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À Saint-Nazaire, un projet immobilier de 8ha va remplacer une université et inquiète les riverains

Leurs sujets de crainte : la destruction d'arbres anciens, l'érosion des falaises du site, et l'impact sur la riche biodiversité du lieu.

Le projet, intitulé “Destination Gavy”, prévoit de transformer l'actuel site universitaire de Gavy en un lieu d'habitat et de loisirs. Un vaste programme d'aménagement auquel s'opposent certains habitants, réunis au sein du collectif Les Vigies de Gavy, qui refusent la construction d'un hôtel 3 étoiles et celle d'une tour de 14 étages.

À Saint-Nazaire, le site de Gavy occupe une place singulière. Situé sur un plateau arboré entre le bois de Porcé et le chemin de Trébézy, le lieu, qui offre une vue dégagée sur l’océan et un accès direct à la côte d’Amour, est plébiscité de longue date par les riverains en quête de nature.

Également fréquenté par plusieurs centaines d’étudiants qui y étudient chaque jour, le site devrait pourtant changer radicalement de visage, puisqu’à compter de 2025, un important projet de reconversion doit y être mis en oeuvre. Les étudiants, eux, iront à Heinlex.

Intitulé “Destination Gavy”, ce dernier fait suite à l’appel à projets “Ambition maritime et littorale” lancé par la collectivité afin de redynamiser plusieurs sites majeurs du territoire. Conçu par les promoteurs Icade et Groupe Duval, le projet lauréat, dévoilé par la Ville de Saint-Nazaire en mars, entend transformer l’actuel site universitaire de plus de huit hectares en un “parc maritime”, à la fois lieu d’habitat et de loisirs. Et pour ce faire, les travaux à engager sont d’une ampleur considérable.

D’un site universitaire à un lieu d’habitat et de loisirs

Le bâtiment principal de l’université, d’abord, doit être conservé et réhabilité pour laisser place à une offre sportive gérée par l’Union nationale des centres sportifs de plein air (UCPA), un centre de formation Weform aux métiers du sport, de la santé et du bien-être, un restaurant panoramique, ainsi qu’un belvédère.

“Destination Gavy” prévoit également la construction de bureaux pour la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Nantes Saint-Nazaire, ainsi que celle de 336 logements, répartis en seize immeubles dont une tour de quatorze étages, “L’Émergence”.

L’actuel Institut de formation en soins infirmier (IFSI) et d’aides-soignants (IFAS) doit, lui, être transformé et agrandi pour accueillir un hôtel 3 étoiles du groupe hôtelier Melt Hôtel, composé, entre autres, de près d’une centaine de chambres, d’un restaurant et d’un spa.

La Ville de Saint-Nazaire, dont 7 % des logements sont des résidences secondaires (soit un total de 2 781 résidences secondaires) a déjà fait le choix d’imposer une surtaxe de 60% sur les logements des privilégiés. Malheureusement, si cette taxe fournit bien les caisses de la commune (avec 700 000 € de recettes pour la Ville), elle ne modifie pas le déséquilibre entre l’offre et la demande, les résidents secondaires préférant payer la taxe plutôt que de vendre.

 

Un projet “démesuré” aux “chiffres records”

Un projet d’ampleur, certes, mais qui n’en reste pas moins vertueux, avancent les porteurs du projet. Avec la plantation de 600 arbres, le projet vise ainsi l’obtention du label Biodivercity, qui promeut la biodiversité dans le secteur immobilier. Sur près de 35 800m2 de patrimoine immobilier, environ 13 300 m2 doivent par ailleurs faire l’objet d’une réhabilitation : une façon de minimiser l’empreinte carbone de l’opération, assurent-ils.

Icade, l’un des promoteurs du projet, rappelle enfin que le projet s’inscrira notamment dans la Charte de la qualité et de la transition écologique de Saint-Nazaire  “pour faire de Gavy un quartier démonstrateur à l’échelle du territoire”.

Des arguments loin de convaincre certains riverains du site, réunis depuis juin au sein du collectif Les Vigies de Gavy.

Nous sommes une vingtaine d’utilisateurs quotidiens du lieu, entame Delphine Séquineau Girard, l’une des membres du collectif. On se croisait régulièrement et on a commencé à parler du projet de reconversion du site. C’est vite devenu un sujet fédérateur.”

À l’image des autres membres du collectif, la Nazairienne d’adoption, “bien que favorable à la réhabilitation du site”, ne cache pas son inquiétude vis-à-vis d’un projet “démesuré” qui “accumule des chiffres record sans avoir une idée claire de son impact sur l’environnement immédiat du site.”

Les citoyens engagés dans le collectif Vigie de Gavy

L’écosystème du site en danger

Premier sujet d’inquiétude du collectif, la destruction d’une partie du patrimoine boisé du site : “Ils disent qu’ils vont planter 600 arbres, mais ça ne va pas compenser les pertes causées par les travaux de construction, souligne Delphine Séquineau Girard. Les nouveaux arbres n’auront pas les mêmes capacités d’absorption que ceux actuellement présents sur le site.”

Autre sujet de crainte : la construction des immeubles qui, selon le collectif, va accélérer l’érosion des falaises du site autant que nuire à la tranquillité des espèces.

Le site de Gavy est un lieu très riche, détaille Delphine Séquineau Girard. Il y a des chouettes, des pics épeiche, des pics verts, des hérissons, des crapauds, des salamandres, des écureuils, liste-t-elle, et avec leur projet, on craint que cet écosystème ne disparaisse.”

Sans compter que, pour les pourfendeurs du projet, la construction d’un hôtel 3 étoiles comme celle d’une tour de 14 étages “paraît complètement anachronique, dans un contexte où beaucoup de villes réduisent la hauteur de leurs immeubles. Cette ambiance Dubaï, c’est complètement hors propos.”

Des inquiétudes d’ailleurs partagées par l’association environnementale Natur-Action.

Vers une convergence des luttes

Alors que le lancement des travaux est prévu pour 2025, avec une livraison définitive annoncée pour 2030, Les Vigies de Gavy demande à ce qu’une consultation citoyenne soit mise en oeuvre.

Ce qu’on veut, ce n’est pas une présentation du projet, mais un véritable dialogue”, insiste le collectif, qui explique être entré en relation avec le service Urbanisme de la Ville. “Ils parlent d’un projet vertueux, mais s’il l’était vraiment, pourquoi n’ont-ils pas prévu d’installer des panneaux solaires, de récupérer les eaux pluviales, de végétaliser les toits ? continue Delphine Séquineau Girard. Là, on a surtout l’impression d’être dans du greenwashing !”

Surtout, la militante souhaiterait mieux faire connaître le site de Gavy aux Nazairiens “pour que quand les travaux démarrent, on soit beaucoup plus nombreux à réagir et se mobiliser.

Cette dernière appelle également de ses voeux une convergence des luttes entre les différentes associations et collectifs de la ville, pensant notamment à l’association Avenir Plaine des Sports et des riverains, qui s’est opposé au méga-programme immobilier Harmony of the Sky situé près du parc paysager, ou encore à l’association “Les Amis du P’tit Maroc”, opposée au projet immobilier controversé sur l’îlot du Petit Maroc.

Cecile Massin

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