Énorme pas en avant pour la protection des écosystèmes marins en Méditerranée. La Grèce a créé la surprise en annonçant l’interdiction du chalutage de fond dans ses parcs nationaux d’ici deux ans, et dans toutes ses aires marines protégées d’ici 2030. Au total, 30% des eaux grecques seront ainsi protégées.
A l’occasion de la conférence « Our Ocean », qui se tient actuellement à Athènes, le gouvernement grec a devancé ses homologues avec une mesure ambitieuse pour l’Océan. Il devient le premier État de l’Union Européenne à interdire la pêche au chalut (l’une des méthodes de pêche les plus destructrices) pour protéger ses « écosystèmes maritimes variés et uniques ».
Le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, a déclaré : « Nous avons créé deux parcs nationaux marins supplémentaires, un dans la mer Ionienne et un dans la mer Égée, augmentant ainsi la taille de nos zones marines protégées de 80 % et couvrant un tiers de nos eaux territoriales marines. »
La mesure s’appliquera d’abord dans les parcs nationaux d’ici deux ans, puis dans toutes les aires marines protégées grecques d’ici 2030. Pour y parvenir, la Grèce va investir plus de 700 millions d’euros, notamment dans des systèmes de surveillance incluant des drones.
Le parc national marin ionien couvrira près de 12 % des eaux territoriales grecques, protégeant les mammifères marins comme les cachalots, les dauphins rayés et le phoque moine méditerranéen, ainsi que l’AMP de la mer Égée méridionale, qui couvre 6,61 % des eaux territoriales grecques. Le phoque moine méditerranéen a frôlé l’extinction il y a 20 ans. Avec une population actuelle estimée à seulement 800 individus, l’annonce de la Grèce est donc cruciale pour ce superprédateur clé de voûte des écosystèmes marins.
« C’est la meilleure nouvelle que j’ai entendue depuis des années pour l’océan ! s’est réjouie la directrice de Bloom Claire Nouvian. La régénération des écosystèmes est l’un des leviers les plus efficaces pour lutter contre le changement climatique. C’est un jour de joie pour les animaux mais aussi pour notre trajectoire climatique puisque les habitats marins stockent le carbone de façon massive, efficace et pérenne. »
La Grèce vient de démontrer aux autres Etats membres de l’UE que la protection de l’Océan est possible avec une politique volontariste, alors qu’il était attendu de grandes annonces de la part de l’Espagne et la France. Le gouvernement français a maintenant les yeux braqués sur lui alors que le pays doit accueillir en juin 2025 la 3ème conférence des Nations Unies sur l’océan.
1er espace maritime européen et 2ème au niveau mondial, la France protège en réalité moins de 0,1% de ses eaux métropolitaines puisque la pêche est autorisée dans les aires marines dites protégées. Pire, alors qu’Emmanuel Macron a déclaré 2024 comme « Année de la Mer », le gouvernement français essaie de saboter les mesures de protection mises en place par les britanniques pour bannir le chalutage du fond de ses aires marines protégées.
Dénonçant l’hypocrisie du gouvernement français dans le domaine, une coalition citoyenne s’est formée pour obtenir enfin l’interdiction du chalutage des aires protégées françaises.