C’est une première en France. Le Conseil d’État valide la fin de C8 et NRJ12 en donnant raison à la décision de l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom). Mi-décembre, le gendarme des médias avait refusé d’accorder de nouvelles autorisations de diffusion aux chaînes C8 et NRJ12, qui stopperont définitivement ce 28 février.
Jeudi 19 février, le Conseil d’État a rejeté les recours formés par les groupes Canal+ et NRJ contre les décisions de l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) en date du 12 décembre.
Les quinze juges de la division du contentieux ont tranché : « Le Conseil d’État juge que l’Arcom n’a pas commis d’illégalité dans son analyse qui l’a amenée à écarter C8 et NRJ12, aussi bien dans l’appréciation qu’elle a portée sur chacun des dossiers que dans la comparaison de leurs mérites ».
En cause : les nombreuses sanctions infligées à C8 par l’Arcom, 7,6 millions d’euros d’amendes en raison des dérapages racistes et incitatifs à la haine de Cyril Hanouna, mais aussi un « déficit [financier] chronique » de C8. Du côté de NRJ12, c’est l’omniprésence de téléachat (« plus de mille heures par an »), la faible quantité de programmes inédits, et le déclin de ses parts d’audience qui a joué.
Les deux chaînes vont tenter un recours au niveau européen, mais il a peu de chances d’aboutir. Le 6 février, la Cour européenne des droits de l’homme avait donné raison à la France face à Cnews. La chaîne de Bolloré défendait l’ancien journaliste du Figaro Ivan Rioufol. Ce dernier avait nié dans l’émission « L’Heure des pros » que le regroupement des juifs dans le ghetto de Varsovie était une première étape pour leur extermination.
Cyril Hanouna, l’animateur de l’émission polémique « Touche pas à mon Poste », crie à la censure et à l’atteinte de la liberté d’expression. Mais ses indignations audiovisuelles pèsent bien peu face au droit français et au respect des droits humains.
Cyril Hanouna n’a cependant pas encore dit son dernier mot. Il est en discussion avec le groupe M6 pour de possibles émissions sur la chaîne W9 et la station Fun Radio, au grand désarroi de certains journalistes phares des chaînes, à l’image de Karine Le Marchand. Mais le scénario le plus probable est que l’émission « Touche Pas à Mon Poste » bascule sur la chaîne Cstar, en panne d’audience.
Enfin, l’Arcom doit étudier la possibilité d’un nouvel appel à candidatures pour quatre fréquences qui seront vacantes à partir de juin. Si cela pourrait en théorie permettre à C8 et NRJ12 de postuler à nouveau, il y a peu de chances que les chaînes reviennent sur les ondes.