Nouvelle victoire cruciale pour les associations et citoyens engagés dans la lutte contre le projet de retenue d’eau collinaire du plateau de Beauregard censée approvisionner les canons à neige. Ce mardi, le Conseil d'État a rejeté les recours de la commune de La Clusaz (Haute-Savoie) et du ministère de la Transition écologique qui voulaient commencer les travaux.
Le déboisement n’aura toujours pas lieu sur le plateau de Beauregard. Un an après le jugement rendu par le tribunal administratif de Grenoble, saisi en référé par plusieurs associations de protection de l’environnement, le Conseil d’Etat confirme la suspension du démarrage des travaux de la retenue d’eau collinaire du plateau de Beauregard.
A la Clusaz, la bataille fait rage depuis trois ans contre ce projet de retenue d’eau. Au cœur des Aravis (Haute-Savoie), ce cratère de 148 000 m³ dans la montagne (l’équivalent de 60 piscines olympiques et d’une surface au sol de 5 terrains de foot) détruirait 8ha de bois abritant 58 espèces protégées et risquerait d’assécher la tourbière remarquable de Beauregard, classée Natura2000.
En septembre 2022, une ZAD s’était même perchée en haut des arbres qui risquaient d’être abattus pour les protéger, jusqu’à ce que la justice tranche en leur faveur.
La décision du Conseil d’État « ne constitue pas une décision de fond sur la validité du projet lui-même », a réagi mardi le maire Didier Thévenet. A l’heure actuelle, le projet est suspendu, le conseil municipal de La Clusaz ayant voté le 17 août dernier un moratoire, en attendant qu’un jugement définitif sur le fond soit rendu, ce qui pourrait prendre encore quelques années.
Les associations du territoire espèrent profiter de cette pause pour ouvrir un débat nécessaire autour de l’avenir des montagnes et de la protection de la ressource en eau, avec l’ensemble des acteurs du territoire.
En effet, alors que la montagne est l’un des écosystèmes frappés le plus durement par le changement climatique, la totalité des stations de ski européennes sont en péril. Pour protéger les glaciers ainsi que la faune et la flore endémique des montagnes, mais aussi les millions de personnes qui en dépendent, il est urgent de mettre en place des mesures fortes.
Certaines stations l’ont d’ailleurs bien compris, comme celle de Métabief dans le Jura qui a anticipé sa fermeture face au manque d’enneigement ou du département de la Drôme qui a décidé de mettre fin aux canons à neige pour préserver l’eau.
On peut ainsi saluer la sage décision du conseil municipal de La Clusaz de mettre en pause les travaux, face aux montagnards inquiets pour la ressource en eau, le temps que la justice se prononce sur le fond.
Une avancée démocratique faisant parfois cruellement défaut sur d’autres projets d’aménagement du territoire.