du quinquennat Macron.

L’enquête est toujours en cours et vise désormais les partis politiques impliqués dans l’affaire : le Modem et son ancêtre, l’UDF, ont été mis en examen en décembre 2021 pour « complicité et recel de détournement de fonds publics » par les magistrats du pôle financier du tribunal de Paris. Les partis et les personnalités politiques visées ont toujours fermement nié les accusations dont ils font l’objet.

François Bayrou – Crédit : Régions Démocrates 2010

Jean-Paul Delevoye : Haut-commissaire aux Retraites, sorti de la vie publique

 Il devait être l’artisan de la réforme des retraites, il a dû démissionner de son poste de haut-commissaire aux Retraites le 16 décembre 2019 suite à des révélations en série sur ses multiples « omissions » dans sa déclaration à la HATPV, dont certaines susceptibles de générer des conflits d’intérêts.

En tout, Jean-Paul Delevoye a omis de déclarer treize mandats lors de sa déclaration d’intérêts remplie à son entrée au gouvernement, mais aussi minimisé ses salaires par rapport à leur valeur réelle. De plus, certaines de ses activités, comme celle d’administrateur d’un institut de formation de l’assurance, pouvaient provoquer de potentiels conflits d’intérêts, incompatibles avec son rôle au gouvernement.

Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour « abus de biens sociaux », « abus de confiance » et « recel ». Le domicile de Jean-Paul Delevoye a fait l’objet d’une perquisition et il a été entendu par des enquêteurs de l’Office central de lutte contre la corruption.

L’enquête est toujours en cours, et Jean-Paul Delevoye a quitté toutes ses fonctions publiques, y compris le rôle du maire de Bapaume, dont il a été élu pendant 30 ans.

Jean-Paul Delevoye – Crédit : SmartGov

Laura Flessel : ministre des sports, a démissionné

A la surprise générale, la première ministre des Sports d’Emmanuel Macron a quitté le gouvernement le 4 septembre 2018, officiellement « pour des raisons personnelles ». En réalité, Le Canard enchaîné et Mediapart allaient dévoiler les « oublis » de l’ex-ministre dans sa déclaration à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) de ses revenus issus d’une société de droit à l’image. 

Montant de l’oubli : « plusieurs dizaines de milliers d’euros », selon les médias d’investigation, qui révèlent que le fisc a informé la Commission des infractions fiscales (CIF) de Bercy, en vue d’une possible plainte pénale pour fraude, quelque temps avant la démission de Laura Flessel.

Bercy aurait transmis le dossier de l’ex-athlète à la Commission des infractions fiscales (CIF), un préalable potentiel au déclenchement de poursuites judiciaires.

L’escrimeuse française la plus décorée de l’Histoire est passée de la vie politique à la création d’une école pour accompagner la nouvelle vie d’anciens sportifs professionnels, basée à Montpellier : Sport Excellence Reconversion.

Laura Flessel

François de Rugy : ministre de la Transition écologique, démission, toujours Député de Loire-Atlantique et Conseiller régional Pays de la Loire

Surnommée « l’affaire des homards », le premier scandale révélé par Mediapart en juillet 2019 a conduit François de Rugy à démissionner de son poste de ministre moins d’une semaine après, juste avant la parution d’une nouvelle enquête du média d’investigation sur le paiement de ses cotisations à son parti politique.

Car François de Rugy a été épinglé pour plusieurs affaires. La première, notoirement connue, est celle des dîners fastueux qu’il organisait avec son épouse lorsqu’il présidait l’Assemblée nationale pour son cercle amical, entre octobre 2017 et juin 2018, photos à l’appui : homards et grands crus directement issus des caves de l’Assemblée, réputée pour être l’une des mieux fournies de France.

Quelques mois après la naissance du mouvement des « gilets jaunes », né de la paupérisation grandissante de la population française, le scandale est total.

S’il s’est justifié de « dîners informels liés à l’exercice de ses fonctions », le rapport de l’Assemblée, réalisé par l’un des anciens subordonnés de F. De Rugy, a désavoué trois des douze dîners mis en cause : le repas de Noël de 2017, la soirée de la Saint-Valentin 2018, et un troisième dîner sans « thème de discussion ». En cause : le « caractère familial ou amical » de ces dîners et leur coût « excessif ». En septembre 2019, Rugy a déclaré avoir remboursé les trois dîners pointés par le rapport de l’Assemblée nationale, soit 1 800 €.

Mediapart a ensuite dévoilé comment l’ancien ministre a réalisé des « travaux de confort » pour un total de 63 000 euros dans son logement de fonction, et 17 000 euros pour une garde-robe, financés par des fonds publics. François de Rugy a également conservé la location d’un logement à vocation sociale à Orvault, d’un « loyer réduit » à 481 euros et 50 euros de charges, alors qu’il vivait à Paris et gagnait 5 711,08 euros net par mois.

Le Parisien, de son côté, a révélé que De Rugy abusait des véhicules et chauffeurs de la République pour un usage privé, d’abord en sa qualité de président de l’Assemblée nationale puis comme ministre de la transition écologique. Il utilisait ainsi trois chauffeurs — au lieu de deux, selon l’usage — afin de conduire le fils de Séverine de Rugy à l’école et pour faire la navette Nantes-Paris.

Loin de faire profil bas, De Rugy a d’abord intenté un procès à Mediapart pour diffamation à l’été 2019. Il ne s’est pas présenté au procès, contrairement à l’équipe de Mediapart, et l’ancien ministre a perdu en première instance, sans faire appel du jugement, qui est donc devenu définitif. De Rugy a fait le tour des plateaux TV pour se défendre et évoquer un « acharnement ».

« L’affaire Rugy n’est pas anecdotique. Elle est même extrêmement symbolique. Comme nous l’avons écrit, elle a été rendue possible par l’absence de contrôle des frais engagés par les députés. Or cela fait onze ans, depuis que Mediapart existe, que nous expliquons que ce système ne peut engendrer que des dérives, des abus, et donc des scandales. Mais aucune mesure n’est prise en proportion de l’importance et de la sensibilité du sujet. »a expliqué la rédaction de Mediapart

Pour redorer son blason politique, François De Rugy vient tout juste de sortir un livre de 300 pages intitulé « Du pouvoir, des homards… mais surtout de l’écologie ! » dans lequel il critique ouvertement ses anciens confrères d’EELV ainsi que son prédécesseur Nicolas Hulot, il y présente sa vision d’une « écologie du progrès et de l’action ».

Le député consacre à l’affaire des homards seulement quelques pages de son livre, et dévoile notamment qu’il ne se représentera pas pour un quatrième mandat de député, conformément à son engagement de 2017. En revanche, il restera conseiller régional pour les Pays de la Loire et veut peser « dans le débat politique de la campagne présidentielle ».

François de Rugy – Crédit : bruno perroud

Jean-Michel Blanquer : ministre de l’Education nationale, de la jeunesse et des sports, toujours en poste

« On n’est jamais si bien servi que par soi-même », voilà le dicton qui pourrait résumer les turpitudes politiques de Jean-Michel Blanquer. En novembre 2019, Jean-Michel Blanquer est accusé par Libération et Mediapart d’avoir créé et piloté le syndicat Avenir lycéen pour servir les intérêts du ministère et contrecarrer la mobilisation contre la réforme du bac

Prix de ce soutien sans failles : 65 000 euros de subventions publiques accordées au syndicat lycéen en 2019, essentiellement dépensés en restaurants gastronomiques et hôtels de luxe. Si le ministre a accusé Mediapart et Libération « d’essayer de faire une affaire à partir de rien », une mission d’inspection sur les subventions aux associations lycéennes, sollicitée par Jean-Michel Blanquer lui-même, a donné raison aux enquêtes des médias.

« Ont été également identifiés des paiements de boissons apéritives et alcoolisées notamment dans des bars de nuit », l’achat de deux montres connectées (1 608 euros) et des équipements aux coûts « totalement disproportionnés ». La mission dévoile également « des retraits d’espèces ou des virements sur des comptes personnels ont été effectués en nombre pour un montant total de 15 437,95 euros sans qu’aucune justification n’ait été apportée. Ils sont susceptibles de dissimuler des abus de confiance ».

Les inspecteurs ont recommandé que ces éléments complémentaires soient transmis au parquet de Paris, qui a ouvert en décembre 2020 une enquête pour des soupçons de « détournement de biens publics ». Ils réclament aussi le remboursement de 35 433,70 euros, subvention publique de 2019 donnée pour un congrès, que le syndicat Avenir Lycéen n’a finalement jamais organisé.

Protégé de Brigitte Macron, le ministre de l’éducation nationale a été défendu par le gouvernement face au scandale. Toujours en poste, Jean-Michel Blanquer est aujourd’hui dans la tourmente pour sa gestion calamiteuse de la crise sanitaire au sein des établissements scolaires, à qui il a adressé le dernier protocole sanitaire à suivre dans un entretien à Le Parisien réalisé depuis sa villégiature de vacances à Ibiza.

Pour certains membres du gouvernement, Jean-Michel Blanquer consacrerait trop de temps au think tank qu’il a créé, « le Laboratoire de la République », destiné à alimenter la campagne d’Emmanuel Macron sur la laïcité et à combattre le « wokisme » plutôt que prendre à bras le corps ses fonctions initiales.

Preuve de ses nouvelles priorités, le weekend précédent la journée de grève nationale lancée par les syndicats enseignants (le 13 janvier), le ministre de l’éducation a tout de même pris le temps d’inaugurer un colloque à la Sorbonne intitulé « Après la déconstruction. Reconstruire les sciences et la culture », que son ministère a en partie financé via des fonds réservés.

Jean-Michel Blanquer a notamment fustigé les personnes qui nourrissent « la pensée décoloniale » et a appelé à « déconstruire la déconstruction », fil rouge de ces deux jours d’échange rythmés par une cinquantaine d’universitaires, essayistes et polémistes, intervenant souvent hors de leur domaine de compétences. Tant pis pour l’avis du CNRS sur le sujet.

Toutes ces critiques ne découragent pas Jean-Michel Blanquer, 57 ans, qui recherche actuellement une circonscription en Ile-de-France où se présenter aux élections législatives de juin. En cas de réélection d’Emmanuel Macron, le ministre a affirmé vouloir continuer à son poste.

Intervention de Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale à l’École polytechnique – Crédit : Jérémy Barande

Alain Griset : ministre délégué aux PME, a démissionné

Ancien chauffeur de taxi, Alain Griset a été jugé le 12 octobre pour « déclaration incomplète ou mensongère de sa situation patrimoniale » et « de ses intérêts ». C’est le premier des ministres en exercice à avoir comparu devant un tribunal correctionnel.

A l’origine de la procédure, la HATVP soupçonne le ministre d’avoir sciemment omis de déclarer « des participations financières détenues dans un plan d’épargne en actions, ainsi que le compte espèces associé, pour un montant total de 171 000 euros » et des « participations directes » (de 41 000 euros) dans plusieurs sociétés, comme la Française des jeux ou Natixis.

Cette somme provenait notamment du bureau de la Confédération nationale de l’artisanat, des métiers et des services du Nord lui pour qu’il la place et la fasse fructifier. Le ministre en avait confirmé l’existence et s’était défendu auprès de franceinfo en arguant qu’il s’agissait d’une « maladresse » sans « volonté d’enrichissement personnel ».

Si le ministre a tout remboursé, ses justifications n’ont pas convaincu le tribunal correctionnel de Paris qui a réclamé, lors de l’audience d’octobre, dix à douze mois de prison avec sursis, une amende de 30 000 euros et une peine d’inéligibilité de trois ans, provoquant la démission du ministre deux heures après. L’ancien ministre a fait appel.

Alain Griset doit également être jugé « pour abus de confiance » devant le tribunal correctionnel de Lille, pour avoir tardé à confirmer l’existence du PEA à la HATVP. Initialement prévu le mardi 4 janvier 2022, le procès a été reporté à la demande de la défense du prévenu au 25 mai.

Alain Griset, ministre chargé des Petites et Moyennes Entreprises, à Bercy en décembre 2020 – Crédit : Teemo86

Thierry Solère : député des Hauts-de-Seine, toujours en poste

Depuis novembre 2020, Thierry Solère est devenu l’un des conseillers politiques les plus proches d’Emmanuel Macron, au point d’être affublé du surnom sinistre de « conseiller en trahison ».

Un choix politique étonnant de la part du Président de la République, sachant que le député des Hauts-de-Seine est visé par sept mises en examen pour « détournement de fonds publics », « trafic d’influence », « recel d’abus de biens sociaux », « fraude fiscale », « recel de violation du secret professionnel », « recel d’abus de confiance » et « financement illicite de campagnes électorales », portant sur une période comprise entre 2003 et 2017.

Thierry Solère conteste avoir commis le moindre délit et invoque des « erreurs ». Depuis mai 2021, il fait également l’objet d’une nouvelle enquête judiciaire pour détournement de 167 000 euros d’indemnités de frais de mandats entre 2012 et 2019.

En ligne de mire des magistrats : le règlement des frais de scolarité de ses enfants, des abonnements dans des clubs de sport, plus de 65 000 euros de virements et de chèques vers des comptes personnels, 5 000 euros de frais de costumes, 8 499 euros de prime chez Axa ou encore 520 euros de paris à la Française des Jeux.

Thierry Solère a également recruté son épouse Karine Theet-Solère en tant qu’attachée parlementaire pour un salaire de 4 400 euros net par mois durant le dernier semestre de l’année 2012. Pour mémoire, le revenu mensuel d’un député s’élève à 7239,91 euros brut.

Malgré ces revenus largement confortables, le député des Hauts-de-Seine ne s’est pas acquitté de son impôt sur le revenu entre 2010 et 2013, ni de sa taxe foncière cette dernière année.

Ces irrégularités ont entraîné l’ouverture d’une enquête préliminaire pour « fraude fiscale » par l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales en septembre 2016. C’est cette enquête préliminaire qui a abouti aux sept mises en examen.

Fait notable, Thierry Solère a été entendu par la justice en octobre 2019 alors que l’ancien ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas venait d’être condamné, le 30 septembre, par la Cour de justice de la République à un mois de prison avec sursis et 5.000 euros d’amende pour avoir transmis au député des Hauts-de-Seine des éléments de l’enquête lorsqu’il était ministre de la Justice. Une condamnation qui illustre la complicité qui peut s’exercer au plus haut sommet de l’Etat pour protéger des criminels en col blanc.

Suite au lancement de cette nouvelle enquête autour des frais de mandats du député, la mairie de Boulogne-Billancourt a été perquisitionnée en avril 2021 pour accéder « aux dossiers de marchés publics passés du temps où Thierry Solère était élu de la ville ».

A l’heure actuelle, l’enquête est toujours en cours. Malgré la menace de futures condamnations judiciaires, le député exerce toujours ses fonctions et conserve une place très proche d’Emmanuel Macron.

Thierry Solère est récemment apparu aux côtés du chef de l’Etat, ce lundi 10 janvier, lorsque celui-ci a dévoilé es contours » de la future « loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur » (Lopmi) pour les années 2022-2027 : les prémisses d’un probable programme de campagne aux yeux des journalistes présents ce jour-là.

Thierry Solère – Assemblée nationale – Crédit : Jacques Paquier

Fraude fiscale

Alexandre Benalla : chargé de mission au cabinet de la république, sécurité rapprochée du chef de l’état amateur de déguisement, licencié

Le comportement sulfureux d’Alexandre Benalla a secoué la macronie dès 2018, a tel point qu’il a révélé « des dysfonctionnements majeurs au sein du palais de l’Elysée » selon la commission d’enquête du Sénat, et a fini par être désavoué par Emmanuel Macron.

Tout commence lorsque Mediapart révèle comment Benalla a frappé et malmené des manifestants lors du 1er mai 2018 en s’étant apposé un brassard de policier, alors qu’il n’exerce pas cette fonction et était présent en simple « observateur » sur le terrain.

En fin d’année 2018, Benalla est de nouveau dans la tourmente lorsque Mediapart et Le Monde révèlent qu’il continuait à utiliser des passeports diplomatiques malgré son licenciement, et cela pour des voyages d’affaires en Afrique et en Israël dans le cadre de ses « activités de conseil ».

En novembre 2021, l’ancien chargé de mission a été condamné à trois ans de prison – dont deux avec sursis –, 500 euros d’amende et cinq ans d’interdiction d’exercer dans la fonction publique pour ces deux affaires. Il a fait appel de cette décision.

Dans son sillage, sept procédures judiciaires ont été ouvertes à l’encontre de plusieurs proches d’Emmanuel Macron, dont son directeur de cabinet, Patrick Strzoda, brièvement soupçonné en 2019 de « faux témoignage » devant la commission d’enquête du Sénat, ainsi que de Vincent Crase, un gendarme réserviste anciennement salarié de La République En marche, qui a été licencié fin juillet 2018 en raison de sa participation dans les scandales autour de Benalla.

Vincent Crase et Alexandre Benalla sont tous les deux impliqués dans une autre affaire : celle du « contrat russe » avec le milliardaire Iskander Makhmudov, proche de Vladimir Poutine et soupçonné de liens étroits avec l’un des pires groupes criminels moscovites. Le Parquet national financier a ouvert une enquête pour « corruption », « trafic d’influence », « blanchiment de fraude fiscale aggravée », « faux et usage de faux » et « abus de biens sociaux » pour laquelle Alexandre Benalla et sa femme ont été mis en garde à vue le 14 décembre 2021.

Alexandre Benalla et Vincent Crase auraient touché 300 000 euros pour ce contrat alors qu’ils étaient en poste à l’Elysée.

Les déboires judiciaires ne font que commencer pour Alexandre Benalla : il vient d’être accusé, encore une fois par Mediapart, d’avoir organisé des prestations de sécurité « vraisemblablement illégales » pendant la campagne présidentielle. L’affaire a pour l’instant été enterrée par les institutions publiques, notamment le Conseil national des activités privées de sécurité (Cnaps).

Crédit : Ludovic MARIN – AFP)

Sylvain Maillard : député de Paris (1er, 2e, 8e et 9e arrondissements) et porte-parole de LREM, toujours en poste

Le député LREM Sylvain Maillard, porte-parole du mouvement présidentiel, a défrayé la chronique lorsque son nom est apparu au sein des évadés fiscaux affichés par le scandale des Pandora Papers. LeMonde lui a consacré un reportage entier.

L’élu aurait détenu 25% d’une société offshore installée aux Seychelles, condamnée en 2014 pour la vente de toupies pour enfants contrefaites. Grâce à la découverte d’une adresse mail au détour d’une facture, Florian Deloppinot, l’associé de Sylvain Maillard, a été condamné par le tribunal de grande instance de Paris à payer plus de 60 000 euros à Hasbro pour contrefaçon et préjudice commercial.

Sylvain Maillard a échappé au jugement et prétend tout ignorer de l’affaire. Il se dit victime d’une usurpation d’identité. Son associé a confirmé ses propos en expliquant avoir signé le contrat à la place du député, sans l’en informer.

Ironie de l’histoire, au début de l’année 2019, Sylvain Maillard s’était fait remarquer sur un plateau TV lors du soulèvement des Gilets Jaunes en déclarant :

« On se bat tous les jours contre ça [l’évasion fiscale] mais c’est difficile ».

Une attestation difficilement crédible : en 2020, le fisc n’a notifié que 10,2 milliards d’euros en redressement fiscal et pénalité. Un chiffre très bas comparé aux 13,9 milliards de 2019 et 21,2 milliards de 2015. Au niveau européen, la fraude et l’évasion fiscales représentent une perte de recettes de 1 000 milliards d’euros chaque année.

Sylvain Maillard à l’Assemblée nationale, le 19 juin 2017 – Crédit : Lionel Barbe

Lire aussi : Les Pandora Papers révèlent le visage des oligarques criminels avec 35 chefs d’État et 130 milliardaires

Autres : favoritisme, agression sexuelle, etc.

Muriel Pénicaud : ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion, démission

Le poste le plus illustre que Muriel Pénicaud aura contribué à forger est sans doute celui d’Emmanuel Macron, Président de la République, grâce à une soirée organisée par Business France, dont elle était alors directrice, en janvier 2016 à Las Vegas.

Objectif de l’événement : permettre à Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie, de rencontrer des centaines d’entrepreneurs français lors d’une soirée au Consumer Electronics Show (CES), grand-messe de l’innovation technologique.

D’un coût de 300 000 €, l’organisation de cette soirée réseautage pré-campagne présidentielle a été confiée à la hâte et sous la pression du cabinet de Macron, à l’agence Havas Paris, sans recourir à un appel d’offres comme le prévoit le code des marchés publics pour de telles sommes.

En 2017, le parquet de Paris a ouvert une information judiciaire pour « favoritisme » et « recel de favoritisme ». Faute « d’indices graves et concordants », Muriel Pénicaud n’a pas été mise en examen dans l’affaire, mais auditionnée par la justice en tant que témoin assistée, lui épargnant de devoir démissionner.

Elle a fini par quitter son poste de ministre lors du remaniement ministériel de juillet 2020 mais continue d’être active en politique. Depuis septembre 2020, elle est représentante permanente de la France auprès de l’Organisation de coopération et de développement économiques.

Le 6 octobre 2021, gouvernement français a également annoncé la candidature de Muriel Pénicaud à la direction générale de l’Organisation internationale du travail.

Cette annonce a provoqué la colère de la CGT du ministère du Travail. En effet, le bilan ministériel de Muriel Pénicaud est bien sombre : détricotage en règle du code du travail, rétrécissement sans précédent des droits syndicaux, plafonnement des indemnités pour licenciement abusif aux prud’hommes et baisse drastique des allocations-chômage pour les travailleurs précaires.

Mardi 5 Septembre 2017, au Ministère du Travail, premier Rendez-vous trimestriel de Grenelle, organisé par Muriel Pénicaud. – Crédit : Frédéric Blanc

Agnès Buzyn : ministre de la Santé, démission pour briguer un mandat municipal à Paris

La responsabilité des politiques dans la mauvaise gestion de la crise sanitaire en France a conduit quelques-uns d’entre eux sur le banc des accusés, à l’image d’Agnès Buzyn.

Ministre de la Santé en poste au début de la pandémie, elle a été convoquée et mise en examen le 10 septembre 2021 par la Cour de Justice de la République (CJR) pour « mise en danger de la vie d’autrui », suite à des dizaines de milliers de plaintes déposées par des citoyens français.

Avant cette convocation d’Agnès Buzyn, des perquisitions avaient été menées mi-octobre 2020 par les enquêteurs de l’Oclaesp (Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique) et de l’Oclciff (Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales) aux domiciles et bureaux du ministre de la Santé Olivier Véran, de l’ancien Premier ministre Edouard Philippe et des ex-membres du gouvernement Agnès Buzyn, Sibeth Ndiaye, mais aussi le directeur général de la Santé Jérôme Salomon et la directrice générale de Santé publique France, Geneviève Chêne.

Agnès Buzyn a aussi été placée sous le statut de témoin assisté pour « abstention volontaire de prendre les mesures propres à combattre un sinistre ».

Elle a quitté son poste de ministre en février 2020 dans l’espoir de devenir maire de Paris, une campagne ratée. Elle a été vertement critiquée pour quitter le « navire en pleine tempête », après avoir reconnu dans une interview qu’elle savait que le pire de la pandémie était à venir.

Comble de l’histoire : bien qu’elle soit la première personnalité publique mise en cause dans ce dossier, l’ancienne ministre de la Santé s’est vue décerner la Légion d’honneur le samedi 1er janvier 2022, une récompense normalement attribuée par signature présidentielle à ceux qui ont contribué au bien commun en France.

Agnès Buzyn – Source

Gérald Darmanin : ministre de l’Intérieur, toujours en poste

La nomination de Gérald Darmin au poste de ministre de l’Intérieur, en pleine mouvance #metoo, a suscité de vives polémiques. Il a été accusé d’abus de faiblesse par une habitante de Tourcoing (Nord) qui affirme avoir été contrainte à des relations sexuelles en échange d’un logement et d’un emploi. Cette affaire a été classée sans suite en 2018.

Gérald Darmanin a également été accusé par une autre femme d’un viol intervenu en 2009, alors qu’il était un responsable UMP intermédiaire. Après de premiers classements sans suite en 2017 et 2018, la plaignante a obtenu la relance des investigations en juin 2020.

Seulement placé sous le statut de témoin assisté, le ministre de l’Intérieur a été confronté à la plaignante en mars 2021. Le 7 septembre 2021, la juge d’instruction Mylène Huguet a annoncé son intention de clore les investigations vers un non-lieu.

Crédit : Gezelin GREE

Nicolas Hulot : ministre de la Transition Ecologique, démission

Bien après sa démission en août 2018, motivée par le poids des lobbies dans les décisions étatiques, Nicolas Hulot a lui aussi été rattrapé par plusieurs accusations de viol et agression sexuelle. Au moins six femmes, dont une mineure au moment des faits, accusent l’ancien ministre d’avoir agi comme un prédateur sexuel entre 1989 et 2008, ce qu’il conteste.

D’abord dévoilé par le journal « Ebdo » en février 2018, l’histoire a refait surface en 2021 par un reportage de soixante-deux minutes de l’émission « Envoyé spécial », sur France 2, retraçant tous les faits qui lui sont reprochés.

Une enquête préliminaire pour viol et agressions sexuelles a été ouverte vendredi 26 novembre 2021 par la procureure de Paris, Laure Beccuau. Les investigations ont été confiées à la brigade de protection des mineurs de la direction régionale de la police judiciaire.

Nicolas Hulot, lui, a annoncé sur BFM-TV son retrait de la vie publique la veille de la diffusion du reportage d’Envoyé Spécial, en expliquant vouloir protéger ses proches et sa fondation des retombées d’un « lynchage ».

Nicolas Hulot – Crédit : Jacques Paquier

Christophe Castaner : ancien ministre de l’Intérieur, actuel président du groupe LaREM à l’Assemblée nationale

Lors de son mandat de ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner a défrayé plusieurs fois la chronique, notamment pour ses propos véhéments contre différents mouvements sociaux en France.

Depuis décembre 2020, il fait également l’objet d’une plainte devant la Cour de justice de la République (CJR) déposée par la fille de Zineb Redouane. Cette dame de 80 ans est décédée fin 2018 à Marseille (Bouches-du-Rhône) après avoir été touchée au visage par une grenade lacrymogène.

Cette plainte accuse l’ancien ministre de l’Intérieur d’«altération et soustraction de preuves » suite à des déclarations de Christophe Castaner qui auraient été un moyen d’«  entraver la manifestation de la vérité », selon la plaignante. Cette dernière l’accuse également d’avoir « donné directement l’ordre de ne pas saisir le lance-grenades » utilisé par le policier ce jour-là.

L’information judiciaire, qui déterminera s’il y aura ou non des poursuites judiciaires, est encore en cours. Il n’y a eu aucune mise en examen pour le moment. Le 16 juin 2019, le chef de la compagnie de CRS impliquée dans les évènements qui ont conduits à la mort de Zineb Redouane a été médaillé par Christophe Castaner, alors ministre de l’Intérieur.

Le 30 octobre 2021, le directeur général de la police nationale (DGPN) Frédéric Veaux a décidé qu’il n’y aurait pas de sanctions administratives prise à l’encontre du CRS identifié comme l’auteur du tir. Député des Alpes-de-Haute-Provence, Christophe Castaner n’a pas été renommé ministre lors du remaniement ministériel de juillet 2020, et a été élu peu de temps après Président du groupe La République en marche à l’Assemblée nationale.

Tout récemment, Christophe Castaner a signé une tribune pour s’opposer à la violence des citoyens français contre les élus, notamment LREM, et une montée de la haine qui « menace la démocratie ».

Christophe Castaner – Crédit : Arthur Empereur

« Une association de malfaiteurs » ?

Le bilan accablant des turpitudes judiciaires et scandales dans lesquels sont impliqués des membres du gouvernement, choisis par le Président de la République lui-même, ont satiriquement été dénoncés par de nombreux citoyens comme le fait que « nous sommes aujourd’hui gouvernés par une association de malfaiteurs ».

Nous l’expliquions en début d’article : là où ce recensement est particulièrement sombre repose sur le fait qu’Emmanuel Macron a été élu, entres autres, sur la promesse de mener à bien la « moralisation de notre vie publique ». Cet engagement avait d’ailleurs été trahi dès juillet 2017, lorsque l’Assemblée Nationale a refusé de voter l’obligation d’avoir un casier judiciaire vierge pour être élu, au motif que cela représente un « risque d’inconstitutionnalité », malgré une pétition signée par 160.000 personnes.

L’histoire nous a montré que l’Assemblé Nationale, majorité présidentielle en tête, a été beaucoup moins timorée pour voter en faveur d’autres textes de loi qui posaient eux aussi de graves motifs d’inconstitutionnalité, à l’image du projet de loi Sécurité Globale.

De plus, en France, un citoyen ne pouvant pas justifier d’un casier judiciaire vierge se voit interdire l’accès à plusieurs professions. Au total, 396 métiers requièrent l’obligation d’un casier judiciaire vierge.

Dans le dernier classement de Transparency International sur l’indice de perception de la corruption, la France n’arrive que 23e et recule.

Didier Migaud, président de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), ancien premier président de la Cour des comptes, a appelé à un sursaut dans la lutte contre la corruption, à travers la mise en place d’une grande politique publique, en novembre 2021.

Dans une tribune au « Monde », les deux responsables d’associations anticorruption, Patrick Lefas et Elise Van Beneden, estiment que l’élection présidentielle 2022 est fragilisée par les menaces qui pèsent sur sa sincérité.

« Nous appelons les candidats et partis politiques à publier en temps réel pendant la campagne, comme cela existe ailleurs (notamment au Royaume-Uni ou en Colombie) leurs comptes de campagne sur leur site Internet de campagne, en open data, et à mettre à jour ces informations toutes les deux semaines. Cette publication volontariste des candidats permettra un contrôle citoyen et enverra un message d’une particulière importance aux électeurs. » expliquent-ils

Nul doute que les françaises et français seront extrêmement vigilants à la réelle probité des aspirants au pouvoir exécutif en 2022.

Pour aller plus loin : Pour en finir avec l’impunité politique : les nommer et les poursuivre

Crédit photo couv : Ludovic MARIN / AFP

Laurie Debove

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