Après 3 ans de lutte, la victoire est totale pour toutes les associations et citoyens mobilisés. Au lieu d’être détruits par un technopole, les 20 ha de la forêt de Juzan et les terres agricoles de Paul-Guy et Mauricette, derniers maraîchers d’Anglet, vont être sanctuarisés.
C’est officiel, le conseil communautaire de la Communauté d’agglomération Pays basque (CAPB) abandonne le projet de zone d’aménagement concerté (ZAC) Arkinova. Ce projet d’extension de la technopole d’Arkinova aurait artificialisé une forêt ainsi que des terres maraîchères en pleine santé.
Face à la menace, habitants et associations s’étaient réunis sous le collectif du Balcon vert d’Anglet. Lors d’une grande mobilisation en avril 2024, le maire Claude Olive, initialement défenseur du projet, avait promis de sanctuariser 17 ha pour sauver le dernier poumon vert de la ville de la bétonisation. Voilà qui est chose faite.
« On est très contents, c’est évidemment la mobilisation citoyenne qui a réussi à faire changer le maire d’avis », précise Mahaut Francini, membre du collectif Juzan Vivant, auprès de La Relève et La Peste

Mobilisation du samedi 20 avril 2024 pour la Forêt de Juzan – Crédit : Myriam Boyé
Une information que nous a confirmé l’équipe municipale d’Anglet. « La suppression du projet d’extension a été actée en conseil communautaire. La municipalité souhaite sanctuariser cette zone en secteur naturel protégé et les terrains de la famille Dulau seront bien convertis en terrain agricole dans le PLUI ».
Le collectif sera donc très vigilant à la publication du nouveau PLUi, en fin d’année, pour voir la conversion des 6 ha de la famille Dulau en terre agricole et la sanctuarisation des 22 ha de la forêt sauvage de Juzan.
« Je connais cette forêt depuis que j’ai 4 ans. Elle commence devant la maison d’enfance de ma famille dans laquelle je vis toujours actuellement », explique Arnaud Gréciet auprès de La Relève et La Peste.
« Cette lutte a été une source d’apprentissages énorme pour comprendre son fonctionnement grâce à l’expertise de nombreuses personnes comme Reva l’écureuil. Elle sert de bouclier sonore contre l’aéroport juste derrière, joue le rôle d’éponge pour limiter les inondations pendant les gros orages qui sont courants au pays basque, et est un ilot de fraîcheur pendant la canicule »
Les pièges photographiques d’Arnaud lui ont également révélé la diversité du peuple de la forêt : sangliers, renards, fouines, chevreuils, hérissons, couleuvres, batraciens, chauve-souris, oiseaux, milan noir, cigognes, etc.

Un blaireau dans le même terrier qu’un renard – Crédit : Arnaud Gréciet
Encore mieux, les citoyens ont réussi à infléchir les politiques avant que le moindre chantier ne débute, laissant les 22 ha de la forêt intacts, avec ses 3 ruisseaux et ses nombreux arbres. « On espère qu’on servira de modèles à d’autres luttes : de simples riverains peuvent accomplir de belles choses », souhaite Arnaud.
Les plus vieux maraîchers de la côte basque, les emblématiques Paul-Guy et Mauricette que nous vous présentions en 2023, voient leur dévouement à leur terre enfin récompensé. Leur histoire avait touché le cœur de nombreux habitants, dont certains découvraient alors la forêt préservée de Juzan.

Paul-Guy et Mauricette – Crédit : Louis Fabriès
« Cette mobilisation fondatrice m’a permis de mieux connaître mon territoire et les dessous du fonctionnement des collectivités, de l’urbanisme et de l’aménagement des territoires », explique Lalie Ory à La Relève et La Peste. « Cela me donne beaucoup d’espoir car quand on vit une mobilisation comme ça, on sait que tout est possible »
« Je suis hyper fière de ce travail tous ensemble, c’est fou comme il suffit d’un petit nombre de gens pour obtenir de belles victoires », sourit-elle. « Si chaque citoyen donnait un peu de son énergie sur un des sujets de société qui le nécessitent, on pourrait tellement faire avancer les choses sur les territoires. »
Un constat partagé par Arnaud Gréciet, pour qui « n’importe quelle compétence peut aider » pour protéger les communs. Il souligne également le rôle des médias, dont La Relève et La Peste, « qui ont donné de l’écho à nos inquiétudes sans nous traiter d’écoterroristes ».
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