En ce printemps 2021, le mouvement « Les soulèvements de la Terre » a décidé d’occuper les terres pour les protéger de la bétonisation. Ce grand mouvement de résistance débute par une manifestation à Besançon le 27 mars pour défendre « Les Jardins des Vaîtes », un lieu emblématique de la Ville qui héberge de nombreux potagers et vergers, mais aussi des espaces boisés et zones humides abritant des espèces protégées. Depuis quelques années, les jardiniers des Vaîtes résistent avec succès à la menace des bulldozers qui veulent tout raser pour constuire un écoquartier. Nous relayons aujourd’hui leur cri du cœur pour sauver ce bien commun.
Les Vaîtes et les Lentillères sont deux luttes sœurs. Des terres maraîchères, des jardins populaires, des espaces autogérés, dans les deux cas menacés par des projets de bétonisation qui avancent sous le signe d’un capitalisme peint en vert en s’appelant éco-cité, ou éco-quartier.
Les Vaîtes, 34 hectares de terres menacées à Besançon par un « éco-quartier », les Lentillères 9 hectares à Dijon qui font face au béton froid et gris de la première phase en cours de réalisation de l’écocité « des Maraîchers ».
Ce qui nous relie, c’est une même résistance. Une résistance à l’artificialisation des terres qui partout avance. Une résistance au phénomène de métropolisation qui touche ces deux villes et met en concurrence des territoires entre eux.
Les habitant·es subissent toujours et partout les mêmes formes d’urbanisme mondialisé qui lissent et homogénéisent les vies urbaines.
Contre ces logiques de concurrence, les Vaîtes et les Lentillères incarnent une solidarité et une entraide entre territoires en lutte contre une logique destructrice et conscients de la nécessité d’un changement sociétal profond.
Nous, collectifs, associations, paysan·nes, territoires en luttes, nous nous reconnaissons dans cette volonté de dépasser les clivages concurrentiels. Nous avons un autre modèle à proposer : celui de la coopération, de la défense du vivant, de la défense des terres et de l’agriculture paysanne, celui du droit à cultiver son jardin même sans titre de propriété.
Avoir accès à la terre en ville, c’est aussi donner les moyens aux plus précaires, qui n’ont pas le luxe de pouvoir s’échapper à la campagne quand bon leur semble, de cultiver et récolter des légumes.
Nous voyons cette lutte conjointe des Vaîtes et des Lentillères comme un pas vers un horizon désirable. Un horizon dans lequel se développe un rapport sensible au vivant qui dépasse les expertises scientifiques.
Un horizon où la ville n’est pas que densification et la campagne que désertification. Un horizon où les liens tissés entre jardinièr·es, habitant·es et non-humains ne sont pas du superflu « non essentiel ».
Ce sont des petits morceaux de monde à préserver face à l’avancée des pelleteuses.
Des pans de forêts entiers brunissent sous l’effet du réchauffement climatique. La biodiversité s’effondre. L’équivalent d’un département de terres agricoles ou naturelles disparaît tous les 7 ans sous le béton.
Les politiques qui favorisent l’épuisement et l’artificialisation des sols, l’accaparement des terres, le développement des industries polluantes et toxiques sont une fuite en avant suicidaire. Cela ne peut plus durer. Que ce soit en zone urbaine ou rurale, il nous faut stopper l’artificialisation.
« Nous ne nous résoudrons pas à contempler la fin du monde,impuissants, isolés et enfermés chez nous. Nous avons besoin d’air, d’eau, de terre et d’espaces libérés pour explorer de nouvelles relations entre humains comme avec le reste du vivant. » (extrait de Soulèvements de la Terre – Appel à reprendre les terres et bloquer les industries qui les dévorent)
Aux Vaîtes, comme aux Lentillères, et ailleurs, nos luttes apportent aussi la preuve que la mobilisation permet de gagner. Qui aurait parié sur l’abandon de l’écocité à Dijon ? Qui pensait que France Nature Environnement 25-90 et l’association Les Jardins des Vaîtes obtiendraient au Tribunal Administratif puis au Conseil d’Etat le blocage des travaux depuis un an et demi ?
Nous réaffirmons que le projet de bétonisation des Vaîtes est un projet écocide, inutile, et qu’il doit être totalement abandonné, pas revu à la baisse ou réaménagé. Nous n’avons plus le luxe de nous satisfaire d’une destruction moindre face aux défis environnementaux. Si les travaux devaient reprendre, nous serions mobilisé·es pour nous y opposer.
Le 27 mars, nous défilerons dans la ville et rejoindrons les Vaîtes pour fêter et réaffirmer l’engagement qui nous lie à cette terre. RDV à 11h00 le samedi 27 mars, place de la Révolution à Besançon
Aujourd’hui aux Vaites à Besançon, les 10 et 11 avril à Rennes au Prévalaye (cultures collectives vs zones de loisirs), les 22 et 23 mai au Perthuis en Haute Loire (paysans expropriés vs construction d’une déviation routière), les 19-20-21 juin à St Colomban en Loire Atlantique (défense du bocage menacé par les carrières de sable et le maraîchage industriel), nous nous retrouverons pour nous soulever ensemble et dessiner un avenir à la hauteur des défis écologiques et sociaux.
Collectifs signataires :
Association Les Jardins des Vaîtes, Quartier Libre des Lentillères, Confédération paysanne Bourgogne Franche-Comté, Confédération paysanne 25/90, Confédération paysanne 21, Confédération paysanne 39 , Extinction Rebellion Besançon, Extinction Rebellion Dijon, Solidaires 25, Solidaires 21, Solidaires 89, France Nature Environnement 25-90, MIRAMAP (mouvement Inter-Régional des AMAP), Réseau des AMAPs Bourgogne-Franche-Comté, GAB 25/90 (Groupement des Agriculteurs Biologiques), UNL du Doubs (Union Nationale Lycéenne), Coordination contre les center parcs NINA (ni ici ni ailleurs), Le Pic Noir (Poligny – 39), La zone du dehors (39), Les Jardins de l’Engrenage (Dijon), L’Espace Autogéré des Tanneries (Dijon), SVP Héricourt (Sauvegarde du Vivant du pays d’Héricourt), Collectif Franche-Comté sans OGM, Vigilance OGM 21 , RISOMES (Réseau d’Initiatives Solidaires Mutuelles et Ecologiques – 21), APPEL (Association pour la Protection du Patrimoine Environnemental Local – 68), ATTAC Besançon, Alternatiba/ANV COP21 Besançon, Les Amis de la Terre 21 , ARPENT (Association pour la Restauration et la Protection de l’Environnement du Tonnerrois – 89), Adret Morvan (protection de la forêt – 58), L’écolieu du Carrouège (58), Librairie associative l’Autodidacte (Besançon), Ledokiosque (Lons le Saunier – 39), CNT Jura, GAF Besançon (Groupe d’Actions Féministes), SolMiRé Solidarité Migrants Réfugiés (Besançon), Biocoop Vesonbio (Besançon), Association Village Tarragnoz (Besançon), Trivial Compost (Besançon), ÉCO-lié·e·s (Jeunes pour le climat Besançon)
Fermes signataires :
La Ferme du Mouton Noir (25), GFA citoyen Champs Libres (21), Caracoles Sagar (88), Pré Vélot (21), Le Jardin des Maraîchères (21), Les potes en ciel (25), Le jardin d’Hélène(70), La Ferme de l’Iserole (39), Les jardins de Vauvenise (70), Les jardins de Grusse (39), Le potager des culs fouettés (39), De ville en jardin (70), La Ferme des Prés (70), Jardin o reve de terre (39), Les Maraîchers de Montain (39), La Ferme de Champandré (39), Lods à la bouche (25), Au petit jardin (25), La ferme de la POMMERAIE (39), Ciboulette – Agriculture Biologique à Savagna (39), Le Jardin de Nath (25), Gaec de la Semilla (25), Au Jardin de Marchaux (25), La Ferme du Chat noir (39), Les Tilles légumes (21)