Près de 3 000 personnes ont participé au blocage en kayak de la rade du port de Newcastle pendant plus de 30 heures ce week-end. Organisé par « Rising Tide », c’est le plus grand acte de désobéissance civile contre l’inaction climatique dans l’histoire de l’Australie. Le pays est l’un des principaux exportateurs de charbon au monde et en dépend toujours pour ses besoins énergétiques.
Réunis dès le vendredi après-midi, les participants à ce blocage atypique ont aussi bien reçu des cours sur les stratégies de désobéissance civile que sur la façon de naviguer en kayak. Parmi eux : des citoyens de tout âge, des peuples autochtones, des élus politiques et même certains employés du secteur du charbon.
Grant Howard, un mineur de charbon venu de Mackay, dans le Queensland, pour participer à la manifestation, veut être un modèle pour les autres mineurs qui souhaitent s’engager en faveur du climat. « Je vois le besoin de changement et je veux en faire partie », a-t-il dit à The Guardian.
Le port de Newcastle, visé par le blocage, s’est engagé l’an dernier à être entièrement alimenté par des énergies renouvelables d’ici 2040. Il exporte en moyenne 165 millions de tonnes de charbon par an.
Le gouvernement d’Albany, la région d’Australie où il se trouve, s’est lui aussi déclaré en faveur des énergies renouvelables en promettant plus d’investissement dans le domaine. Mais depuis mai, le gouvernement a approuvé quatre nouvelles mines de charbon ou agrandissements.
« Nous devons traiter cela comme une crise. Nous devons traiter cela comme une urgence. Si nous manquons de fonds, il y a une industrie qui est à l’origine du problème, qui continue à en profiter, et nous pensons qu’il est de sa responsabilité de payer sa juste part » ont expliqué les organisateurs de l’événement, des membres de Rising Tide
Leur demande : que le gouvernement taxer les bénéfices d’exportation de combustibles fossiles à hauteur de 75 % et stoppe les projets d’ouverture ou d’agrandissement des mines. Le blocage a empêché huit bateaux de quitter le port de Newcastle, soit 500 000 tonnes de charbon transportées.
Les autorités avaient autorisé la manifestation pendant 30 heures. A l’issue du délai, plus d’une centaine d’activistes ont refusé de quitter leur position et ont été arrêtés dont le doyen de l’événement, le pasteur Alan Stuart, âgé de 97 ans.
Cette arrestation a fait de lui la personne la plus âgée à avoir été arrêtée en Australie. Il accompagnait sa petite-fille. Il a déclaré vouloir prévenir des catastrophes climatiques pour ses « petits-enfants et les générations futures ».
L’ONG Rising Tide n’en était pas à son coup d’essai. Le collectif a été très actif entre 2005 et 2012 pour bloquer des ports et des voies ferrées.
Il a recommencé récemment les actions coups de poing malgré les mesures anti-activistes récemment mises en place par la Région de la Nouvelle-Galles-du-Sud, en Australie. En avril, des douzaines de personnes avaient déjà été arrêtées après avoir grimpé dans un train transportant du charbon pour en sortir la cargaison à coups de pelles.
« Nous prenons le risque d’être arrêtés parce que les scientifiques avertissent que pour éviter un effondrement climatique catastrophique, nous devons éliminer de toute urgence les combustibles fossiles », a déclaré le groupe écologiste Rising Tide, qui a organisé le blocus.
Ces dernières années, l’Australie a été particulièrement frappée par les conséquences du dérèglement climatiques, avec des feux de forêts et des inondations de plus en plus extrêmes, ayant un impact tragique sur la faune et la flore du pays.
Parmi les activistes, certaines personnes ont vu leur maison brûler dans les incendies. Pour elles, il s’agit désormais d’éviter à d’autres familles de connaître le même sort.