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« Pêcher moins, mais mieux » : l’appel de scientifiques pour sauver l’Océan

« En fin de compte, les humains doivent abandonner l’idée qu’il faut tout pêcher dans l’océan, partout et en même temps » résume le Pr. U. Rashid Sumaila qui a travaillé sur le projet

Certains des plus grands spécialistes au monde de l’océan se sont accordés sur une redéfinition de la notion de « pêche durable ». Ils proposent onze règles d’or pour une pêche capable de faire face au défi climatique et d’éviter un effondrement des écosystèmes marins.

De nos jours, la pêche est reconnue comme la principale cause de destruction des océans par l’IPBES. En cinquante ans, l’état de l’Océan s’est considérablement dégradé. La part des populations de poissons exploitées de façon durable a diminué d’un tiers, et deux tiers des coraux de la planète sont exposés à des températures potentiellement létales.

« Laissées sans contrôle, la surpêche et la pêche destructrice vont entrer en collision avec les effets du changement climatique pour produire des océans dangereusement dysfonctionnels. Les pratiques de pêche actuelles doivent être réformées pour éviter que cela ne se produise », a expliqué à l’AFP Callum Roberts, professeur de conservation marine à l’Université d’Exeter (Royaume-Uni) et auteur principal de l’étude parue dans la revue « npj Ocean Sustainability ».

Dans l’Atlantique Nord-Est, seuls 28% des stocks étudiés ne sont ni surexploités ni à des niveaux de biomasse trop faibles, selon le Comité scientifique de la pêche (STECF) de l’Union européenne. C’est pourquoi, durant trois ans, une trentaine des plus grands scientifiques sur l’océan ont travaillé pour définir ces onze règles, parmi lesquels figure le biologiste franco-canadien Daniel Pauly, professeur à l’Université de Colombie Britannique de Vancouver (Canada) et co-auteur de notre livre-journal Océans.

« Ces règles d’or s’appuient sur deux principes clés » explique l’ONG Bloom qui a coordonné leurs travaux.

D’abord, la pêche doit minimiser les impacts sur les espèces et les écosystèmes marins, s’adapter au changement climatique et assurer la régénération de la vie et des habitats marins appauvris. Ensuite, la pêche doit améliorer la santé, le bien-être et la résilience des êtres humains et des communautés – en particulier des plus vulnérables – plutôt que de servir les intérêts économiques des entreprises qui concentrent les profits entre les mains de leurs détenteurs et laissent les citoyens supporter les coûts.

« En fin de compte, les humains doivent abandonner l’idée qu’il faut tout pêcher dans l’océan, partout et en même temps » résume le Pr. U. Rashid Sumaila qui a travaillé sur le projet

Toutes ces règles d’or sont déjà connues de la filière de la pêche, mais il n’existe à ce jour aucune pêcherie qui les applique toutes ensemble.

Cette étude arrive alors que les industriels songent désormais à pêcher les poissons mésopélagiques (entre 200 à 1 000 mètres de profondeur) ce qui risquerait d’endommager sérieusement les cycles du carbone et les réseaux trophiques marins. A l’inverse, en pêchant moins, les populations de poissons auront le temps de se renouveler, ce qui serait à la fois bénéfique pour les écosystèmes et les 500 millions de personnes qui vivent de la pêche artisanale.

« En pêchant moins, il y aura plus de poissons dans la mer, ce qui signifie que les pêcheurs seront capables de capturer plus, et de meilleurs poissons, avec moins d’efforts et à moindre coût », précise M. Roberts.

C’est pourquoi les scientifiques préconisent de limiter la taille des bateaux et d’abandonner les engins de pêche trop destructeurs, tout en luttant contre la pêche illégale et les abus aux droits humains. Ils plaident aussi pour la suppression des subventions néfastes, qui incitent à la surpêche, comme la détaxe du gazole ou l’aide à la construction de navires, estimées à 22,2 milliards de dollars (19,9 milliards d’euros) en 2018 au niveau mondial.

« Il faut pêcher moins, pêcher mieux, à hauteur d’humain, pour assurer une sécurité alimentaire, tout en régénérant la santé des océans », conclut Claire Nouvian, présidente de l’association Bloom, qui a participé à l’étude.

Les auteurs exhortent les entreprises, les gouvernements et les législateurs à mettre en œuvre ces onze actions décisives pour restaurer la santé de l’océan.

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Sources : IPBES, 2019, Le rapport de l’évaluation mondiale de la biodiversité et des services écosystémiques / FAO, 2022, La situation mondiale des pêches et de l’aquaculture 2022 / « Exploitation of mesopelagic fish stocks can impair the biological pump and food web dynamics in the ocean », Frontiers in Marine Science, 11/06/2024

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