Pari réussi pour les agriculteurs et agricultrices de la coopérative landaise Haria Blanca. Après trois ans de travail et la construction d’un moulin à meule de pierre, ils viennent de commercialiser leurs premiers sacs de farine 100% landaise, une filière qui avait disparue du territoire depuis des dizaines d’années.
Ce mercredi 4 septembre est à marquer d’une pierre blanche dans les Landes. La coopérative Haria Blanca, qui veut dire « farine blanche » en gascon, a produit ses premiers sacs de farine locale. Leur objectif d’origine : varier les cultures dans les champs pour soulager les sols, leur assurer un revenu décent et créer une farine de qualité pour les boulangers locaux. Pour cela, aucune utilisation de pesticides.
Cerise sur le gâteau : la création d’un poste de meunier, alors que la plupart d’entre eux ont cessé leur activité dans les années 60 à l’image de Maurice, vieux meunier de 92 ans qui les a formés au moulin à meule de pierre. La dernière fois qu’il avait fait tourner son moulin, c’était il y a plus de 30 ans.
« En achetant de la farine Faire du blé, ce n’est pas un simple sachet de farine. Ce sont des emplois et de la vie sur le territoire, non-délocalisables. Ce moulin bénéficie au tissu économique local par le maintien de nos fermes et la création d’emplois » explique la coopérative.
Le blé est stocké dans de grands silos, faits sur mesure, en bois de hêtre qui « agit comme un emballage isotherme. Il n’y a donc pas de changement de température, pas de condensation ». Ce bois aurait également des propriétés répulsives pour les insectes. Si quelques paysans-boulangers font leur propre farine, Haria Blanca vise à produire suffisamment pour nourrir les collectivités.
Le lancement n’a pas été de tout repos, alors que les agriculteurs ont essuyé la pire moisson de blé tendre que la France ait connu depuis 40 ans en raison du dérèglement climatique. En cause : l’excès de précipitations. Le Sud-Ouest a ainsi essuyé un excédent pluviométrique de près de 60 % par rapport aux normales 1991-2020 (119 mm) en septembre 2024. Pour cause, 1°C de plus dans l’atmosphère entraîne en moyenne 7% d’humidité en plus.
« On a produit 100 tonnes de blé, et on va faire jusqu’à 80 tonnes de farine. On ne déroge pas à la règle sur les aléas climatiques. Le métier d’agriculteur est de plus en plus difficile. Et là, on repart vers un cycle qui me fait peur car on n’a pas la chaleur saisonnière habituelle, et en plus il pleut » confie Eric Labaste pour La Relève et La Peste
Heureusement pour nos agriculteurs, l’engouement est là. La coopérative a lancé une carte interactive répertoriant les points de vente de leur farine locale sur le territoire, et a commencé à approvisionner magasins de producteurs. Certaines cuisines centrales de métropoles sont également intéressées pour se fournir en farine locale. Reste donc pour eux à identifier les volumes de production nécessaires pour nourrir le territoire landais.
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