La Norvège a annoncé qu’en 2024, 1157 baleines seront chassées, pour 1000 l’an précédent. La nouvelle est un contresens face à l’urgence écologique. Les politiques espèrent relancer la chasse à la baleine dans le pays alors que cette industrie a d’ores et déjà subi un déclin drastique.
Chasser la baleine pour éliminer un concurrent
Cecilie Myrseth, la ministre norvégienne des Pêches, a justifié ce choix par un argument surprenant. D’après elle, les baleines se nourrissent d’une quantité importante de poissons, alors que ces derniers sont des ressources alimentaires pour d’autres espèces, tel que l’homme.
Elle a déclaré dans un communiqué officiel : « La chasse à la baleine norvégienne contribue à l’équilibre des écosystèmes marins ».
Cet argument s’oppose aux études scientifiques, qui ont démontré que les baleines contribuent à la santé des océans. Les baleines sont les clés de voûte des écosystèmes marins.
Elles recyclent les nutriments et favorisent une productivité dans les zones où elles se nourrissent. Leurs matières fécales flottent à la surface et améliorent la croissance du zooplancton, pompe à carbone biologique.
Ces matières fécales sont aussi riches en fer et en azote. La présence des baleines favorise un brassage entre les différentes couches d’eau, offrant de meilleures conditions de vie à tout l’écosystème.
Lorsqu’elles meurent, leurs carcasses stockent des quantités phénoménales de CO2 pendant des siècles dans les eaux profondes, et leurs carcasses fournissent un habitat et de la nourriture à de nombreuses espèces qui ne vivent que de la décomposition de matières organiques.
L’industrie de la chasse à la baleine en déclin drastique
En Norvège, l’industrie de la chasse à la baleine fait face à un grand déclin. Les norvégiens se nourrissent de moins en moins de viande de baleine : 4% d’entre eux régulièrement et ⅔ qui n’en consomment pas du tout, tandis que les bateaux de pêche à la baleine continuent à diminuer en nombre.
Seuls 11 bateaux norvégiens continuent à chasser la baleine, contre 350 en 1950. En 2023, les bateaux n’ont péché que 50 % des quotas qui étaient prévus pour l’année. A l’inverse, en 2022, la Norvège avait tué 580 baleines, le plus grand score en six ans. La Norvège espère donc relancer cette activité en 2024.
Le ministre de la Pêche, Per Sandberg, a déclaré : « J’espère que les quotas et la fusion des zones de pêche constitueront un bon point de départ pour une bonne saison de chasse pour le secteur baleinier ».
La Norvège reste le premier pays baleinier au monde, devant le Japon ou l’Islande. Ces trois pays sont les derniers à pratiquer la chasse à la baleine.
Sources : « Little logic to Norway’s increased whaling quota », 08/02/2024, ORCA / Mehdi Benmakhlouf, « Les baleines pourraient nous sauver du réchauffement climatique », 11/06/2011, National Geographic / « La chasse à la baleine est en crise… la Norvège décide donc de relever les quotas de 30% », 06/03/18, Nouvel Obs