Pour la septième année, le site écolo helvète En Vert et Contre Tout lance le coup d’envoi de l’opération collective « Février sans supermarché » en Suisse, en Belgique, en Suède, en Tunisie, en Italie, en Espagne, au Luxembourg, au Québec et en France ! Cette année, le défi se donne une mission particulière : soutenir fermes, marchés et petits commerces indépendants dont l’activité est rudement touchée par la hausse des prix de l’énergie.
Solidarité avec les commerçants
Comme en 2021 et 2022, le défi « Février sans Supermarché » résonne douloureusement avec l’actualité, les dysfonctionnements du système agro-industriel mais aussi une paupérisation alarmante de la population, dont de nombreux individus sont désormais obligés de recourir à l’aide alimentaire.
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A tel point que les organisatrices du défi ont de nouveau hésité à le reconduire, pour finalement le relancer après de nombreuses demandes en ce sens. Car ce défi n’est pas un simple engagement individuel à « consommer mieux », mais bien l’opportunité pour des personnes de se regrouper, s’entraider, et créer ensemble un système alimentaire qui convienne à leurs valeurs.
« Alors c’est vrai, en raison du contexte, beaucoup de personnes ne s’y aventureront pas. Nous les entendons et les comprenons. Les contraintes sont particulièrement nombreuses et entre les mesures sanitaires, le budget restreint et surtout la charge mentale alourdie par ces derniers mois, notre opération peut sembler inappropriée. Toutefois, nous restons persuadées que « Février sans supermarché » fait encore plus sens dans ces moments difficiles. Les commerces indépendants, restaurants et petites fermes ont besoin de notre soutien, plus que jamais. » expliquent Cloé Dutoit et Leïla Rölli, gérantes du site En Vert et Contre Tout à l’origine du défi
Car les particuliers ne sont pas les seuls à subir les frais d’une paupérisation alarmante, les petits commerces ont été rudement touchés, à tel point que certains d’entre eux se retrouvent obligés de fermer. Un appel au secours a ainsi été lancé par les commerçants d’épicerie vrac, qui ont vu leur clientèle disparaître au fur et à mesure des confinements répétitifs, tandis que de nombreux boulangers ont été obligés de mettre la clé sous la porte en raison de la hausse des prix de l’énergie.
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Malgré ces difficultés économiques et face aux ravages du modèle agro-industriel, la société civile est de plus en plus convaincue de l’importance de changer de modèle agricole et alimentaire, ainsi que le montrent les centaines de nouvelles adhésions aux différents groupes FB du défi depuis son lancement.
« L’intérêt est présent, l’enthousiasme aussi ! Ensemble, nous pouvons agir localement et amorcer un cercle vertueux qui bénéficiera à la collectivité en créant du lien social, en soutenant l’emploi et l’économie locale. Le but du défi reste inchangé : encourager les commerces indépendants, redécouvrir les épiceries de quartier, soutenir les petits producteurs, favoriser la vente en vrac et le commerce local, repeupler les marchés ou encore réapprendre à n’acheter que l’essentiel… » précisent Cloé Dutoit et Leïla Rölli, gérantes du site « En Vert et Contre Tout » à l’origine du défi
Moins, mais mieux
L’idée du défi est d’essayer de nouvelles habitudes de consommation en février et de les adopter durablement toute l’année.
« Le but du défi ? Encourager les commerces indépendants, redécouvrir les épiceries de quartier, soutenir les petits producteurs, favoriser la vente en vrac et le commerce local, repeupler les marchés ou encore réapprendre à n’acheter que l’essentiel. Mais c’est également l’opportunité de faire savoir aux grandes surfaces que nous ne sommes pas d’accord avec le sur-emballage, le kilomètre alimentaire qui explose les scores ou les politiques de prix qui écrasent les petits producteurs. » Leïla Rölli, fondatrice d’En Vert et Contre Tout
Dans son enquête « Les Coulisses de la grande distribution », Christian Jacquiau révèle que pour un emploi créé dans la grande distribution, ce sont trois à cinq qui disparaissent dans le tissu local : agriculteurs, commerçants, etc. A l’inverse, quelques clients en plus sont une véritable bouffée d’oxygène pour les petits commerces indépendants.
Pour faciliter la démarche, différents groupes régionaux Facebook ont été créés. Ces plateformes d’échange permettent à chacun de solliciter l’aide des autres membres, de partager conseils, recettes et bonnes adresses de sa région afin d’encourager les producteurs locaux, les commerces indépendants et susciter une réflexion sur notre mode de consommation.
Les productrices et producteurs, épiceries et autres artisan-e-s sont également de plus en plus présent-e-s sur les groupes. Cela permet à chaque participant de pouvoir demander à ce que que « LE » produit qui leur manque soit répertorié dans leur commerce. Avec succès !
« Concernant l’implication économique d’un tel défi, de nombreux participants aux premiers défis assurent avoir dépensé moins et mieux. En effet, en remplaçant le jetable par du durable (une gourde à la place de nombreuses bouteilles en PET par exemple) en ne cédant pas au marketing de la grande distribution, mais également en brisant le cliché que seuls les supermarchés pratiquent des prix abordables, on se rend compte qu’écologie rime souvent avec économie. » rassurent les organisatrices
Les retours d’expérience économiques de Mathilde Golla sont ainsi visibles dans cet article de « le journal minimal ». Le défi « Février sans supermarché » se veut avant tout être un défi solidaire, ne reçoit aucun financement et son équipe est 100% bénévole.
Le défi est d’ailleurs toujours à la recherche de bénévoles motivé-e-s pour les aider à gérer les groupes et étendre les zones géographiques concernées. Petit à petit, les différents groupes recensent de véritables cartographies des initiatives locales pour se passer de supermarchés.
Finalement, le défi février sans supermarché est l’occasion de découvrir les producteurs de son territoire, tout en créant du lien. Comme chaque année, il est essentiel de soutenir les commerces indépendants et locaux, et encourager des pratiques agroécologiques au service d’un circuit court.
Pour aller plus loin : La liste des groupes régionaux est disponible sur ce lien
crédit photo couv : épicerie à Lyon – Jorge Franganillo