Le Réseau Haies France estime que l’État « pourrait ouvrir la porte à une massification des destructions de haies ». L’organisation appelle à participer à la consultation citoyenne préalable à la publication du décret d’application qui se tient jusqu’au 16 décembre.
« 20 à 40% des haies pourraient être rayées de la carte »
Habitats pour les espèces pollinisatrices, les oiseaux et autres insectes ; protectrices de la fertilité des sols ; combattantes de l’érosion et stockeuses de carbone ; les haies font partie de nos alliés face au changement climatique. Le Réseau Haies France tire aujourd’hui la sonnette d’alarme.
La loi d’orientation agricole a programmé la création d’un guichet unique chargé de faire appliquer l’ensemble des réglementations qui protègent les haies. Entre des analyses de terrain semi-automatiques, une définition des haies incomplète et des compensations négligeables, cela met en danger les haies.
La cartographie, sur laquelle se base le guichet unique pour accorder le droit de détruire une haie, est générée de manière semi-automatique à partir de photos aériennes. Selon le Réseau Haies France, la méthode repère difficilement la végétation en-dessous de 2 à 3 mètres de hauteur, excluant les haies basses, les haies en régénération ou en repousse, ainsi que les jeunes arbres.
En tout, « 20 à 40% des haies pourraient être rayées de la carte et ne plus bénéficier d’aucune protection réglementaire », alerte le Réseau Haies France.
Des compensations négligeables
Pour évaluer les demandes de destruction, l’État s’appuie sur une définition partielle, ne comprenant pas les trouées. Ces espaces entre deux arbres, constitués de ronces, jeunes arbustes ou herbacées, participent au linéaire des haies. Ce sont des abris pour les insectes et les oiseaux. Leur non-prise en compte diminuerait les compensations en cas de destruction.
Le Réseau Haies France insiste également sur l’absence d’expertise et d’outil technique, qui permettrait aux agriculteurs ou autres demandeurs de comprendre les conséquences d’une destruction, et de cultiver une compensation pertinente.
La compensation prévoit une nouvelle plantation d’un coefficient d’au moins 1 pour 1 : un arbre détruit, un arbre planté. Cette dernière n’est d’ailleurs « jamais optimale », une jeune haie mettant des « dizaines d’années » à fournir les mêmes « services écosystémiques ».
D’autant plus que les destructions peuvent être compensées par des plantations sur des trouées participant déjà au linéaire d’autres haies.
Pour éviter ce cercle vicieux, le Réseau Haies France demande « une vraie compensation de l’ensemble des espaces dédiés à la haie » et « une application plus pertinente de la réglementation sur les espèces protégées ».
Les flous sur la protection des espèces protégées viennent achever les potentielles conséquences dévastatrices du décret d’application.
Tous les citoyens français sont invités à se prononcer sur ce décret jusqu’au 16 décembre.
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