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Le « grimpeur arboriste » Thomas Brail se bat contre l’abattage de platanes à Blagnac

Douze des quatorze platanes ont été abattus en quelques heures, avant que deux militants du GNSA ne grimpent dans les deux derniers pour les occuper. Mercredi 11 août au soir, ils y étaient encore, bien décidés à prolonger « autant qu’il le faudra », de jour comme de nuit, cette action.

Après ses actions à Mazamet (Tarn), Condom (Gers), La Grande-Motte (Hérault) ou encore Paris, le grimpeur-arboriste Thomas Brail, fondateur du Groupe national de surveillance des arbres, se mobilisait cette semaine pour empêcher l’abattage de quatorze platanes de la commune de Blagnac, aux portes de Toulouse.

Les arbres en question, « des sujets entre 30 et 40 ans, de 15 à 16 mètres de haut et qui jouent un rôle essentiel de dépollution », a indiqué le militant à France 3, se trouvent dans le quartier du Ritouret, à proximité de la station de tram Odyssud.

C’est cet endroit que la commune de Blagnac a choisi, en 2020, pour construire un terminus de service partiel de la ligne 1 du tramway de l’agglomération de Toulouse, censé « renforcer l’offre de transports sur une partie de la ville » pendant la durée d’interruption de la ligne T2, en travaux.

À l’extrémité du projet, les platanes quarantenaires doivent être remplacés par un aménagement de sentier conduisant jusqu’au terminus. Mais lorsque le chantier a commencé, lundi 9 août, quelques dizaines de personnes, riverains et membres d’associations locales, se sont opposées à leur abattage, arguant que rien ne le justifiait.

Crédit : Groupe National de Surveillance des Arbres

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Thomas Brail, présent sur les lieux aux côtés d’autres militants du Groupe national de surveillance des arbres (GNSA), a en effet expliqué que « les allées et alignements d’arbres bordant les voies de communication » sont protégés par l’article L350-3 du Code de l’environnement.

Seule une « construction » autoriserait la mairie à abattre ces platanes « sains ». Le sentier n’en est pas une. Autre faille juridique, la mairie n’aurait pas respecté l’affichage réglementaire de son arrêté d’abattage, un reproche déjà fait par le militant à la ville de Montpellier, en mai 2020.

Ces arguments n’ont pas convaincu la préfecture. Ni la mairie, qui rétorque que ces platanes ne peuvent en aucun cas être conservés, mais qu’ils feront l’objet de compensation, vingt-huit arbres devant être replantés…  

Plus tard dans la journée de lundi, les forces de l’ordre ont expulsé les manifestants, laissant libre voie aux opérateurs du chantier.

Douze des quatorze platanes ont été abattus en quelques heures, avant que deux militants du GNSA ne grimpent dans les deux derniers pour les occuper. Mercredi 11 août au soir, ils y étaient encore, bien décidés à prolonger « autant qu’il le faudra », de jour comme de nuit, cette action.

Destiné à protéger les arbres, notamment de bordure, et à sensibiliser la population sur ce « bien commun », le GNSA a été créé en mai 2019 par Thomas Brail, après sa première action ayant permis de sauver sept des neuf platanes bicentenaires menacés de son village, Mazamet. 

Contacté par des habitants, le grimpeur, arboriste et paysagiste s’est ensuite rendu, en juillet de la même année, à Condom, sous-préfecture du Gers où la municipalité comptait abattre vingt-cinq platanes centenaires, dont certains dataient de Louis XVI, pour réaménager les promenades de la ville.

Face au refus catégorique du maire d’entendre les revendications du collectif « Sauvons les arbres de Condom », le Tarnais a alors décidé d’alerter le sommet de l’État, en occupant les branches de l’un des platanes qui bordent le ministère de la Transition écologique, à Paris.

D’août à septembre 2019, Thomas Brail est ainsi demeuré vingt-huit jours perché sur un arbre du boulevard Saint-Germain, ravitaillé par des militants et visité par de nombreux journalistes, des élus ou des personnalités qui ont contribué à faire de cet épisode un véritable événement.

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Le 25 septembre, hélas, les platanes de Condom sont abattus sous la surveillance de 70 gendarmes, pour certains membres des forces spéciales.

Mais la lutte n’a pas été totalement vaine. Dans les mois ayant suivi ce coup d’éclat, le GNSA a essaimé dans toute la France, des groupes locaux ont été créés, les valeurs de l’association ont été largement diffusées. 

Finalement, le 14 janvier 2020, le fondateur du GNSA a été reçu, avec cinq autres responsables d’associations, par la ministre de la Transition écologique afin de discuter de la législation sur la protection des arbres en France, que l’arboriste juge « obsolète » et « peu respectée ».

Lors de ce rendez-vous unique en son genre, Thomas Brail a obtenu un accès direct aux préfectures lui permettant d’exercer un rôle de « sentinelle des arbres ».

Le GNSA, quant à lui, s’est fait une place et aide à présent les habitants qui le souhaitent à protéger les arbres des villes ou des forêts. En témoigne le cas de Virginie Mathieu, qui à Bègles, en Gironde, a réussi à sauver les arbres centenaires du parc de la Maye de Bernet, menacés par un projet immobilier. Signe des temps, ce combat a lui aussi fédéré de nombreux riverains. 

Augustin Langlade

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