Ce vendredi 21 mars a lieu la Journée internationale des forêts. Établie depuis 2012 par les Nations Unies, elle sert à mettre en lumière les enjeux forestiers. L'avenir des forêts françaises est régulièrement questionné. Déjà sous contrainte du changement climatique, ces dernières se trouvent aussi à la croisée des chemins : entre industrialisation de la gestion forestière et meilleure prise en compte leurs fonctions écologiques et sociales.
La forêt française aujourd’hui
En France, la surface forestière a doublé depuis 1840. Du fait notamment de l’exode rural, de l’évolution des pratiques agricoles et de politiques de reboisements, elle couvre aujourd’hui 32 % de la métropole. Mais cette augmentation des surfaces masque certaines réalités : l’état global des forêts se dégrade.
Selon l’Institut national de l’information Géographique et forestière (ING), la croissance des arbres a ralenti de 4 % entre 2005 et 2022. Pire, la mortalité des arbres « a doublé en 10 ans » sur la période 2014-2022, par rapport à la période 2005-2013. Les forêts subissent en effet les conséquences du dérèglement climatique : « manque d’eau », « températures élevées » et « prolifération de bioagresseurs » : champignons, insectes et bactéries.
La transmission des maladies chez les arbres est également favorisée par la pratique de la monoculture. En effet, l’augmentation quantitative de la surface forestière cache le remplacement progressif de forêts diversifiées riches en biodiversité par des monocultures de résineux : ces dernières n’ont de « forêt » que le nom : ce sont en réalité des plantations d’arbres, aussi rectilignes et pauvres en biodiversité qu’un champ de maïs.
Cette dégradation de l’état global des forêts conduit notamment à une réduction de leur capacité de stockage du carbone.
Quelles évolutions pour la forêt françaises ?
Face à ces menaces, de nombreux organismes publics, associations et ONG tentent de prévoir l’évolution des forêts françaises.
Début mars 2025, le WWF France a publié une étude prospective intitulée « Enchantées ou désenchantées : quelles forêts françaises en 2100 ? ». Réalisé en collaboration avec Carbone 4 – le cabinet de conseil co-fondé par Jean-Marc Jancovici – et le Laboratoire des Déviations Écologiques (LDE), ce rapport présente 3 scénarios : « un scénario de continuité basé sur les politiques actuelles », « un scénario économique privilégiant la rentabilité des forêts à court terme », et « un scénario de planification misant sur une gestion concertée et durable ».
Leur conclusion : les trois scénarios projettent une baisse de la densité des forêts, un ralentissement de la croissance des arbres et, par conséquent, une diminution des volumes de bois récoltés. Néanmoins, « le dernier scénario permettrait d’enrayer la dégradation des forêts et de préserver leurs services écosystémiques » selon l’ONG.
Quelles politiques publiques ?
Dans son rapport, le WWF France formule des demandes de mise en place de politiques publiques pour pallier la dégradation des forêts : Elle appelle notamment au « développement de la sylviculture irrégulière » et à « planifier une limitation forte des coupes rases ». À noter que le WWF, entaché par divers scandales est lui-même partenaire de Sylvamo, une entreprise pratiquant des coupes rases de feuillus : comme celle de 16 hectares, réalisée en février dernier en Corrèze. En mettant en avant l’entreprise pour « ses pratiques respectueuses de l’environnement », l’ONG participe à son greenwashing.
Le modèle intensif et court-termiste basé sur la monoculture suivie par des coupes rases, est aujourd’hui favorisé par des soutiens publics à la filière, notamment dans le cadre du Plan France Relance. Suite à la promesse d’Emmanuel Macron de planter « 1 milliard d’arbres d’ici 2030 » afin de faire face aux conséquences du réchauffement climatique, des aides à la plantation d’arbres sont utilisée pour replanter des résineux après des coupes rases.
« Il ne s’agit donc pas d’adapter la forêt au changement climatique, mais aux besoins de l’industrie » affirme Canopée, la principale association de protection des forêts en France.
Cette dernière milite pour des changements de législation. Elle appelle notamment à mieux conditionner l’attribution des aides publiques, à encourager les travaux de sylviculture plus écologiques, ou à augmenter les effectifs d’agents des structures chargées de l’orientation de la gestion des forêts : l’Office national des forêts (ONF) et le Centre National de la Propriété Forestière (CNPF).