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Un tribunal reconnaît des droits à la rivière Machangara pour la dépolluer en Équateur

« C'est une opportunité de transcender, de passer de l'espoir d'avoir un fleuve décontaminé et de retrouver sa mémoire historique, vers des actions concrètes qui établissent un horizon à long terme, au-delà des autorités en place »

Victoire majeure pour les droits de la nature en Équateur : un tribunal a déclaré la rivière Machangara comme sujet de droits. Alors qu’elle est gravement polluée, il a ordonné à la municipalité de mettre en place un plan pour la décontaminer, impliquant la population locale.

Une rivière gravement polluée

Le 5 juillet 2024, la Cour de justice de Quito, la capitale de l’Équateur, a rendu un arrêt reconnaissant la violation des droits constitutionnels de la rivière Machangara, longue de 22km de long et alimentée par 54 ruisseaux et criques. A l’origine de la plainte : une quarantaine d’organisations et d’acteurs locaux, dont le peuple autochtone Kitu Kara.

Ces derniers ont présenté des rapports démontrant la gravité de la pollution de la rivière, dont l’eau est désormais semblable à celle des égouts. Pour cause, la rivière Machángara, dont le cours traverse Quito, la capitale de l’Équateur, reçoit environ 98% des eaux usées industrielles et domestiques non traitées de la ville.

Dans certaines sections, les niveaux d’oxygène dans l’eau atteignent seulement 2% (bien en-dessous de 80%, le minimum nécessaire à la vie animale et végétale). Cela affecte le fleuve, les populations humaines, animales et végétales qui vivent sur ses rives et les 2,6 millions de Quiteños qui en dépendent. A tel point que quasiment tous les groupes d’insectes aquatiques ont disparu.

« Les données sur la présence de virus sont choquantes. Nous avons détecté 26 virus différents qui affectent autant les humains que les animaux et les plantes », a déclaré à SciDev.Net Blanca Ríos-Touma, du Groupe de recherche sur la biodiversité, l’environnement et la santé, de la Faculté d’ingénierie et des sciences de l’Université des Amériques (UDLA)

Les chercheurs de l’Université des Amériques (UDLA) ont également découvert une forte présence de tensioactifs et d’autres indicateurs de pollutions.

Des droits pour la rivière

C’est pourquoi le tribunal a reconnu la responsabilité de la municipalité de Quito dans les violations des droits de la nature. Il a ordonné qu’un plan global de décontamination soit lancé pour réduire les rejets de polluants, restaurer les berges et la végétation des zones dégradées, avec la participation des citoyens.

« La beauté de cette décision, c’est la pérennité de ce processus dans le temps. Le jugement permet que, peu importe qui occupe le poste de maire, la décontamination de la rivière doive être incluse dans chaque plan de gestion municipal afin d’éviter que les projets ne stagnent » a expliqué Titi Reyes, expert en politiques publiques municipales

Cette décision de justice s’appuie sur la Constitution équatorienne, qui reconnaît les droits de la nature ou du Pacha Mama depuis la réforme de 2008. L’article 71 de la Constitution de l’Équateur stipule ainsi que la nature « a droit au plein respect de son existence et du maintien et de la régénération de ses cycles de vie, de sa structure, de ses fonctions et de ses processus d’évolution », et que chacun peut exiger des autorités le respect des ses droits.

« C’est une opportunité de transcender, de passer de l’espoir d’avoir un fleuve décontaminé et de retrouver sa mémoire historique, vers des actions concrètes qui établissent un horizon à long terme, au-delà des autorités en place » a réagi Darío Iza, représentant du peuple Kitu Kara, à l’annonce de la décision

Si la municipalité de Quito a décidé de faire appel, la décision de justice est censée être respectée immédiatement. L’Alliance Globale pour les Droits de la Nature a déclaré qu’elle veillerait à ce que « cette décision soit appliquée pour que cette rivière redevienne propre et sente la menthe, comme elle le faisait autrefois ».

En Équateur, deux rivières avaient déjà acquis le statut de sujet de droit suite aux demandes de la société civile : la rivière Vilcabamba, dans la province de Loja, en 2011, et la rivière Alambí, à Pichincha. En juin 2023, un jugement a stoppé un projet hydroélectrique la menaçant, parce que la consultation publique n’avait pas eu lieu et que son impact environnemental était inconnu.

Au Mexique, quatre villes reconnaissent les droits de la nature : Oaxaca, Colima, Guerrero et Mexico. Dans le monde, 44 rivières bénéficient de droits, dont la rivière Marañón, au Pérou ; toutes les rivières du Bangladesh, la rivière Wanganui en Nouvelle-Zélande, entre autres.

Cette nouvelle décision de justice est porteuse d’espoir pour des luttes similaires dans le monde entier. En Guyane, des associations se battent ainsi pour faire respecter le droit à la santé du fleuve Maroni et des peuples affectés par l’orpaillage illégal et la pollution au mercure. 

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