Elles sont simples et chiffrées, ne pénalisent personne et peuvent être mises en place dès maintenant : ce mardi 27 septembre, l’association négaWatt, qui promeut la sobriété énergétique, dévoile ses 50 propositions pour économiser au moins 10 % de notre consommation de gaz, d’électricité et de pétrole d’ici 2024.
Se voulant « force de proposition dans le débat », cette publication intervient une semaine avant la présentation, par le gouvernement, d’un « grand plan de sobriété » censé permettre au pays de passer l’hiver sans pénuries ni coupures.
Excluant l’industrie et l’agriculture, dont « les leviers de sobriété sont néanmoins multiples », négaWatt s’est concentrée, dans son étude, sur les secteurs du bâtiment, du tertiaire et des transports, qui représentent respectivement 30 %, 16 % et 29 % de nos usages énergiques.
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Selon l’association, ce serait en tout 13 % de la consommation française cumulée de gaz, d’électricité et de pétrole qui pourrait être économisée, avec une nette prévalence pour le gaz (– 20 %) et l’électricité (– 17 %), « soit, pour cette dernière, est-il précisé, l’ équivalent de la production de 12 réacteurs nucléaires ».
Les particuliers ont un rôle à jouer…
Dans le secteur résidentiel, l’économie la plus simple et la plus efficace consisterait à ne pas chauffer son logement au-dessus de 19 °C – la moyenne nationale s’élevant à 21 °C. À elle seule, cette mesure permettrait d’économiser 23 500 GWh, soit « 8 à 16 % des consommations de chauffage » en France, note l’association.
NégaWatt recommande avant tout d’éviter les mille et un gaspillages dont nous sommes coupables presque sans le savoir. Les veilles des appareils électriques, par exemple, « représentent 15 % de la consommation d’électricité moyenne d’un logement », indiquent les auteurs de l’étude. Leur extinction systématique (11 400 GWh) profiterait donc directement aux particuliers, tout comme celle des box internet et télé en dehors des heures d’utilisation (3 100 GWh).
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Porter des vêtements chauds en hiver, abaisser la température de 2 °C la nuit ou en cas d’absence, renforcer l’étanchéité à l’air des logements, mieux utiliser ses appareils de cuisson et de lavage sont d’autres préconisations de négaWatt, qui rappelle que ces mesures ne sauraient se déployer dans les foyers sans une politique d’information et d’accompagnement de la part de l’État.
… mais aussi les entreprises et les collectivités
Au sein du vaste secteur tertiaire, la consommation d’énergie pourrait être réduite de 30 % sans aucun effort : « 39 % pour le gaz, 36 % pour le fioul, 23 % pour l’électricité », estime l’association, selon laquelle « les gains effectifs dépendront de la capacité d’entraînement et d’adhésion de la population ».
Chauffage, ventilation, éclairage, climatisation : si les entreprises et les collectivités respectaient la consigne des 19 °C maximums, 22 000 GWh pourraient par exemple être économisés chaque année. De même, l’arrêt de la ventilation en période d’inoccupation, dans l’ensemble des bâtiments tertiaires, réduirait de 18 000 GWh leur consommation.
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Une foule d’autres petites mesures de contrôle et de maîtrise de l’énergie, qui relèvent du bon sens – modération de la clim, dispositifs « hydro-économes », extinctions nocturnes, rénovation, etc. – auraient de grandes conséquences si elles étaient cumulées. Mais pour ce faire, prévient négaWatt, le gouvernement devra employer tous les leviers dont il dispose, en « inscrivant la sobriété dans l’espace et le débat publics ».
Et les transports ?
Dans ce secteur hautement énergivore, où « le gisement est colossal », l’association ne propose que trois mesures : réduction de la vitesse maximale autorisée sur autoroute (110 km/h) et voie rapide (100 km/h) ; ouverture de lignes de covoiturage ; réaffectation des salariés sur des sites plus proches de leur domicile.
Elle fait cependant remarquer que leur seule mise en œuvre entraînerait « un gain de 3,5 % sur les consommations d’énergie » des transports, soit 16 000 GWh.
Basées sur des retours d’expérience, toutes ces économies potentielles ne sont pas des plafonds.
« L’objectif -10 % à deux ans […], pleinement atteignable, pourrait [même] être revu à la hausse, conclut négaWatt. La France peut entièrement prendre sa part dans l’objectif européen de réduire de 15 % la consommation de gaz, en allant même au-delà. L’atteinte de ces objectifs dépendra des conditions de leur mise en œuvre : communication, mobilisation, formation et accompagnement. »