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L’Icon of the Seas, symbole de l’industrie destructrice des croisières de luxe

200 paquebots sillonnent tous les ans les côtes européennes. En 2017, ces derniers ont versé environ 60 000 tonnes de dioxyde de soufre rien que sur le continent européen. Un paquebot consomme par ailleurs 2000 litres de fioul par heure en pleine mer et 700 lorsqu’il est à quai.

L’Icon of the Seas, le plus grand paquebot jamais construit au monde, mesure 365 mètres de longueur pour 48 mètres de largeur. Il a pris la mer le 27 janvier 2024 à Miami (Etats-Unis), pour mettre le cap sur les Caraïbes. Dans son sillage, une pollution dévastatrice pour les océans et l’atmosphère.

Un navire massif promu par une campagne de greenwashing

Pour son premier voyage, le bateau affiche complet. En tout, 10 000 personnes sont montées à bord de cet immense parc d’attractions flottant.

Sa taille totale mesure l’équivalent de 5 fois le Titanic et pèse un quart de million de tonnes. Il comprend 7 piscines avec des toboggans géants, une patinoire, 40 restaurants, 9 jacuzzis, une cascade intérieure de 17 mètres de haut et une vague artificielle pour surfer.

Les armateurs, la compagnie Royal Caribbean se défendent en assurant que leur bateau est alimenté au gaz naturel liquéfié (GNL), un combustible fossile plus propre, selon la compagnie. Pourtant, ce combustible rejette du méthane, un gaz à effet de serre beaucoup plus néfaste que le dioxyde de carbone.

Bryan Comer, directeur du programme maritime de l’ONG International Council on Clean Transportation, a estimé pour The Guardian : « Ils exagèrent en qualifiant le GNL de carburant vert car le moteur émet 70 à 80 % d’émissions de gaz à effet de serre par voyage de plus que s’il fonctionnait au carburant marin ordinaire. L’Icon dispose des plus grands réservoirs de GNL jamais installés sur un navire. »

Une pollution dévastatrice pour les océans et l’atmosphère

En octobre 2023, César Ducruet, directeur de recherche au CNRS, recensait : « On a chiffré un total d’à peu près 200 navires de croisière qui auraient produit environ 500 tonnes d’oxyde de soufre, ce qui représenterait à peu près un milliard de voitures. »

200 paquebots sillonnent tous les ans les côtes européennes. En 2017, ces derniers ont versé environ 60 000 tonnes de dioxyde de soufre rien que sur le continent européen. Un paquebot consomme par ailleurs 2000 litres de fioul par heure en pleine mer et 700 lorsqu’il est à quai.

Ces paquebots de luxe immenses, en comparaison avec d’autres moyens de transports, n’ont pourtant pas de réelle utilité. Mais ils constituent également l’un des pires facteurs de pollution pour les côtes et les villes portuaires.

Selon une étude publiée par Euronews en 2023, à Bergen, destination populaire des croisières, 40 % des passagers ne quittent pas le navire lors d’escales. Tandis que ceux qui descendent à terre dépensent en moyenne 23 euros, les retombées économiques pour les villes qui accueillent ces mastodontes sont donc très limitées.

 

À force de mobilisation des locaux, en 2021, Venise (Italie) a interdit les paquebots de croisière dans son centre historique à cause des énormes dégâts qu’ils ont causé à la lagune et aux fondations de la ville. En juillet 2023, Amsterdam (Pays-Bas) lui emboite le pas et les bannit de son centre-ville.

En Corse ou à Marseille (Bouches-du-Rhône), les navires de croisière sont toujours nombreux et suscitent des polémiques. La Méditerranée accueille 300 millions de touristes chaque année et certaines villes voient dans ce secteur une manne financière. C’est désormais l’une des mers les plus polluées au monde.

4,8 millions de personnes environ partent chaque année en croisière, et les navires s’arrêtent dans des villes côtières, causant des dégâts massifs sur les écosystèmes marins. Que l’Icon of the Seas prenne la mer en 2024 constitue une véritable aberration écologique.

Sources : « L' »Icon of the Seas », plus gros bateau de croisière au monde, prend le large mais inquiète les écologistes », 28/01/24, Franceinfo / Karen McVeigh, « ‘Biggest, baddest’ – but is it the cleanest? World’s largest cruise ship sets sail », 26/01/24, The Guardian / Nastasia Michaels, « Pourquoi l’Icon of the Seas, le plus gros paquebot de croisière du monde, est-il un naufrage environnemental ? », 29/01/24, Geo

Maïté Debove

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