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« Le système est toxique et nous osons le dire » : 43 scientifiques sonnent la révolte

Les 43 signataires ne se contentent pas de dénoncer. Ils exigent. Leur proposition est d'une radicalité assumée : "Diviser par 100 le seuil des produits autorisés." Cent fois moins de pesticides, cent fois moins de plastifiants dans l'alimentation. 

Fraude, mensonges et empoisonnement de masse : une coalition internationale de toxicologues brise l'omerta et exige une révolution immédiate de la toxicologie mondiale.

Assez ! Le mot résonne comme un cri dans la bouche du professeur Gilles-Éric Séralini. « Maintenant, nous en avons assez ! Nous sommes 43 grands scientifiques internationaux. »

Ce mardi, dans les pages de la revue Environmental Sciences Europe, 43 experts en toxicologie issus de cinq continents signent un acte d’accusation sans précédent contre le système mondial d’évaluation des substances toxiques.

Parmi eux, d’anciens présidents de la Société américaine de toxicologie, d’anciens rédacteurs en chef de revues scientifiques de référence. Des chercheurs qui ont passé leur vie dans les laboratoires et qui, aujourd’hui, choisissent la confrontation.

Pour eux, c’est clair : nous sommes victimes d’une fraude organisée à l’échelle planétaire.

L’empoisonnement comme modèle économique

Du ventre des mères aux profondeurs des océans, des champs de blé aux corps des nouveau-nés, les pesticides et plastifiants ont colonisé chaque parcelle du vivant.

« Les pauvres bébés qui n’ont rien demandé à personne se retrouvent avec ça dans leur corps », lance Gilles-Éric Séralini, désolé.

Nanoparticules de plastique, résidus de pesticides : rien n’échappe à cette contamination universelle qui touche « toutes les formes de vie, de la sauterelle à l’oiseau, en passant par le lézard ou le serpent, et bien sûr les testicules et les ovaires humains ».

Cette pollution généralisée n’est pas un accident industriel. C’est le produit d’un choix politique délibéré, maintenu depuis la Seconde Guerre mondiale, quand les arsenaux chimiques des conflits mondiaux se sont reconvertis en industrie agrochimique. 

« Les pesticides sont faits à partir des produits des guerres, ces armements chimiques qu’ils sont devenus », rappelle le toxicologue. De la guerre aux champs, du front aux assiettes : la même logique mortifère.

La grande imposture réglementaire

Les agences sanitaires nous font croire qu’elles « évaluent tout« , qu’elles « donnent des seuils de toxicité partout. C’est frauduleux et mensonger« , martèle Gilles-Éric Séralini.

La supercherie repose sur un tour de passe-passe méthodologique : les substances sont évaluées une par une, en laboratoire, dans leur forme pure. Mais ce qu’on déverse dans les champs, ce qu’on retrouve dans nos assiettes, ce sont des cocktails toxiques chargés de molécules dissimulées.

Prenez le glyphosate, herbicide le plus vendu au monde, symbole de cette imposture : « Ce n’est pas le glyphosate en soi, mais ce sont les résidus de pétrole et de pesticides, de plastifiants, de métaux lourds qu’il contient qui sont toxiques. »

Ces substances cachées, jamais déclarées, multiplient la toxicité par plusieurs milliers. Les travaux du professeur Séralini l’ont établi. Les autorités le savent. Rien ne change.

Pourquoi ? Parce que « les gouvernements favorisent la politique du système industriel« . Parce que reconnaître cette réalité obligerait à remettre en cause l’ensemble du modèle agro-industriel. Parce que la vérité scientifique s’efface devant les intérêts économiques.

Vos impôts financent votre empoisonnement

Le système atteint des sommets de perversité quand on suit la trace de l’argent. « Ces subventions viennent en fait de nos impôts« , explique Gilles-Éric Séralini.

Les contribuables financent une agriculture chimico-dépendante qui les rend malades, puis paient les traitements médicaux des pathologies chroniques ainsi provoquées. Cancers, maladies neurodégénératives, troubles hormonaux : « des maladies chroniques qui se soignent avec des médicaments toute la vie qui n’ont d’effet que sur les symptômes, pas sur les causes. »

« C’est une mauvaise répartition de nos impôts« , dénonce le scientifique. Pire : « Nos impôts nourrissent en fait une toute petite minorité, moins de dix familles de milliardaires à travers le monde qui tirent profit de ce système. »

Pendant que les géants de l’agrochimie s’enrichissent, « on nourrit plus les cochons que les enfants à travers le monde« , dans des élevages industriels où les animaux sont « extrêmement souffrants et malheureux« .

La boucle est bouclée : vous payez pour être empoisonné, vous payez pour être soigné, et les profits s’accumulent dans les mêmes poches.

Les solutions existent, mais elles sont empêchées

« Nous connaissons les solutions« , affirme Gilles-Éric Séralini. Elles tiennent en deux mots : agroécologie et transparence.

« Il y a énormément de paysans dans le monde qui n’utilisent pas ces produits mais qui ne sont pas aidés et font juste de l’agriculture locale. » Ces hommes et ces femmes prouvent quotidiennement qu’une autre agriculture est possible.

« L’agroécologie permet de sortir par le haut de ce système« , elle « peut largement nourrir le monde » à condition de réorienter les ressources”.

Mais voilà : « Aujourd’hui, ça ne rapporte pas » aux milliardaires de l’industrie chimique”. Alors l’agroécologie reste marginalisée, sous-financée, méprisée par les politiques agricoles. Le système maintient de force son monopole toxique.

L’ultimatum des scientifiques : diviser par 100 ou périr

Les 43 signataires ne se contentent pas de dénoncer. Ils exigent. Leur proposition est d’une radicalité assumée : « Diviser par 100 le seuil des produits autorisés. » Cent fois moins de pesticides, cent fois moins de plastifiants dans l’alimentation.

« Ça nous fait sortir du monde agro-industriel parce que c’est impossible » dans le système actuel”, reconnaît Gilles-Éric Séralini. C’est précisément le but.

De la baguette de pain au riz, « il y a des pesticides et des plastifiants partout« . Impossible de réduire les seuils sans changer de modèle. Impossible de protéger la santé publique sans rompre avec l’agriculture chimique. Les scientifiques le disent clairement : c’est l’ensemble du système qu’il faut renverser.

« C’est le mélange qui est toxique« , insiste le toxicologue. En mangeant du plastique, en mangeant des pesticides, nous avons une alimentation pourrie.

Cette « pourriture » entretient une épidémie mondiale de maladies chroniques. L’équation est simple : soit on change de modèle, soit l’hécatombe sanitaire continue.

L’appel au soulèvement

Cette déclaration s’inscrit dans le mouvement international Scientists’ Warning, une coalition de chercheurs qui refusent de rester silencieux face à l’effondrement du vivant en cours. Les 43 signataires ne sont que l’avant-garde. « Si on avait laissé passer du temps, nous serions des centaines« , promet Gilles-Éric Séralini.

Le temps de la complaisance scientifique est révolu. « Ce qui est nouveau, c’est que le système est toxique et nous osons le dire. » Osons. Le verbe claque comme un défi. Pendant des décennies, la prudence académique, la peur des représailles, le poids des lobbies ont maintenu les scientifiques dans une neutralité complice.

Aujourd’hui, des dizaines de chercheurs de premier plan franchissent la ligne rouge. Ils nomment la fraude, identifient les coupables, exigent la rupture.

Ce manifeste scientifique est un appel à l’action collective. Aux citoyens : cessez de financer votre empoisonnement, exigez la transparence totale, soutenez les circuits courts et l’agriculture paysanne. Aux politiques : réorientez les subventions publiques, imposez la fin du secret industriel, divisez par cent les seuils de toxicité. Aux médias : sortez de la complaisance, informez sur les mécanismes de la fraude réglementaire. Aux scientifiques : rejoignez le mouvement, multipliez les recherches indépendantes, rompez avec les financements corrompus.

« Nous en avons assez » : un cri de ralliement. Assez d’être empoisonnés. Assez de voir nos enfants contaminés dès le ventre maternel. Assez de subventionner notre propre destruction. Assez de regarder quelques milliardaires s’enrichir sur la maladie et la mort.

Le système est toxique. Les scientifiques l’ont dit. À nous, maintenant.

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Isabelle Vauconsant

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