Un peu de répit pour le plus gros oiseau terrestre d’Europe ! Suite au recours d’associations de protection de la nature, le Conseil d’État a décidé d’interdire la chasse du Grand Tétras pendant au moins cinq ans, afin de préserver cet animal classé « vulnérable » sur la liste rouge des espèces menacées en France.
C’est le dénouement d’une saga judiciaire qui dure depuis 2008. Année après année, les associations de protection de l’environnement attaquaient en justice les arrêtés préfectoraux qui autorisaient la chasse du Grand Tétras dans le massif des Pyrénées. En 14 ans, elles ont ainsi remporté 55 victoires contre la chasse de cette espèce dans les départements pyrénéens (Ariège, Haute-Garonne, Hautes-Pyrénées, Pyrénées Orientales).
En effet, les effectifs de l’oiseau tant prisé ont été divisés par cinq depuis les années 1960 dans le massif pyrénéen notamment à cause de la réduction de son habitat, détruit par les activités humaines. Seulement 4 000 grands tétras ont été recensés en 2021 contre environ 18 000 dans les années 1960, une diminution inquiétante pour la pérennité de l’espèce.
C’est pourquoi, ce mercredi 1er juin, le Conseil d’Etat a validé un moratoire d’au moins cinq ans sur la chasse du Grand Tétras sur tout le territoire métropolitain afin de « permettre la reconstitution de l’espèce dans les différents sites de son aire de distribution ». Après l’interdiction de sa chasse dans les Vosges et le Jura en 1981, le plus gros oiseau terrestre d’Europe sera désormais laissé hors de portée des fusils dans les Pyrénées.
« Nous sommes très satisfaits de cette décision qui vient couronner près de 15 ans de lutte juridique et sanctionne le gouvernement français qui n’a jamais pris ses responsabilités pour protéger les espèces menacées. Malgré nos victoires juridiques locales successives, les préfets reprenaient des arrêtés illégaux année après année d’où la décision de monter au niveau national pour mettre fin à ce cycle infernal. » a réagi Dominique Py, de France Nature Environnement, auprès de La Relève et La Peste
Dans les Pyrénées, les fédérations de chasseurs maintenaient la pression pour continuer à chasser l’espèce au nom d’une « gestion adaptative » décidée en fonction du comptage annuel des oiseaux. Ce recensement est parfois effectué par les chasseurs eux-mêmes qui menacent de ne plus le faire suite à la décision du Conseil d’État.
« On n’est pas très inquiets par ces paroles. Les chasseurs ne sont pas les seuls à compter, les recensements sont aussi effectués par les naturalistes et l’OFB. Puis eux le font de façon intéressée pour savoir combien ils pourront en tuer, ce n’est pas de la protection. Par contre, quand on fait des actions pour s’opposer aux nouvelles pistes de ski qui menacent l’habitat du Grand Tétras, ils ne sont pas là pour nous aider ! » accuse Dominique Py, de France Nature Environnement, pour La Relève et La Peste
De fait, l’intensification des activités touristiques entraîne une pression importante sur les aires de répartition de l’oiseau, notamment en hiver où il a besoin de beaucoup de tranquillité car la nourriture se fait plus rare. Quand des promeneurs le dérangent, il fuit par peur et peut parfois finir par mourir d’épuisement.
De la même façon, le réchauffement climatique est une menace pour l’impressionnant volatile. Avec l’augmentation des températures, il est obligé de se retrancher sur de plus hautes altitudes. Séparés sur différents massifs, le risque est alors que les individus restants ne soient plus assez nombreux pour assurer le brassage génétique de l’espèce.
« Grâce à notre requête associative et à la décision du Conseil d’État, enfin un peu de répit pour cette espèce en grande difficulté. On peut espérer maintenant une mobilisation collective sur les autres facteurs de déclin du Grand Tétras, malheureusement fort nombreux, pour enfin permettre à ce magnifique oiseau de restaurer ses effectifs et maintenir sa viabilité dans les montagnes pyrénéennes. » exhorte Thierry de Noblens, administrateur de FNE Midi-Pyrénées, et ancien président de la fédération régionale, dans un communiqué
Pour le Grand Tétras comme l’ensemble du règne animal et végétal, seule une réponse systémique adaptée pourra empêcher son extinction complète.
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